Des forces de l'ordre sur les dents ! La Principauté accueille jusqu'au 7 novembre la 83e assemblée générale d'Interpol. 1.400 personnes représentant les polices du monde s'y retrouvent pour évoquer la lutte contre la criminalité. Interpol, une idée née sur le rocher monégasque.
Terrorisme, tueurs en série, tableaux volés: depuis un siècle, les polices du monde entier collaborent pour traquer la criminalité par le biais d'Interpol, qui vit le jour officiellement en 1923 mais dont l'idée germa il y a cent ans sur le rocher de Monaco.
Façon de marquer l'événement, l'organisation forte de 190 pays membres tient, pour cinq jours, sa 83e assemblée générale annuelle en Principauté.
C'est là, en avril 1914, qu'eut lieu le premier congrès international de police judiciaire.
A l'époque, des policiers et magistrats de 24 pays s'étaient réunis pour trouver les moyens de coopérer à la résolution d'affaires criminelles en débattant notamment de la création d'un fichier central des antécédents judiciaires.
"L'univers est un et les criminels ne s'arrêtent pas aux barrières que dressent la politique et l'histoire", constataient, déjà, les organisateurs. La Première Guerre mondiale retarde le projet mais Interpol voit le jour le 7 septembre 1923, sous le nom de Commission internationale de police criminelle (CIPC), basée à Vienne.
- Toute l'histoire d'Interpol, 100 ans de coopération policière internationale
L'organisation possède aujourd'hui une base de données de 155.000 enregistrements sur des malfaiteurs internationaux connus des services de police, des personnes disparues et des cadavres, entre autres. Son fichier des passeports perdus ou volés, mis en place après les attentats du 11 septembre 2001, contient 40 millions d'entrées.
Interpol a connu des heures sombres quand les nazis prirent son contrôle après l'annexion de l'Autriche. Apparaissent alors des fichiers qui mentionnent l'appartenance religieuse.
L'organisation, abandonnée par la plupart des pays membres, se destine alors à poursuivre "les ennemis du Reich". Son directeur, l'Autrichien Ernst Kaltenbrunner, un des principaux responsables du système policier nazi, sera condamné à la pendaison en 1946 par le tribunal de Nuremberg.
A l'initiative de la Belgique, Interpol renaît de ses cendres après la guerre. Elle s'interdit de traiter toute affaire "présentant un caractère politique, religieux ou racial". En 1946, les fameuses "notices rouges", ces avis de recherche planétaires à des fins d'extradition, sont mises en place.
Elles ont "la vertu de fixer les criminels dans un pays en les empêchant de franchir les frontières", explique Laurent Greilsamer. L'ancien président de la République serbe de Bosnie, Radovan Karadzic, en fuite pendant près de 13 ans, fit l'objet d'une telle notice avant son arrestation en juillet 2008.
- Aujourd'hui, 190 pays sont membres d'Interpol.
- Pour comprendre le sens de ces notices de couleurs.
Traqués aussi, la criminalité quotidienne ou les tueurs en série itinérants comme le Français Charles Sobhraj, soupçonné d'avoir tué dans les années 70 une dizaine de jeunes routards en Asie. Arrêté au Népal, il fut condamné à perpétuité en août 2004 pour le meurtre d'une Américaine en 1975.
Interpol joue également un rôle central contre les vols d'oeuvres d'art, au moyen de notices internationales qui empêchent leur revente.
Point névralgique des polices du monde, Interpol fut la cible d'attentats, notamment un du groupe français d'extrême gauche Action directe en 1986.