Régis Camaret, l'ancien entraîneur vedette de tennis comparaît devant la cour d'appel de Draguignan pour le viol de deux anciennes pensionnaires mineures de son club de Saint-Tropez. Il a de nouveau clamé son innocence.
Régis de Camaret, 71 ans, barbe blanche et démarche de vieillard, a retrouvé lebox des accusés, devant un nouveau jury d'assises à Draguignan.
"Je n'ai jamais agressé ni violé qui que ce soit", a-t-il déclaré, fixant le président, en évitant du regard le banc des parties civiles.
Seules deux anciennes joueuses âgées aujourd'hui de 37 ans, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, sont parties civiles pour des faits non prescrits remontant à 1989-1990.
Avant d'entrer dans la salle, Stéphanie évoquait en quelques mots son désarroi: "On n'arrive pas à passer à autre chose, il a fait appel et on est à sa merci".
Le premier procès a été "dur à vivre" et "c'est dur de se dire qu'on va le revivre, l'entendre dire qu'on est des menteuses", a glissé Stéphanie. Pour Karine,
"l'important était qu'il soit reconnu coupable en 2012 et qu'il ne puisse plus entraîner des jeunes".
Vingt-six autres anciennes élèves, aujourd'hui âgées de 37 à 50 ans, ont déclaré durant l'enquête avoir subi à l'adolescence des contacts physiques équivoques, des agressions sexuelles ou des viols.
La plupart viendront à nouveau témoigner à Draguignan. "Elles sont toutes de mèche", a affirmé la soeur de l'accusé, Anne de Camaret, entendue lundi.
"Un gourou" à "l'emprise terrible"
Les accusations s'étalent sur une quinzaine d'années, de la fin des années 1970 jusqu'au début des années 90 et la plupart des stagiaires ne se connaissaient pas.
La plupart des faits évoqués sont frappés de prescription, d'où le statut de témoins de la plupart des anciennes élèves de Camaret.
Lors de son premier procès d'assises, très médiatisé, en novembre 2012 à Lyon, Camaret était resté de marbre face à toutes ses accusatrices venues décrire leur douleur.
Son nouvel avocat Eric Dupond-Moretti a déclaré d'emblée lundi qu'il ne questionnerait pas les témoins rapportant des faits prescrits, en s'interrogeant sur leur présence même au tribunal, un particularisme français selon lui. "Ce qui nous occupe, c'est deux plaignantes. Le reste c'est des témoignages de personnalité, on ne peut pas y puiser des éléments de culpabilité", a-t-il insisté.
a rétorqué Baudoin Dubelloy, avocat de la partie civile."Dans beaucoup d'autres pays, les crimes sur les mineurs sont imprescriptibles"
Témoin crucial, Isabelle Demongeot - ancienne numéro 2 du tennis français - avait démarré l'affaire en déposant plainte en 2005 à l'âge de 39 ans, dévoilant un terrible secret qui l'avait empêchée de vivre normalement.
Elle accuse son ex-entraîneur de l'avoir violée à partir de 13 ans en 1980 pendant neuf ans, au club de tennis des Marres à Saint-Tropez (Var).
En parlant, la championne découvre, au fil de l'enquête de gendarmerie, que beaucoup d'autres jeunes filles ont subi le même sort.
Elles évoquent "un gourou" qui savait endormir la méfiance des parents, "un pervers" qui aimait s'introduire dans les douches ou les chambres des filles à l'internat, un adulte à "l'emprise terrible" qui clamait son plaisir d'être "un loup dans la bergerie".
Plus jeunes, elles ont eu peur de parler, ont éprouvé de la honte et de la culpabilité, choisissant d'oublier. Toujours traumatisées à l'âge adulte, beaucoup souffrent de dépression et vivent une sexualité difficile.
Régis de Camaret sera interpellé à la retraite en février 2007 dans son nouveau club de tennis de Capbreton (Landes), créé avec son élève Nathalie Tauziat, ex-numéro 1 du tennis français, vivement critiquée pour l'avoir défendu devant les assises
du Rhône.
Il y a 14 mois à Lyon, Régis de Camaret a simplement reconnu des "attouchements" sur l'une des deux parties civiles, "amoureuse" de lui, et une "relation consentante" avec Isabelle Demongeot.
Le verdict est attendu le mercredi 12 février, le temps de réécouter 56 témoins. En appel, Camaret risque une peine de vingt ans d'emprisonnement.