Bernard Tapie, qui a lancé mercredi soir la chaîne web de La Provence avec une émission qu'il présente lui-même dans le cadre des municipales marseillaises, vise le retour à l'équilibre en 2015 et peut-être même 2014 pour son groupe de presse.
"L'objectif est de ne plus perdre d'argent", a dit l'homme d'affaires en présentant à la presse ses projets pour le groupe, dont il est actionnaire majoritaire. "Il faut qu'on puisse exister pour les 20 ans qui viennent. Notre avantage est que nous n'avons pas un euro de dette", a-t-il dit. Selon lui, La Provence a perdu en résultats opérationnels 2 M d'euros en 2013 (sans compter les provisions pour financer la clause de cession, évaluées à environ 4 M), pour un chiffre d'affaires de près de 80 M (en baisse de 5% en 2013 par rapport à 2012). "Ca c'est le journal, mais là-dedans il n'y a aucune recette prévisionnelle de ce qu'on va faire", a-t-il ajouté, évoquant ses projets de diversification (chaîne sur le web, intégration du site de services BernardTapie.com, filiale d'événementiel).
"Donc je peux vous annoncer que le bilan global, avec nos activités, sera à l'équilibre cette année, en 2014. J'espère gagner ce que le journal va perdre par ailleurs".
Parmi ses projets figure la chaîne LaProvence-TV.com, lancé mercredi avec "Tapie se met à table avec...", série de quatre émissions de 52 minutes enregistrées dans les conditions du direct, où il reçoit les candidats à la municipale marseillaise, dans le cadre intimiste du restaurant du Cercle des nageurs. Alors que le journal affiche une diffusion 2012 de quelque 120.000 exemplaires, le groupe souhaite réunir à terme 400.000 internautes sur ses sites.
La clause de conscience
Le patron de la Provence a aussi évoqué le départ de la rédaction d'entre 35 et 40 personnes (sur environ 200) dans le cadre de la clause de cession, ouverte après le changement d'actionnaire."Cette clause je ne l'ai toujours pas comprise, je l'applique, mais ça me choque", a-t-il commenté, ajoutant que cela "ruine la société".
Interrogé pour savoir si ces départs seraient compensés par des embauches, il a répondu: "sûrement pas!" La question des remplacements préoccupe au plus haut point la rédaction, inquiète de cette "perte de matière grise", selon le représentant SNJ Serge Mercier, qui réclame l'embauche de 30 personnes et s'est réjoui que M. Tapie ait entrepris de rencontrer les candidats au départ.
Concernant son retour face aux caméras sur sa chaîne web, Bernard Tapie a assuré mercredi qu'il resterait limité à cette semaine et visait d'abord à attirer l'attention sur son nouveau support. Pour ce talk show, produit sans la rédaction, et qu'il veut "positif", il se voit en animateur, "pas dans le combat politique", même face au candidat FN. Mercredi soir, le patron de presse a inauguré la formule avec le prétendant socialiste Patrick Mennucci, sous forme d'une discussion au ton proche de la conversation entre gens de bonne compagnie. Affichant un large sourire, multipliant les moulinets de main, Bernard Tapie a retracé le parcours de son invité. A plusieurs reprises, l'animateur-patron de presse a émaillé l'entretien d'allusions à son propre passé marseillais, voire ministériel: "J'ai connu une époque où il y avait des grands bateaux ici", "j'ai connu un ministre de la Ville qui avait inventé la Maison des citoyens", clôturant même cette première émission avec "ça va me faire tout drôle d'interroger M. Ravier" (le 13 mars). Cette chaîne web, sous la houlette de son fils Stéphane Tapie, continuera "dès la semaine prochaine", avec des magazines, par exemple un sujet sur les énergies de la mer, ou la découverte de métiers, autant d'achats financés par des parrainages, a assuré Bernard Tapie.