Le groupe Nice-Matin a été placé en redressement judiciaire, lundi 26 mai. De source proche du dossier, le fonds d'investissements suisse GXP Capital reste en lice pour reprendre le groupe, même s'il n'a pas encore mis sur la table les 20 millions d'euros annoncés depuis février.
Le PDG de Nice-Matin, Dominique Bernard, ainsi que les représentants des salariés avaient été convoqués lundi matin au tribunal. Ils n'ont pas souhaité s'exprimer à l'issue de l'audience, dans l'attente du délibéré.
Ouverture d'une procédure de redressement judiciaire pour #NiceMatin. Fin de la période d'observation: 26 novembre 2014 #Nice06
— Jean-Alexis (@LE_JA) 26 Mai 2014
La direction doit publier dans l'après-midi un communiqué et un comité d'entreprise (CE) est convoqué à 14 heures au siège du journal afin de nommer deux représentants supplémentaires des salariés pour suivre la procédure de redressement. Vendredi 23 mai, deux premiers représentants avaient déjà été choisis dans cette optique lors d'un CE qui avait pour objet la mise en redressement judiciaire.
L'actionnaire principal, Philippe Hersant, avait alors proposé à la dernière minute de réinjecter deux millions d'euros, soit deux mois de trésorerie supplémentaires, pour donner plus de temps à GXP Capital, associé à l'ancien élu local Jean Icart. De source proche du dossier, ces deux millions n'étaient toutefois pas sur la table lundi 26 mai lorsque le tribunal a pris sa décision.
"L'ouverture immédiate de la procédure s'est finalement avérée préférable à la solution envisagée vendredi dernier d'une avance de trésorerie de l'actionnaire", a indiqué la direction du groupe Nice-Matin.
La direction n'a toutefois expliquer précisément ce nouveau revirement.
"Elle n'empêche en rien Jean Icart et le fonds GPX Capital de présenter un plan de continuation conforme à leur proposition initiale, tout en apportant à l'entreprise et à ses salariés les garanties de la mise sous protection du tribunal", note la direction.
Permettre à d'autres investisseurs de se manifester
La procédure de redressement "peut également permettre à d'autres investisseurs de se manifester et de proposer des solutions alternatives", stipule-t-elle. "Les différentes solutions alternatives seront examinées d'ici fin juin 2014" par les deux administrateurs judiciaires nommés par le tribunal.Le groupe Nice-Matin affiche des pertes depuis trois ans, "par l'effet du recul conjugué des ventes au numéro et des recettes publicitaires", souligne la direction, qui indique avoir sollicité elle-même Jean Icart et le fonds GXP Capital.
20 millions d'euros
Le tandem s'était "engagé" début février à investir 20 millions d'euros, pour prendre une participation majoritaire et financer la relance du groupe. "Depuisfévrier, Jean Icart et GXP Capital ont à plusieurs reprises reporté la date de versement de cette somme, en raison de difficultés techniques qui auraient retardé le transfert des fonds. La trésorerie du groupe Nice-Matin a continué de se dégrader durant cette période. C'est pourquoi, la direction de Nice-Matin a demandé l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire", poursuit le communiqué.
Dominique Bernard, PDG du groupe Nice-Matin, s'est déclaré "déterminé et confiant pour trouver rapidement une solution qui soit la meilleure pour les salariés du Groupe, ses titres et les lecteurs de Nice-Matin et Var-Matin". Il avait été convoqué, avec également des représentants de salariés, lundi 26 mai au Tribunal de commerce de Nice.
Le tribunal a décidé lundi 26 mai l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire pour le groupe Nice-Matin (611 salariés), mais aussi pour sa société de distribution Publinice-Services (346 salariés). Par ailleurs, une procédure de sauvegarde judiciaire a été lancée pour sa régie publicitaire Eurosud Côte-d'Azur (176 salariés). Une période d'observation a été ouverte pendant six mois.
Un plan social qui prévoit la suppression de 147 postes
Un comité d'entreprise s'est tenu lundi au siège du journal afin de nommer deux représentants supplémentaires des salariés pour suivre la procédure de redressement. Les syndicats craignent que la facture sociale devienne plus lourde avec ce redressement judiciaire et signifie des licenciements.Un plan social négocié pendant des mois -accepté par le repreneur suisse et son partenaire niçois- prévoit environ 147 suppressions de postes et 2 millions d'économies.
Le groupe Nice-Matin, qui emploie environ 1.200 salariés, a terminé l'année 2013 sur une perte d'exploitation de 6 millions d'euros, qui s'est encore creusée en 2014. Il publie les quotidiens Nice-Matin (qui tire à 90.000 exemplaires), Var-Matin (65.000 exemplaires) et Monaco-Matin. Le groupe détient aussi 50% du capital de la société Corse Presse, qui édite Corse-Matin.