Le Conseil de discipline de six policiers de la BAC Nord de Marseille doit se dérouler mardi et mercredi. Tous font l'objet d'une information judiciaire ouverte en février 2012 pour des vols et extorsion de fonds aux dépens de dealers.
L'un d'entre eux s'exprime au micro de notre journaliste Jean-François Giorgetti :
"Ca m'est tombé sur la tête, dit-il. C'était totalement incompréhensible pour moi (...)"
"La prison c'était très dur. J'étais isolé en permanence... Ca a fait des dégâts".
Le conseil de discipline doit statuer sur le sort de six des sept policiers incarcérés. Initialement prévu mi-novembre, ce conseil avait déjà été renvoyé en raison du boycott des deux syndicats Alliance et Unité SGP Police FO,
Alliance a une nouvelle fois demandé un report de cette instance paritaire, en s'adressant au "plus haut sommet de l'Etat". "Il est urgent d'attendre l'éclairage de la justice pour débattre dans un climat apaisé", explique le délégué zonal adjoint d'Alliance, David-Olivier Reverdy, car "c'est la mort administrative de fonctionnaires qui est en jeu".
Unité SGP Police-FO plaide également en faveur d'une suspension de la procéduredisciplinaire. Selon un document interne dont l'AFP a obtenu copie, le syndicat,qui déplore le "silence en forme de mépris" du ministre de l'Intérieur, entendpointer, à l'ouverture des travaux mardi, "la grande hypocrisie" dans cette affaire.
Pour lutter contre une "délinquance essentiellement conditionnée par le traficde drogue",
"on a beaucoup demandé, exigé de ces policiers de terrain, et il est légitime que ceux-ci aient le sentiment d'avoir été lâchés par leur hiérarchie"
souligne-t-il.
D'autant que, relève-t-il, "la gravité des faits" qui leur sont imputés "est très éloignée du récit médiatique initial" et des fracassantes déclarations du procureur qui avait évoqué "une gangrène" quand le scandale avait éclaté à l'automne 2012.
Agés de 34 à 52 ans, ces présumés "ripoux", autrefois encensés (lettres de félicitations, médailles, notes excellentes), ont d'ailleurs tous été autorisés par la justice à reprendre leur travail, en uniforme et en dehors des Bouches-du-Rhône, après avoir passé plus de deux mois en détention.
Au total, 16 anciens "baqueux" ont été mis en examen et 14 autres suspendus dans le cadre de cette information judiciaire ouverte en février 2012 pour des faits de vol et d'extorsion de drogue et d'argent en bande organisée, aux dépens de dealers.
Huit d'entre eux ont déjà été convoqués début juillet lors d'un premier conseil de discipline, qui avait proposé des peines, entérinées à Paris, allant jusqu'à trois mois de suspension ferme de service. Deux de leurs collègues avaient ensuite été sanctionnés en septembre après des commissions tenues hors de Marseille, alors qu'une dizaine d'autres recevaient des blâmes.