Le club Olympique de Marseille met sa menace à exécution. En désaccord sur le montant du loyer du stade Vélodrome, l'OM a décidé de jouer son premier match à domicile au stade de la Mosson.à Montpellier.
Les Montpelliérains accueilleront donc le premier match à domicile de l'OM prévu à la mi-août. Depuis plusieurs semaines, le club marseillais est en désaccord avec la mairie de Marseille. En raison des travaux effectués au Vélodrome (passage à 67 000 places), la ville a considérablement augmenté son loyer, réclamant à l'OM jusqu'à huit millions d'euros par an.
Face à l'impasse, l'OM a démarché plusieurs clubs dont celui de Montpellier, qui a accepté d'accueillir les joueurs marseillais à son stade de la Mosson.
"Après l'échec des dernières négociations avec la mairie afin de trouver un accord raisonnable sur le montant du loyer du stade Vélodrome,
la direction de l'OM annonce que son équipe ne jouera pas à Marseille"
a expliqué le club jeudi sur son site internet.
La formulation peut laisser entendre que cette décision est définitive et que l'OM fait pour de bon une croix sur son stade historique, désormais rénové, en partie couvert d'un élégant velum blanc, et pouvant accueillir 67.000 places.
Mais l'OM ne précise toutefois ses dispositions que pour le premier match: "La première rencontre prévue à domicile contre Montpellier, le week-end du 15 au 17 août, aura lieu au stade de la Mosson".
"Il peut y en avoir beaucoup d'autres en fonction du calendrier et des disponibilités, déclare le directeur général du club, Philippe Pérez, au quotidien La Provence.On a déjà balayé toute la saison. On a pris des options pour couvrir plusieurs solutions.
On s'est aussi assuré de la faisabilité de jouer toute la saison à la Mosson"
souligne-t-il.
D'ailleurs, une convention a été signée avec l'agglomération de Montpellier pour le premier match à domicile de l'OM.
Le loyer prévu pour le match à domicile du club phocéen contre Montpellier, programmé pour l'instant le 17 août, est de 20.000 euros pour la mise à disposition du stade de La Mosson (33.000 places).
La convention prévoit, comme c'est le cas pour tous les matches de Montpellier, que la billetterie, la sécurité ou encore la vente des boissons sont sous la responsabilité de l'OM.
L'agglomération a indiqué être également d'accord pour accueillir les matches à domicile du 30 août (contre Nice) et du 20 septembre (Rennes), mais précise qu'aucune convention n'a pour l'instant été signée, chaque match étant
discuté séparément.
A Marseille, l'adjoint (UMP) au maire Roland Blum, qui a mené les négociations, estime lui que "rien n'est irrémédiable", et que "c'est l'intérêt de toutes les parties de trouver un accord".
Le conseil municipal de Marseille avait voté le 30 juin une résolution fixant le loyer du stade rénové dans la perspective de l'Euro 2016, à 381.000 euros par match plus une part variable sur la billetterie, soit 8 millions d'euros par an, 10 millions avec la billetterie.
Cette position, qualifiée de radicale par Philippe Pérez, "ne nous laisse d'autre choix que de prendre cette douloureuse décision. Il s'agit, malheureusement, de notre seule option pour préserver les intérêts vitaux de l'OM qui ne peut pas et ne paiera jamais ce que réclame la mairie", explique le dirigeant.
Cette somme représente environ 8% du budget 2013-2014 du club, qui ne versait que 50.000 euros par an, soit 0,04% du budget, ces dernières années, pour la location d'un stade alors en travaux.
Les mêmes conditions qu'à Lille
La ville avait pourtant assoupli sa position: elle "pourrait proposer d'appliquer les conditions de mise à disposition du Stade Pierre Mauroy au LOSC à Lille", a-t-elle exposé dans un communiqué jeudi soir. "Ces conditions prévoient 5 millions d'euros de part fixe, une part variable de 20% déclenchée à partir de 17,5 millions de billetterie et l'application de la taxe sur les spectacles à hauteur de 8%", détaille-t-elle.
"On estime que ce sont des proposition qui ne sont pas inacceptables, étant donné que le stade de Lille fait 50.000 places, contre 67.000 pour le Vélodrome.
On comprend mal cette position de l'OM"
juge Roland Blum.
Au moment de l'annonce du loyer fixé par la mairie, montant qui correspondait aux suggestions de la Chambre régionale des comptes, l'OM avait annoncé son refus de payer et vivement critiqué le montage financier choisi par la ville, sous forme de partenariat public-privé (PPP).
Cette opération, d'un montant de 268 millions d'euros et également critiquée par la Chambre régionale des comptes, engage la commune à payer 12 millions chaque année à son partenaire privé, Arema, pendant plus de 30 ans.
La décision de jouer à Montpellier s'accompagne en tout cas pour le club de difficultés logistiques importantes - il devra assurer le déplacement des supporteurs et ne sera pas forcément rentable.
Selon la mairie, elle "coûtera en réalité 1,1 million d'euros (par match) à l'Olympique de Marseille en coûts d'organisation, de perte de billetterie, de déplacements, etc."
"Si l'OM persiste, "la Ville de Marseille demanderait aux autorités compétentes de s'assurer auprès de l'organisateur que les conditions
maximales de sécurité soient garanties aux supporteurs pour ce déplacement supplémentaire, en plein week-end du 15 août", prévient-elle.
Et les partenaires de l'OM, qui troquent un stade flambant neuf de 67.000 places contre une enceinte vieillissante (elle a été rénovée en 1997 pour la Coupe du monde l'année suivante) de 33.000 places, pourraient également ne pas être ravis.