SNCM : les réactions à la décision européenne

Le remboursement de 220 millions d'euros réclamé par l'Europe à la société maritime fait suite à une plainte déposée par le principal concurrent de la SNCM, la Corsica Ferries.

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Cette dernière a réagi à l'annonce hier de la commission européenne.
"Nous attendions bien sûr cette décision car cela fait de nombreuses années que nous contestons cette notion de +service complémentaire+ (...) qui visait uniquement à favoriser une compagnie en difficulté financière", a commenté le directeur général de Corsica Ferries, Pierre Mattei.
"Les voies d'appels et de recours en droit pour contester cette décision de l'Europe existent. Nous allons les saisir avec la plus grande fermeté et la plus grande
détermination", a rétorqué la SNCM. Le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, a souligné que ces recours étaient
suspensifs et qualifié la décision de Bruxelles d'"incident de parcours".
Les autorités françaises doivent indiquer d'ici deux mois à la Commission comment elles comptent récupérer ces subventions, et la somme exacte à recouvrer en incluant
d'éventuels intérêts.
Il s'agit d'un coup très dur pour la SNCM et ses 1.400 salariés équivalent temps plein, en plein marasme financier: la compagnie dont les neuf ferries et cargos mixtes assurent des rotations entre le continent et la Corse, la Sardaigne, la Tunisie et l'Algérie, a essuyé 14 millions d'euros de pertes en 2012 - après 12 millions en 2011 - pour un chiffre d'affaires d'environ 300 millions.
"Si vous devez rembourser 220 millions d'euros, vous mettez la clef sous la porte, mais on ne l'imagine pas un seul instant", a commenté Frédéric Alpozzo, secrétaire général du syndicat CGT des marins de la SNCM.
"Cette condamnation est infondée. Cela fait des années que nous contestons l'acharnement juridique de Corsica Ferries, qui a oublié de dire à la Commission qu'elle a touché
de son côté 150 millions de subventions de l'Etat au titre de l'aide sociale", a-t-il ajouté.
Ce dispositif, introduit en 2002 et supprimé dans la prochaine DSP, permettait à la Collectivité territoriale de Corse de rembourser les compagnies faisant bénéficier certaines catégories de passagers de tarifs préférentiels (jeunes, personnes âgées, familles et résidents en Corse).
"L'Europe a une drôle de conception du service public. Elle voudrait faire couler le navire SNCM qu'elle ne s'y prendrait pas autrement", a déploré pour sa part le président PS de la communauté urbaine de Marseille, Eugène Caselli.
"Véritable condamnation, cette décision met gravement en cause l'avenir de cette entreprise qui se trouve déjà en grande difficulté financière", a estimé le maire
UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin
, qui "espère une intervention ferme, rapide et efficace du gouvernement auprès des autorités de Bruxelles".
L'exécutif européen n'en a d'ailleurs pas fini avec la SNCM: il examine en parallèle, toujours à l'initiative de Corsica, un ensemble de mesures de soutien d'environ 230 millions d'euros, liées à la restructuration et à la privatisation de l'ancienne compagnie publique entre 2002 et 2006. Là encore, elle pourrait exiger le remboursement de tout ou partie de cette somme.
Le gouvernement, de son côté, persiste et signe en affirmant que le service complémentaire de la SNCM pendant les périodes de pointe "répond à un besoin réel de service public"."Nous allons déposer dans les toutes prochaines semaines une demande de sursis à exécution et un recours en annulation devant le Tribunal de l'Union européenne",
a indiqué à l'AFP l'entourage de Jean-Marc Ayrault.


 

 

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