Notre confrère marseillais Philippe Pujol, journaliste à La Marseillaise, s'est vu décerner lundi le prix Albert-Londres 2014, la récompense la plus prestigieuse du journalisme francophone.
Pour cette 76e édition du Prix Albert-Londres, le jury, réuni cette année à Bordeaux, a récompensé Philippe Pujol, journaliste au quotidien La Marseillaise, pour sa série de dix articles «Quartiers Shit», publiée pendant l'été 2013. Selon le jury, un «électrochoc dans la couverture de l'actualité marseillaise et de ses quartiers nord».
Originaire de la Belle de Mai, l'un des quartiers populaires de Marseille, Philippe Pujol parle comme il écrit, d'un trait, avec gouaille et respect, de ces habitants des quartiers nord. Biologiste et informaticien par ailleurs, il a l'espoir de faire comprendre que dans sa ville, déjà si bien décrite par Albert Londres,
"les élus de tous bords exploitent cette misère absolue car ils peuvent se poser en sauveurs".
Il décrit des quartiers rongés par l'économie du cannabis où "culpabiliser les mères reste l'argument le plus rassurant pour beaucoup de gens qui ignorent tout de la vie dans ces cités". Son style est "empathique sans être compassionnel, plein d'audace et de fulgurances", a estimé le Jury en décernant ce prix à un journaliste de la presse quotidienne régionale, ce qui est extrêmement rare.
Par ailleurs, le jury a décerné le prix Albert-Londres 2014 de l'audiovisuel à un trio : les Français Julien Fouchet, Sylvain Lepetit et le journaliste pakistanais Taha Siddiqui ont pour leur reportage télé «La Guerre de la polio» en Afghanistan et au Pakistan, produit par Babel Press et diffusé par France 2. Un reportage sur le combat de médecins et membres d'ONG luttant au péril de leur vie contre la propagande des talibans sabotant les campagnes de vaccination anti-polio. Pour le jury, cette équipe a su s'affranchir «des contraintes d'un formatage d'enquêtes de plus en plus en vigueur dans les rédactions et que le jury du Prix Albert-Londres déplore».