A 5 semaines des élections municipales, l'UMP et le PS marseillais se livrent une guerre sans relâche. Cette semaine, un tweet posté par un collaborateur de Jean-Claude Gaudin a mis le feu aux poudres. Nous décryptons ce duel de campagne qui se mène sur Twitter à Marseille.
La campagne pour les municipales fait rage à Marseille. Les deux principaux adversaires s’affrontent à coup de petites phrases assassines et de communiqués de presse. Tout nouveau sur le web en 2008, Twitter offre 6 ans plus tard aux candidats un formidable moyen d’occuper le terrain, du matin au soir et du soir au matin, en prise direct avec 5,2 millions followers potentiels en France. Ils en usent, ils en abusent. Et à Marseille, ces derniers temps, ces gazouillis ont même donné lieu à des échanges violents entre les deux camps.
Dérapage contrôlé?
Instantanés en 140 mots maxi, envoyés dans le vif d’une discussion à la cantonade ou en « privé», les tweets dépassent parfois la pensée. Quand on ne tourne pas 7 fois son pouce avant de tweeter, les dérapages peuvent arriver. A Marseille ces dernières semaines, les gazouillis ont colporté des paroles peu amènes.Tout est parti d’un tweet « maladroit » posté le 11 février par @lepsmatué, le compte personnel du responsable web de Jean Claude Gaudin, Alix Normandin.
Ce tweet fait une allusion pour le moins déplacée au cancer dont souffre Maud de Bouteiller, membre de l'équipe de campagne de Patrick Mennucci et par ailleurs compagne du candidat socialiste à la mairie.
Le tweet a vite été retiré. Pas assez cependant. Les plus rapides comme La Provence ou le Lab.Europe 1 ont eu le temps de faire une capture d’écran de la discussion entre plusieurs membres des équipes de com des deux candidats:
Patrick Mennucci a immédiatement dénoncé la "méchanceté gratuite" de son auteur. Dès le 14 février le compte @lepsmatué était fermé. Alix Normandin est officiellement "en congé". La veille le porte-parole du maire,Yves Moraine, annonçait la fermeture du sien. Et l'UMP a présenté ses excuses.
Chez les internautes, l'affaire suscite aussi beaucoup de commentaires indignés :
La droite marseillaise nauséabonde. Qd le pouvoir détruit l'humanité chez les individus... #Menucci #Gaudin http://t.co/BukxqMbUuS
— TweetyInLaw (@tweetie_alex) 12 Février 2014
En 24h, le CM de Gaudin spécule sur l'homosexualité présumée d'un des collaborateurs de Mennucci puis rigole du cancer de sa compagne.Propre
— Nico/Soul Brotha ‹› (@Soul_Brotha) 12 Février 2014
J'apprends que le resp web de Gaudin a décidé de passer la seconde sur Twitter en raillant le cancer de la compagne de Mennucci : #honte.
— Mathieu G. (@MatGrapeloup) 12 Février 2014
Le tweetclash des chefs
Il faut bien rappeler que la guerre des tweets entre Patrick Mennucci et Jean-Claude Gaudin a débuté bien avant le lancement de la campagne officielle. Dès l’été dernier, comme s’en amusait Lelab.Europe1 :
S'ensuivait une nouvelle attaque de Mennucci sur l'identité de celui qui tweete au nom de @jcgaudin :
En tout cas ce n'est pas Madame Mennucci, trop occupée avec le votre @patrickmennucci
— Jean-Claude GAUDIN (@jcgaudin) 30 Août 2013
Je tweete donc je suis
Bien sûr, il est impossible de savoir si Patrick Mennucci et Jean-Claude Gaudin tweetent et retweetent eux-mêmes. Les addicts du petit piaf savent combien cette activité peut être chronophage, et compte tenu de l’agenda bien rempli des candidats, il est plus vraisemblable qu’ils délèguent en partie ou totalement cette tâche à un collaborateur ou à un proche.Ce que l’on peut en partie mesurer, c’est l’activité du compte. Sur ce terrain, le compte @patrickmennucci reprend l’avantage avec 4960 tweets au compteur (en moyenne un à deux par heure) quand @jcgaudin n’en aligne que 1050 tweets à un rythme très irrégulier principalement pour promouvoir ses déplacements et ses prestations télévisuelles.
Compte officiel du maire sortant sur fond noir :
Compte officiel du challenger socialiste sur fond blanc:
Qui m’aime me suive
11,5 K (11500) pour @jcgaudin. 6212 pour @patrickmennucci. Le premier match qui se joue sur Twitter, c’est celui des followers ou abonnés. Le maire sortant a mis le paquet sur son compte officiel et laisse loin derrière son adversaire. Mais attention, il est difficile de savoir qui se cache véritablement derrière ces « suiveurs ». Mais pour ouvrir un profil sur Twitter il suffit d’avoir un email. Une même personne peut donc tout aussi bien se dissimuler derrière plusieurs comptes. D’autres sont créés mais restent inactifs.
Ainsi, quand on jette un rapide coup d’œil sur les 20 premiers abonnés des deux comptes officiels du candidat UMP comme du candidat PS, on note que plus de la moitié des profils compte moins de 20 abonnés ou n’ont jamais tweeté.
Or on l'a vu avec les récents dérapages un tweet - bon ou mauvais - ne vaut que s'il est largement partagé.