Abdallah Boumezaar, 28 ans, a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Toulon à trois ans de prison, et sa compagne à 10 mois, pour détention de stupéfiants et pour un cambriolage qui avait précédé de peu le 17 juin 2012 le meurtre de deux femmes gendarmes, à Collobrières (Var).
Ils devront répondre du meurtre des deux femmes gendarmes devant les assises du Var, à Draguignan, en février.
Les deux prévenus, qui étaient également poursuivis vendredi pour le transport et la détention de 196 grammes de cannabis, retrouvés dans un sac de la jeune femme après les faits, ont été condamnés à trois ans de prison pour Abdallah Boumezaar, et 10 mois de prison pour Inès Farhat, 22 ans, condamnée pour recel mais relaxée des faits de transport de stupéfiants.
Détention de stupéfiants
Dans sa plaidoirie, l'avocat de M. Boumezaar, Me Stéphane Colombe, a appelé la cour à faire abstraction des faits qui ont suivi le cambriolage et la tentative de cambriolage: le prévenu avait abattu, avec l'arme de l'une d'elles, deux femmesgendarmes intervenues à son domicile à Collobrières, à une quarantaine de kilomètres de Toulon, après avoir été alertées par une des victimes des cambriolages.
Il ne vous revient pas aujourd'hui de juger le tueur des deux gendarmes de Collobrières", a martelé Me Colombe,
reconnaissant que les faits jugés vendredi sont "à l'origine des événements dramatiques qui vont se dérouler en cascade ensuite" tout en déplorant "l'intensité" des peines requises par le procureur Xavier Tarabeux.
5 ans requis
Ce dernier avait requis cinq ans de prison à l'encontre de M. Boumezaar, déjà condamné à plusieurs reprises, et deux ans et demi à l'encontre de sa compagne, Inès Farhat, 22 ans, présente lors de l'audience et elle aussi déjà condamnée plusieurs fois.Abdallah Boumezaar comparaissait par visioconférence depuis la prison lyonnaise où il est détenu. En pull bicolore noir et blanc, barbu, il était assis derrière une table blanche.
Les affaires jugées vendredi "s'inscrivent dans ce qui est beaucoup plus grave et qui viendra en février devant les assises du Var", a lancé, au cours de son réquisitoire, Xavier Tarabeux.
"Il y a une logique factuelle: ce cambriolage et cette tentative de cambriolage sont le point de départ de ce qui va aboutir au double homicide aggravé des deux gendarmes", a-t-il souligné.
"Je lui disais qu'il faisait n'importe quoi !"
Plaidant la relaxe, l'avocat d'Inès Farhat, Jean-Claude Guidicelli, a assuré regretter qu'on veuille "à tout prix présenter M. Boumezaar et Inès Farhat comme un couple diabolique, uni dans le mal".Disant craindre un procès "symptomatique et annonciateur de ce qui se passera dans quelques mois devant les assises", Me Guidicelli a estimé que sa cliente aurait dû bénéficier du statut de témoin assisté et "même de témoin, tout simplement".
"Je ne peux pas me satisfaire de ce beau résultat", a commenté l'avocat, après l'énoncé du jugement:
"Je suis conscient qu'il s'agit d'un marchepied judiciaire à ce qui va se passer devant les assises".
Sa cliente doit faire appel. "Par rapport aux réquisitions, ce jugement me rassure: je pense avoir été entendu", a de son côté estimé Me Colombe.
Provocation
Au cours de l'audience, Abdallah Boumezaar, oscillant entre agacement palpable et provocation face aux questions de la présidente, a plusieurs fois dédouané sa compagne: "C'est tout simple, y a pas midi à 14 heures, je suis allé cambrioler", a-t-il expliqué. "Quand je suis revenu, elle était pas contente (...).Dans cette affaire, c'est moi le fautif, Inès Farhat, elle en voulait pas", a-t-il assuré.
La prévenue, en pantalon et veste noirs, acquiesce: "Je lui disais qu'il faisait n'importe quoi !".
17 juin 2012 deux gendarmes tuées
Le 17 juin 2012, après déjà un premier vol, Abdallah Boumezaar avait été surpris par les habitants d'une maison qu'il était en train de cambrioler à Collobrières.Son signalement avait immédiatement mis les gendarmes sur la piste de cet homme, déjà condamné. Quelques minutes plus tard, les gendarmes Alicia Champlon, 28 ans, et Audrey Berthaut, 35 ans, se présentaient à son domicile.
Abdallah Boumezaar tirait sur Audrey Berthaut après une bagarre au cours de laquelle il s'était emparé de l'arme de la fonctionnaire, avant de poursuivre et d'abattre sa collègue dans la rue. Le couple avait été interpellé la nuit suivante.