Faire face à la réalité du cadavre, à la souffrance des familles, apprendre à gérer le stress... c'est aussi ça le métier de thanatopracteur un métier qui consiste à pratiquer des soins (de conservation) sur le corps des défunts.
C'est un métier de l'ombre, aussi vieux que l'histoire du monde, pourtant méconnu, dans une société où la mort reste tabou : celui de "thanatopracteur".
Notre invitée, dans le journal de 19h, ce dimanche est Françoise Jean, directrice de l'école de Thanatopraxie à Vedène.
Il existe 7 écoles de formation en France, placée sous l'égide du Ministère de la santé, une seule dans notre région, à Vedène, dans le Vaucluse . Deux promotions par an, de stagiaires venus de toute la France suivent un apprentissage théorique, avant de partir en formation pratique chez des thanatopracteurs en exercice. Un métier difficile, socialement dénigré, qui intéresse pourtant de plus en plus de jeunes sortis du bac. Pourquoi choisit on de se tourner vers le funéraire aussi le plus près de la mort ? Rencontre avec des apprentis.
Le ministère de la Santé définit chaque année un numerus clausus de diplômes. Cette année il est de 55 diplômes.
La formation se fait en deux étapes:
*théorique, une première partie validée par un examen ( le 27 novembre pour les stagiaires de la promotion filmée).
*Ceux qui ont réussi leur théorie, peuvent alors partir en stage chez un professionnel qui leur apprendra le métier. Le stagiaire devra pratiquer 100 soins de conservation minimum avant d'être évalué par un jury national (Ministère de la santé).
Un métier extrêmement réglementé
Le thanatopracteur peut-être amené à effectuer des soins post-traumatiques (après un accident ou une longue maladie ...) mais aussi après autopsie. Il est en contact avec les enquêteurs et s'il découvre au cours des soins sur le défunt des éléments qui ne figurent pas dans le rapport de décès, il doit en informer les autorités.La réalité est tout de même bien éloignée de ce que l'on imagine à travers les séries américaines.
Pour chaque session, la sélection est grande: pour 25 places, 600 candidatures. Il faut éliminer , ceux qui sont animés de curiosité morbide, ceux qui ont vu les Experts à la telé, les gothiques etc etc.. ensuite on demande aux candidats d'assister à un soin pour être bien certains de leur choix. Mais aucun niveau minimum requis, ceux qui n'ont pas le bac peuvent accéder à la formation, mais c'est très dense et beaucoup se cassent le nez. En 3 mois il faut aborder des notions de médecine, d'anatomie, de sciences humaines de la mort, de droit funéraire, etc ...
Un métier ingrat ?
Peu reconnu, mal payé... le thanato débute avec un salaire moyen de 1500 euros. La formation par ailleurs très coûteuse : 6900 euros pour celle de Vedène, Sans compter les frais d'hébergement car dans la promotion que nous avons filmée, pas un seul stagiaire n'est originaire de la région, certains viennent d'Outre-mer. C'est un métier qui ne connaît pas d'horaire, le thanatopracteur doit intervenir au plus vite après le décès, si possible avant que la rigidité cadavérique ne s'installe ...Les stagiaires sont informés sur les risques sanitaires qu'ils encourent (utilisation du formol et autres produits chimiques utiles à la conservation des corps) , sur les risques "psychosociaux" et sur les risques d'addiction.. métier très difficile, en contact permanent avec la mort, parfois la plus tragique, avec celle d'enfants aussi, et les échappatoires sont souvent l'alcool, les drogues, le tabac, et autres formes d'addictions...
Un métier qui évolue
Le formol ne pourra plus être utilisé à domicile à compter du 1er janvier 2015, seulement dans des salles ou des laboratoires équipés de ventilation. Ce qui va rendre impossible les soins chez les particuliers qui font, selon les pros, l'intérêt du métier , (contact avec les familles, rechanges et reconnaissance). C'est un problème pour les gens qui vivent dans des petits villages ou ceux qui refusent de déplacer les corps avant les obsèques ou souhaitent conserver le défunt a leurs cotés.Pour se renseigner sur le formation du Vaucluse:
le site www.accentformation.net et celui ci www.sante.gouv.fr