Monaco : Rendez-vous de septembre : Les tarifs des réassureurs devraient résister à l'abondance de l'offre

Les réassureurs anticipent une stabilité de leurs tarifs en 2014, grâce notamment à une forte discipline en matière de souscriptions, malgré une offre abondante sur le marché qui met les prix sous pression.

Les Rendez-Vous de Septembre rassemblent depuis plus de cinquante ans à Monte-Carlo les principaux acteurs du marché mondial de la Réassurance : réassureurs, assureurs et courtiers, et attirent également un grand nombre d'avocats, de banquiers de conseils et de journalistes spécialisés.
Informel, ce congrès international de la Réassurance permet à l'ensemble des participants de se rencontrer pour débattre des problèmes qui intéressent le marché. Il marque aussi le début des négociations annuelles qui vont conduire au renouvellement des traités de Réassurance. Enfin, il suscite des contacts de haut niveau qui débouchent souvent sur des accords stratégiques.


Les principaux acteurs du marché ont déjà annoncé des tarifs globalement stables lors de leurs renouvellements de 2013, en lien avec une facture moins lourde l'an passé en matière de catastrophes naturelles (65 milliards de dollars contre 119 milliards en 2011).
Deux des principaux "assureurs des assureurs", l'allemand Munich Re, N.1 mondial, et le français Scor, N.5, ont anticipé un maintien de leur prix l'an prochain, à l'occasion des Rendez-vous de septembre. 
Pour y parvenir, Munich Re a mis en avant sa "forte discipline de souscription, qui doit lui permettre d'éviter d'accepter de mauvais risques ou d'en sous-tarifer d'autres".
Mais le milieu de la réassurance "reste sous pression", ont estimé les agences de notation Standard & Poor's et Fitch Ratings.
"Le secteur reste solide et a affiché sa capacité à générer des résultats", a expliqué Lotfi Elbarhdadi, directeur du secteur assurance chez S&P.
"Les réassureurs doivent cependant affronter un surplus de capacité, qui pourrait avoir un impact sur leur tarification, au mieux stable voire légèrement à la baisse", a-t-il ajouté.
Ces capacités nouvelles prennent la forme de véhicules ad hoc créés par les réassureurs eux-mêmes pour attirer les investisseurs ("sidecars") ou de compagnies de réassurance crées par des fonds alternatifs, à l'image de PaCRe par Paulson & Co du financier américain John Paulson.
Autre concurrent de taille, l'émission d'obligations catastrophes, ou "cat bonds".
Ces obligations sont des titres qui permettent à un assureur de transférer une partie de ses risques aux investisseurs, ce qui peut limiter ses pertes en cas d'événement climatique d'importance.
Les "cat bonds" pèsent déjà près de 15% du marché des catastrophes naturelles, alors qu'ils n'en représentaient que 8% en 2008, selon le courtier Guy Carpenter & Company.
Ils servent surtout à couvrir des risques aux Etats-Unis, qu'il s'agisse de séismes ou d'ouragans en Floride. Mais ils commencent aussi à se développer en dehors de ce pays, comme en atteste une émission concernant des tremblements de terre en Turquie, réalisée en avril.
"La demande pour ces instruments de réassurance alternative devrait continuer à croître au cours des prochaines années", a prévenu Brian Schneider, co-directeur du département réassurance chez Fitch Ratings.
Il a néanmoins relevé que, si une catastrophe naturelle de grande ampleur devait survenir, les investisseurs pourraient se détourner de ces instruments financers.
De la même manière, une remontée des taux pourraient rendre ces produits moins intéressants, pour les émetteurs cette fois.
Du côté des réassureurs, le PDG de Scor, Denis Kessler, s'est déclaré "tout à fait neutre", vis-à-vis de ces instruments, tout en estimant qu'une "bulle" s'était formée en raison notamment des politiques monétaires accommodantes des banques centrales.
"Ces instruments peuvent aussi constituer une opportunité. Ils peuvent nous permettre de renforcer nos propres protections mais nous pouvons aussi le faire pour le compte d'un client. Emettre des cat bonds, c'est une opération complexe qui nécessite des contacts avec les régulateurs, alors qu'un contrat de réassurance doit seulement être signé", a fait valoir Victor Peignet, directeur général de Scor Global P&C.
"Avant, chacun était à sa place dans la chaîne, entre assuré, assureur, réassureur, marchés financiers. Maintenant, on a toujours cette chaîne mais chacun mord sur la case des autres", a-t-il poursuivi.


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