Les syndicats de la compagnie maritime en difficulté entament ce mardi, 24 juin, une grève qui s'annonce dure au démarrage de la saison touristique vers la Corse, pour protester contre les menaces pesant sur leur entreprise.
La quasi totalité des syndicats dans l'action
Avec cet arrêt de travail, les navires de la SNCM devraient rester à quai pour une durée indéterminée, interrompant les traversées vers le Maghreb et la Corse, à une semaine de la haute saison dans l'île de Beauté. Tous les syndicats, CGT - SAMMM - FO - CFE-CGC - CFDT - CFTC, ont appelé au mouvement, reconductible toutes les 24 heures, à l'exception du Syndicat des travailleurs corses (STC). Le début de la grève devait initialement correspondre à la tenue de l'assemblée générale des actionnaires, qui doit entériner la reprise en main de la société par son actionnaire majoritaire Transdev (66%) avec la nomination d'un nouveau président du conseil de surveillance. L'AG a été reportée au 3 juillet, mais la grève, elle, a été maintenue. Une manière pour les syndicats de laisser une petite chance à "une grève rapide" et de sauver la saison d'été. Un conseil de surveillance, qui s'est tenu vendredi à la demande des représentants salariés et actionnaires salariés (9%), n'a pas permis de lever les inquiétudes des salariés, malgré les paroles rassurantes du nouveau patron de la compagnie Olivier Diehl, qui a dit dans la presse "croire en l'avenir de cette compagnie".
Les syndicats redoutent le démantèlement de la compagnie
Nous ne pouvons pas attendre septembre pour dénoncer les mensonges et les reniements de l'Etat
justifie le délégué CFE-CGC des officiers Pierre Maupoint de Vandeul, qui craint, à l'instar des autres syndicats, un "démantèlement après la saison estivale". Choisi par Transdev avec l'appui de l'Etat, Olivier Diehl déplore évidemment le moment de la grève et met en garde contre un mouvement qui pourrait conduire l'entreprise tout droit au tribunal de commerce.
Nous pouvons verser à tout moment dans une situation préjudiciable... Je pense que le timing n'est pas le bon
a-t-il déclaré à la Provence mercredi, annonçant une activité "en recul de 10,8% et de 13% sur la Corse" depuis le début de l'année.
Mais dans leurs préavis, les syndicats s'en prennent surtout à l'Etat, coupable à leurs yeux de toutes les trahisons. Pour la CGT Frédéric Alpozzo déclare
Nous réclamons que les actionnaires, dont l'Etat , respectent leurs engagements ... La grève, sera de l'entière responsabilité du gouvernement
Car depuis 18 mois, estiment les syndicats, l'ancienne direction avaient mis l'entreprise sur de bons rails avec un plan industriel de relance. Ce plan, longtemps soutenu par le gouvernement, prévoyait un pacte social avec 500 suppressions de postes (sur 2.600), l'augmentation du temps de travail et, en face, la commande de quatre navires plus performants, avec à la clef des gains de productivité. Si le pacte social a bien été enclenché, la commande de bateaux a été arrêtée net lors de nomination de M. Diehl, justifié par l'état des finances de la compagnie et la lourde de sanction de l'Union européenne, qui demande à la compagnie de rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales.
Un service de substitution pour le fret
Hostile à la grève, l'Office des transports de Corse a d'ores et déjà organisé un service de substitution, avec le concours de Corsica Ferries, pour limiter l'impact du mouvement, notamment au niveau du fret. "Je ne suis pas là pour briser des grèves, c'est un droit constitutionnel. J'utilise à mon tour des moyens légaux pour pallier ce sabotage", justifie son président Paul-Marie Bartoli.Selon AFP