Projet ambitieux et bâtiment à l'architecture exceptionnelle, le MuCEM, grand musée national consacré à la Méditerranée, sest inauguré mardi à Marseille par le président François Hollande, au terme de dix ans de gestation et quatre ans de travaux.
Ouvriers et jardiniers s'affairaient encore lundi sur le site, somptueux cube sombre posé face à la mer, entre le Vieux-Port et la Joliette, qui voit enfin le jour dans le cadre de l'opération "Marseille-Provence 2013: Capitale européenne de la culture". Premier projet de décentralisation de musée envisagé par l'État, en 2000, sous la ministre socialiste Catherine Tasca, le MuCEM (Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) était très attendu des Marseillais qui l'ont lentement vu sortir de terre depuis la pose de la première pierre, fin novembre 2009. Ils pourront le visiter à partir de vendredi, premier jour de son ouverture au public.
Un lieu inédit en France
Pour son président Bruno Suzzarelli, c'est un "lieu inédit" pour "au moins trois raisons". D'abord, "c'est le premier musée au monde consacré aux civilisations de la Méditerranée" avec le souci d'un constant aller-retour entre passé et présent "sans tabou"; ensuite, "c'est le premier musée national intégralement transféré en région" (puisque le MuCEM hérite de la collection de l'ancien musée parisien des Arts et traditions populaires créé en 1937 et fermé en 2005); enfin, le MuCEM sera "une grande cité culturelle". Plus ambitieux qu'un musée traditionnel, le MuCEM - dont les travaux ont coûté 191 millions d'euros (133 millions versés par l'État, 58 par les collectivités locales) - se veut en effet "un lieu de débats, de confrontations d'idées, au riche programme artistique (cinéma, théâtre, musique...), et un lieu de vie pour les Marseillais", souligne M. Suzzarelli.
300.000 visiteurs attendus par an
Édifié sur l'ancien môle portuaire J4, le principal site du MuCEM, oeuvre de l'architecte Rudy Ricciotti associé à Roland Carta, accueille sur 15.700 m² deux plateaux: une "galerie de la Méditerranée" (un accrochage renouvelé tous les trois ans), qui propose de découvrir les étapes majeures des civilisations méditerranéennes, et jusqu'en janvier 2014 deux expositions temporaires: "Le noir et le bleu, un rêve méditerranéen" et "Au bazar du genre, féminin-masculin en Méditerranée". Les visiteurs - 300.000 attendus par an - pourront déambuler de la mer au ciel, protégés du soleil par des résilles de béton, sur les coursives et sur le toit-terrasse panoramique, en accès libre. Ils pourront aussi accéder au monument historique du fort Saint-Jean restauré - jusqu'ici fermé au public -, par une passerelle de 135 mètres de long, avec vue spectaculaire sur le grand large et la Côte Bleue au loin. Après les salles épurées et monumentales du J4, place aux arcades et salles voûtées du fort (15.500 m²) dont les origines remontent au XIIe siècle, aux balades sur le chemin de ronde et dans un nouveau jardin méditerranéen. Avec possibilité de poursuivre la visite en empruntant une autre passerelle menant au quartier populaire du Panier. Ou alors de réveiller ses papilles en faisant une halte dans un des espaces de restauration ouverts par Gérald Passédat, chef trois étoiles du "Petit Nice", à prix accessible. "Les Marseillais sont enchantés par ce lieu qui marque une sensibilité territoriale, exprime un autre horizon, plus marin, c'est un lieu qui est poreux à l'imaginaire", lance l'exubérant Rudy Ricciotti, heureux de voir aboutir ce projet conçu "dans l'anxiété" qui a contribué à "libérer un territoire, jusqu'alors interdit". Et qui s'est récemment enrichi de deux espaces culturels (la Villa Méditerranée, le Musée Regards de Provence dans l'ancienne station sanitaire).Ouvert du mercredi au lundi (de 11H à 19H de mai à octobre, de 11H à 18H de novembre à avril). Nocturne le vendredi jusqu'à 22H. Tarif plein: 8 euros. Accès gratuit les 7, 8 et 9 juin (horaires étendus de 9H à 22H), avec concert d'ouverture vendredi 7 juin à partir de 22H. |