Le centre Mathieu Bastareaud a incarné durant le Tournoi des six nations un XV de France qui avance péniblement, à force de travail et de détermination, mais reste entravé par des carences techniques et un manque de leadership.
En l'absence de Florian Fritz, le Toulonnais a été installé au coeur de la ligne française durant le Tournoi, débutant tous les matches et jouant 369 minutes sur 400 possibles.Son gabarit atypique -125 kilos pour 1,83 m, soit un de plus que le deuxième ligne Sébastien Vahaamahina pour 17 centimètres de moins- en fait un cas particulier que l'encadrement apprend à utiliser dans différentes zones du terrain.
Omniprésent en attaque et en défense :
En défense, secteur où il a le plus progressé ces dernières années, notamment depuis son arrivée au RCToulon, il a régulièrement distribué les "caramels" et aussi gratté des ballons capitaux dans des rucks, tels un troisième ligne, notamment en Ecosse lors de la quatrième journée.En attaque, il a régulièrement franchi la ligne adverse, servant de locomotive et de point d'ancrage comme samedi où il a avancé (85 mètres au total) parfois avec plusieurs adversaires sur le dos. Mais il n'a pas eu la lucidité ou la justesse technique pour rendre ses brèches utiles, à l'image de sa percée de 30 mètres suivi d'une passe en-avant à la 3ème minute.
Déchet technique inhabituel :
Comme pour les Bleus, ses intentions de jeu sont polluées par un déchet technique inhabituel au niveau international, et parfois lourdement sanctionnées comme sur cette passe mal assurée de la 45ème minute qui a offert un ballon de contre concrétisé en essai par les Irlandais en à peine trente secondes."Mathieu fait de plus en plus de passes, même si ce n'est pas encore maîtrisé.
On aimerait qu'il soit à l'aise dans les passes larges par exemple. Mais il nous amène autre chose dans les franchissements, il trouve aussi des solutions après le contact", défend l'entraîneur des trois-quarts Patrice Lagisquet.
"Ce qui est dommage c'est que par moments, il a envie de tellement bien finir qu'il va trop loin, qu'il tente un geste qui n'est pas évident, qui entraîne des
pertes de balles", souligne-t-il.
"Contre l'Italie, il avait fait un match très complet. En Ecosse aussi, il avait été intéressant dans ce qu'il avait proposé. Là (contre l'Irlande), ça s'est plus
vu. Il y a une évolution assez positive, estime le technicien. Je pense que d'ici cet été ou novembre, il devrait trouver un peu plus de fluidité dans tout ce qu'il fait."
"Je suis un vieux":
Le joueur de 25 ans convient à demi-mots de ses lacunes. "Il faut continuer à travailler individuellement. (...) A nous de travailler chacun pour pouvoir élever le niveau de jeu de l'équipe de France", glissait-il samedi soir.Dans une ligne de trois-quarts assez jeune, l'encadrement souhaiterait aussi le voir prendre plus de responsabilités. Le joueur semble disposé à le faire malgré un naturel plutôt réservé.
"C'est bizarre, je ne me sens pas la légitimité de donner des conseils. Après, je pense qu'il est temps de prendre des responsabilités. Mine de rien, ça fait
un moment que je joue, en club comme en équipe de France (23 sélections, ndlr), à ce titre-là on peut dire que je suis un vieux, confiait-il à la veille du match en Ecosse. C'est peut-être à moi de m'affirmer plus. Il faut peut-être que je force un peu ma nature. Si on me demande et que ça peut apporter à l'équipe, il n'y a pas de problème."
Joueur-clé de Saint-André pour accomplir un de ses grands principes de jeu, "la prise du milieu du terrain", il trouve progressivement des automatismes et une certaine complémentarité avec Wesley Fofana et Gaël Fickou. Comme l'ensemble de ses partenaires, il doit désormais parvenir à utiliser ses qualités individuelles au sein d'un collectif.