Faire son deuil. Pour les familles des corps emportés par la tempête Alex dans la nuit du 2 octobre 2020, cela devient de plus en plus pesant. La disparition d'un cimetière parti sous les flots est une chose que l'on n'a jamais vécue en France. A tel point que des chercheurs se sont intéressés à la question.
Pour beaucoup d’habitants de Saint-Dalmas de Tende, venir ici est un crève-cœur.
Du cimetière emporté par la tempête Alex de 2020, il ne reste pas grand-chose. Rien, sauf une attente qui se fait de plus en plus sentir.
Il faut dire que les travaux visant à créer le nouveau cimetière tardent à être enclenchés. "Tout cela est très politique", nous confie discrètement un habitant de la Roya, "après, il y avait sans doute d’autres priorités."
Mais cette fois, les choses semblent être bel et bien enclenchées si l’on s’en tient aux propos de Jean-Pierre Vassallo, le maire de Tende : " le cimetière sera livré en août 2025 !"
L’intéressé ne souhaite pas chiffrer le montant des travaux, mais il avait confié à France 3 Côte d'Azur il y a quelques mois, que l’enveloppe serait de trois millions d’euros. Selon nos informations, on serait plus proche de quatre.
En janvier 2022, le projet de reconstruction avait été adopté par la mairie. Jusqu’en avril de cette année, il sera question de la conception du projet avant le premier coup de pioche, mais pas avant 2024.
"On y trouvera", explique Jean-Pierre Vassallo, "10 columbariums pouvant rassembler chacun plusieurs dépouilles et une 30 aine de caveaux ainsi que 50 enfeus, ces niches funéraires pratiquées dans les murs pour abriter un tombeau."
Reste un problème délicat, les corps. Lors de la tempête, 170 sont partis sous des torrents de boues, seule une trentaine a pu être retrouvée.
À Saint-Dalmas, "la difficulté reste le problème du recueillement", explique Charles Claudo, un des responsables de l’association Remontons la Roya. "À ma connaissance, il n’y pas de plaques sur ce qui était le cimetière auparavant. Seulement un amas de pierre."
Rites funéraires
"Dans la Haute-Vallée de la Roya, les rites funéraires sont importants, c’est d’autant plus de souffrances que ressentent les familles des défunts" souligne Charles Claudo. Certains se rendent au cimetière, mais il leur est difficile de se recueillir en l’absence de tout signe ou symbole évoquant la mort d’un proche.
L’association a été en contact avec une quarantaine de personnes concernées par la disparition des dépouilles. Une situation rarement vue dans l’histoire, un cimetière emporté par une catastrophe naturelle et qui donne lieu à un travail universitaire avec des chercheurs de l’université de Côte d’Azur.
Lorsque le cimetière sera reconstruit, il faudra encore se poser cette déchirante question : que mettre en terre ? Un cercueil vide ?
L’une des pistes imaginées serait de déposer dans les cercueils en question des objets ayant appartenu aux morts. Pour ceux dont les corps ont été retrouvés, ils pourront être inhumés de nouveau.