L'ancien entraîneur vedette de tennis Régis de Camaret - condamné en première instance à huit ans de prison pour les viols de deux anciennes pensionnaires mineures de son club de Saint-Tropez - a retrouvé lundi après-midi en appel le box des accusés, devant un nouveau jury d'assises à Draguignan.
Lors de son premier procès d'assises, très médiatisé, en novembre 2012 à Lyon, il était resté de marbre face à ses nombreuses accusatrices venues décrire à la barre leur douleur. Il avait nié tout viol.Régis de Camaret, 71 ans, barbe blanche et démarche de vieil homme, a décliné lundi à Draguignan son identité le regard fixé sur le président, en évitant de regarder vers le banc des parties civiles.
Seules deux anciennes joueuses âgées aujourd'hui de 37 ans, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, ont pu se porter partie civile pour des faits non prescrits remontant à 1989-1990.
Avant d'entrer dans la salle, Stéphanie évoquait en quelques mots son désarroi:
Le premier procès a été "dur à vivre" et "c'est dur de se dire qu'on va le revivre, l'entendre dire qu'on est des menteuses", a glissé Stéphanie"On arrive pas à passer à autre chose, il a fait appel et on est à sa merci".
Le témoignage exclusif de Stéphanie Carrouget:
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Elle attend qu'une peine de prison au moins équivalente soit prononcée en appel. Vingt-huit anciennes élèves, aujourd'hui âgées de 37 à 50 ans, ont déclaré durant l'enquête avoir subi à l'adolescence des contacts physiques équivoques, des agressions sexuelles ou des viols.Pour Karine "l'important était qu'il soit reconnu coupable en 2012 et qu'il ne puisse plus entraîner des jeunes".
La chronologie des faits
(utiliser la flèche sur la droite pour faire défiler la frise)Leurs accusations s'étalent sur une quinzaine d'années, de la fin des années 70 jusqu'au début des années 90. Beaucoup de ces joueuses ne se connaissaient pas avant d'avoir été contactées par les enquêteurs.
Prescription
La plupart des faits, évoqués tardivement, sont toutefois frappés de prescription d'où le statut de témoins de la plupart des jeunes femmes.
Témoin crucial, Isabelle Demongeot - ancienne numéro 2 du tennis français - avait déposé plainte en 2005 à l'âge de 39 ans auprès de la gendarmerie de Draguignan, dévoilant un terrible secret qui l'avait empêchée de vivre normalement.
Elle accuse son ex-entraîneur de l'avoir violée à partir de l'âge de 13 ans, en 1980 dans une chambre d'hôtel à l'occasion d'un tournoi. Des viols qui se répèteront pendant neuf années dans la voiture de Camaret, les vestiaires ou le local à balles du club de tennis des Marres à Saint-Tropez (Var).
Attouchements
En parlant, la championne découvre, au fil de l'enquête de gendarmerie, que beaucoup d'autres jeunes filles ont subi le même sort. L'une d'elles, qui précise avoir subi des attouchements sexuels répétés dès 10 ans et avoir été violée à 14 ans au domicile de Camaret,
avait déposé plainte en 2002 à Draguignan, mais l'affaire avait été classée sans suite en raison de la prescription.
Les jeunes femmes évoquent "un gourou" qui savait endormir la méfiance des parents, "un pervers" qui aimait s'introduire dans les douches ou les chambres des filles à l'internat, un adulte à "l'emprise terrible" qui clamait son plaisir d'être "un loup dans la bergerie".
Peur de parler
Plus jeunes, elles ont eu peur de parler, ont éprouvé de la honte et de la culpabilité, choisissant d'oublier. Toujours traumatisées à l'âge adulte, beaucoup souffrent de dépression et vivent une sexualité difficile.
Régis de Camaret sera interpellé à la retraite en février 2007 dans son nouveau club de tennis de Capbreton (Landes), créé avec son élève Nathalie Tauziat, ex-numéro 1 du tennis français, vivement critiquée pour l'avoir défendu devant les assises du Rhône. Des perquisitions permettent de trouver dans l'ordinateur de Camaret des photos de jeunes filles en partie nues. Il y a 14 mois à Lyon, Régis de Camaret a simplement reconnu des "attouchements" sur l'une des deux parties civiles "amoureuse" de lui et une "relation consentante" avec Isabelle Demongeot.
Intervenants:
- Me Éric Dupond-Moretti Avocat de la défense
- Isabelle Colombani Avocate des parties civiles
Le verdict est attendu le mercredi 12 février, le temps de réécouter 56 témoins.