La reconstitution du meurtre de deux femmes gendarmes, en juin 2012 à Collobrières (Var), a commencé vendredi soir dans le village du massif des Maures en présence du principal suspect et de sa compagne, qui nie toute responsabilité.
Elle a débuté peu avant 20H et devait durer une partie de la nuit, à l'abri des regards et sous la surveillance de nombreux gendarmes qui ont bouclé le périmètre.
"Ce soir, les deux magistrats instructeurs en charge du dossier criminel (...) vont organiser une reconstitution des faits qui se sont déroulés dans la nuit du 17 au 18 juin 2012", a déclaré le procureur de la République à Toulon,
Xavier Tarabeux, lors d'un point presse.
"Aujourd'hui il s'agit de remettre en situation à la fois le déroulement des faits et les déclarations des mises en examen dans le respect des droits de la défense", a-t-il expliqué, notamment au sein de l'appartement où la première gendarme a été abattue, "un appartement de petite taille où s'est déroulée une rixe".
Les faits
Abdallah Boumezaar, un colosse d'1,80 m âgé d'une trentaine d'années, a reconnu avoir tué Alicia Champlon, une adjudante de 28 ans, et Audrey Berthaut, maréchal des logis-chefs de 35 ans, alors qu'elles intervenaient pour un différend à la suite d'un cambriolage. Il a été mis en examen pour homicide volontaire et assassinat. Son amie de 20 ans, enceinte au moment des faits, Inès Farhat, est poursuivie pour complicité de crime et dissimulation de preuves.
L'homme avait tiré sur Audrey Berthaut après une bagarre au cours de laquelle il s'était emparé de son arme, avant de poursuivre sa collègue dans la rue et de faire feu dans sa direction. "Au total, neuf coups de feu ont été tirés. Un coup de feu tout d'abord dans l'appartement (...), puis ensuite huit coups de feu ont été tirés dans la rue dont plusieurs ont été mortels pour Alicia Champlon", a raconté le procureur.
Le couple s'était ensuite enfui à pied avant d'être interpellé sans résistance vers 03H00 du matin dans le village varois de 2.000 habitants, à 200 m du lieu du crime, après une opération de ratissage de la gendarmerie. La reconstitution vise aussi à clarifier le rôle d'Inès Farhat le soir du drame.
Le rôle d'Inès Farhat
Selon son avocat, Me Jean-Claude Guidicelli, "tous les témoins l'exonèrent", assurant "qu'elle a tout fait pour éviter que ça dégénère". Il assure notamment disposer d'une conversation téléphonique enregistrée dans laquelle le voisin victime du cambriolage "raconte en direct aux gendarmes ce qui se passe" et dédouane la jeune femme.Me Guidicelli va déposer dans les prochaines jours une demande de mise en liberté de sa cliente qu'il décrit comme "très affectée" et "hantée par le visage de ces deux gendarmes mortes pour rien".
Décrit comme un "impulsif", Abdallah Boumezaar avait été incarcéré de mai 2005 à septembre 2011 pour des faits de violence, de rébellion ou de trafic de stupéfiants. Ecroué près de Lyon, il a depuis les faits été condamné à plusieurs reprises, notamment pour avoir incendié sa cellule et frappé des surveillants de la maison d'arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes).
Le meurtre d'Alicia Champlon et d'Audrey Berthaut avait suscité une vive émotion au sein de la gendarmerie nationale, qui perdait pour la première fois de son histoire deux femmes lors d'une même opération.
Notre reportage :
Intervenants:
- Xavier Tarabeux Procureur de la république à Toulon
- Amel
Mère de Inès Farhat