Un geste héroïque. Ce vendredi 24 janvier, à Bassens en Gironde, un enfant de 7 ans est victime d’une tentative d’enlèvement sous les yeux de sa mère. Le ravisseur a finalement été empêché par un homme, Saalah Hyadoui, qui se trouvait à proximité des lieux. Pourchassé par ce dernier, l’auteur a finalement été interpellé par les policiers.
Lorsqu’il a entendu les cris de cette mère de famille, le sang de Saalah Hydaoui n’a fait qu’un tour. “Je me suis soulevé de ma chaise et j’ai couru”, raconte cet habitant de Bassens, habitué du Bar 2000, situé à quelques mètres de l’arrêt de bus Somme, situé à Bassens, où se sont déroulés les faits.
"Il était louche"
Ce vendredi 24 janvier, comme à son habitude, Saalah Hydaoui prend son café en terrasse. Quelques personnes sont assises sur d’autres tables. Une scène quotidienne pour cet habitant d’Ambarès-et-Lagrave qui a ses habitudes dans ce secteur de Bassens. Pourtant, ce jour-là, vers 15 h 30, son attention est attirée par un homme qui arpente la rue. “Il était étrange, il est resté là presque une heure. Je ne l’avais jamais vu dans le secteur alors, je me suis demandé ce qu’il faisait. Il était louche”, explique Saalah Hydaoui.
Son instinct a vu juste. Vers 16 h 30, il entend les cris d’une femme, accompagnée d’un enfant de deux ans, qui attendait le bus. “Elle criait si fort. Elle hurlait “mon enfant”, “à l’aide”, “il m’a pris mon enfant”, détaille l’Ambarésien. J’ai bondi de ma chaise et j’ai regardé partout. C’est là que j’ai vu l’homme étrange avec un enfant de 7 ans dans les bras.”
"J'ai eu un peu peur"
Sans réfléchir, Saalah Hydaoui se lance à sa poursuite. “Quand il m’a vu, il a posé le garçon par terre et s’est mis à courir”, explique-t-il. L’homme voulait lui échapper. En vain. “Je ne l'ai pas lâché. On a dû courir 500 mètres avant que je ne l’attrape”, raconte l’Ambarésien qui arrive à immobiliser le ravisseur. À ce moment-là, Saalah Hydaoui l’avoue franchement, il a eu peur. “J'étais tout seul dans la rue. Je me suis dit que je ne savais pas ce qu’il avait dans ses poches. J’ai eu un peu peur, oui”, reconnaît-il.
Pourtant, l’homme ne se démonte pas. Il parlemente avec le ravisseur, récalcitrant à l’idée de rester avec lui. “J’ai tenté de l’amadouer en lui disant que je lui offrais un café. Je ne voulais pas le laisser partir. Ses jambes tremblaient”, explique-t-il. Saalah Hydaoui obtient finalement gain de cause et réussit à faire assoir à la terrasse du café l’individu. “Là, les gens qui étaient présents, cinq ou six personnes, ont voulu le frapper. Ils ne s’étaient pas levés, mais là, ils voulaient agir”, soupire l’Ambarésien. Lui refuse et demande à la mère de famille, qui les avait rejoints, d’appeler les gendarmes.
Elle pleurait, pleurait et me répétait sans cesse “sans toi, mon fils serait mort. Tu as sauvé mon enfant”.
Saalah Hydaoui,Habitant d'Ambarès-et-Lagrave
Un quart d’heure plus tard, deux voitures de police se garent à proximité du café. “Ils lui ont directement passé les menottes. Moi, ils ont pris mes coordonnées pour que je vienne témoigner”, explique Saalah Hydaoui. Il se rendra quelques jours plus tard au commissariat central de Bordeaux pour livrer son témoignage. “Ils m’ont félicité en me disant que j’avais fait un geste humain et citoyen”, se réjouit l’Ambarésien, réconforté par les mots des policiers.
Grâce aux nombreuses caméras de surveillance présentes sur les lieux, le témoignage de Saalah Hydaoui a pu être confirmé. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme, âgé de 27 ans et d'origine pakistanaise a été placé en hôpital psychiatrique à Cadillac. Il n’aurait aucun lien avec la mère de famille victime de cet enlèvement.
Félicitations des édiles
Depuis, le geste héroïque de Saalah Hydaoui a fait le tour de ce quartier de Bassens. “Je recroise souvent cette maman et ses enfants et à chaque fois, elle me remercie, sourit l’Ambarésien. Dans le quartier, il y a des habitants qui me reconnaissent et qui sont venus me féliciter.”
Un acte de courage qui est remonté jusqu’aux maires des deux communes concernées. “Nous allons recevoir Monsieur Hydaoui avec le maire de Bassens pour le remercier et le féliciter pour son action citoyenne”, indique Nordine Guendez, le maire d’Ambarès-et-Lagrave. Des proches ont également demandé, sur conseil d'élus, l’attribution d’une médaille pour acte de courage et de dévouement. Saalah Hyadoui rencontrera donc ce jeudi, en fin d'après-midi, les deux édiles.
Parmi ces louanges, l’habitué du café 2000 a cependant noté le début d’un climat de peur. “Il y a des gens qui laissaient leur enfant aller à l’école tout quel parce que c’était juste à côté. Maintenant, ils ont peur que ça arrive à leur enfant”, regrette Saalah Hydaoui.
"Tout dépend de la situation"
Si le geste de Saalah a été unanimement salué, les risques qu'il a pris ne sont pas à minimiser. "Tout s'est bien déroulé et sans lui, on ne sait ce qu'il serait advenu de cet enfant", reconnaît la police nationale de Gironde. Intervenir lorsqu'on est témoin d'un méfait est en effet prévu dans le code pénal, à l'article 73.
Pour autant, "il y a la pratique et la situation". "Tout dépend des risques encourus et de la nécessité d'agir immédiatement. Nous avons eu des cas où l'issue a été favorable et l'individu interpellé, mais nous préconisons d'appeler le 17", indique la police, rappelant l'intervention d'un adolescent qui a sauvé une jeune femme d'une tentative de viol, le 23 février 2023.
Les forces de l'ordre préconisent plutôt de suivre l'auteur des faits à distance, en relevant un maximum d'informations. "Souvent, ce qui pêche dans le témoignage des victimes, ce sont les descriptions des individus ou des éléments, comme les plaques d'immatriculations. Elles sont sous le choc et une confusion s'installe, explique la police. Alors que des témoins peuvent avoir le recul pour rapporter ces éléments."
Rôle clé dans cette intervention, les policiers ont tout de même salué la bravoure de Saalah Hydaoui, devenu le nouveau héros du quartier et sûrement des deux jeunes enfants.