Les salariés de Nice Matin devront attendre le 7 novembre pour connaître leur sort. Le tribunal épluche les offres : celle d'une reprise par les salariés est la seule qui ne prévoit aucun licenciement. Le groupe Nice-Matin publie Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin et détient 50% de Corse-Matin.
La coopérative des salariés est en concurrence avec Georges Ghosn, ex-propriétaire de La Tribune et de France-Soir et le pôle belge Rossel (le Soir, La voix du Nord) qui confirme avec une offre socialement rude mais financièrement solide. Les trois candidats étaient conviés jeudi devant le tribunal de commerce de Nice pour défendre leurs projets. Le délibéré du tribunal sera dévoilé dans deux semaines, le vendredi 7 novembre.
Des salariés qui (s') investissent
Les salariés ont monté une Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) prônant 159 départs exclusivement volontaires (14,5% des effectifs). Les salariés deviendraient les actionnaires majoritaires de Nice-Matin et délègueraient la gestion à un directoire, dont le président pressenti est désormais le journaliste Robert Namias. Pour rassurer le tribunal, les noms de futurs membres du conseil d'administration ont été mis en avant comme l'ex-procureur Eric de Montgolfier. La SCIC a rassemblé un financement total confirmé de "14,2 millions d'euros". Elle a levé 2,3 millions d'euros avec la participation de salariés puisée sur leur 13e mois, ainsi que 460.000 euros de dons.Bernard Tapie dans le coup
Le financement comprend 8 millions de cessions d'actifs "non stratégiques" sous forme de promesse d'achat de Bernard Tapie (50% de Corse-Matin et les murs de quatre agences locales). Le conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur prête notamment 2 millions d'euros, desartenaires privés apportent également des fonds dont Carrefour France à hauteur d'un million.
Quid du projet belge
De son côté, le groupe Rossel (Le Soir, La Voix du Nord, L'Union) s'est associé au spécialiste du BTP monégasque Marzocco et à l'homme d'affaires franco-libanais Iskandar Safa. Ils mettent immédiatement dans la balance 30 millions d'euros de fonds extérieurs sans vendre d'actifs et promettent 20 millions d'investissements sur trois ans. Ils licencient un tiers des effectifs, soit 376 personnes. Bernard Marchant, administrateur délégué de Rossel, explique à l'AFP que sa stratégie de redressement est calquée sur le modèle précurseur de la Voix du Nord, impliquant la quasi disparition de certaines catégories professionnelles. Seraient menacées : les secrétaires de rédaction (traditionnellement chargés de la mise en page) et les photographes. En outre, une automatisation de l'imprimerie impliquerait le départ de 70% des ouvriers techniques.Que veut Georges Ghosn ?
L'ex-propriétaire de La Tribune veut constituer l'alternative, avec un plan social "proche de celui des salariés" (désormais 228 licenciements), "13 millions d'euros de financements trouvés" et un contenu éditorial beaucoup moins local. La SCIC présente "une gouvernance compliquée", Rossel "une boucherie sociale", attaque-t-il.