Jean-Marc Conrad, l'ancien président du club AC Arles Avignon, ainsi que cinq autres personnes, ont été mises en examen pour corruption dans une affaire de matches présumés truqués.
Jean-Marc Conrad, l'actuel président du club de Nîmes ( L2), ainsi que son principal actionnaire Serge Kasparian, ont été mis en examen ainsi que quatre autres personnes pour corruption dans une affaire de matches truqués. Jean-Marc Conrad avait présidé l’AC Arles Avignon entre 2008 et 2010. Son entourage avait été inquiété par la justice dans ces années là pour avoir exercé des pressions sur des adversaires.
Jean-François Fortin, président du Stade Malherbe de Caen (L1), figure également parmi les mis en examen. Des interdictions d'exercer ont aussi été prononcées à l'encontre de ce dernier et de Jean-Marc Conrad.
Les trois autres protagonistes de l'affaire sont l'homme d'affaires Michel Moulin, le président du club amateur de l'AS Ararat à Issy-les-Moulineaux, Franck Toutoundjian, et Kaddour Mokkedel, responsable de la sécurité du club de Caen. Une interdiction d'exercer a également été prononcée contre ce dernier.
Pressions et arrangements
Les six sont poursuivis pour corruption active ou passive "dans le cadre de manifestations sportives pouvant donner lieu à des paris sportifs". Un contrôle judiciaire leur a été imposé qui leur interdit d'entrer en contact les uns avec les autres.Serge Kasparian, qui apparaît comme un acteur central, est détenu dans le cadre d'une autre affaire, dite du cercle de jeux Cadet, qu'il dirige.
Les juges parisiens Serge Tournaire et Hervé Robert soupçonnent les dirigeants nîmois d'avoir exercé des pressions et proposé des arrangements à d'autres clubs à la fin de la saison passée dans le but d'éviter la relégation du club qu'ils venaient de reprendre, qui aurait été lourde de conséquences financières.
Les enquêteurs disposent d'écoutes téléphoniques, notamment de Serge Kasparian.
Ce dernier a reconnu la teneur des conversations écoutées et avoir tenté d'influer sur le résultat de matches, selon une source policière.
"Ouais, il nous faut un point"
Parmi les matches suspects figure un Caen-Nîmes le 13 mai. Le résultat (1-1) avait fait les affaires des deux clubs, Caen montant ensuite en Ligue 1 tandis que Nîmes assurait son maintien. Au centre des interrogations des enquêteurs, des caisses de vin offertes par Nîmes."Mon client démontrera dans ce dossier sa totale innocence des faits qui lui sont reprochés", a commenté l'avocat de Jean-François Fortin.
Autre rencontre suspecte, un match entre Dijon et Nîmes remporté 5-1 par Dijon le 24 avril.
Proche de Jean-Marc Conrad et de l'entraîneur de Dijon, Olivier Dall'Oglio, dont la garde à vue avait été levée mercredi, Michel Moulin est soupçonné d'avoir joué un rôle d'intermédiaire.
"Ce n'est pas le cas, mon client n'a pas pris la moindre somme d'argent et ce match n'a pas été truqué puisque Dijon a battu Nîmes 5-1", a déclaré Me Patrick Maisonneuve.
Michel Moulin a été conseiller sportif du Paris SG d'avril à mai 2008 puis manager sportif du club du Mans en 2010. C'est également un homme de presse : il avait fondé puis revendu le journal gratuit ParuVendu et participé à la création de l'éphémère journal "Le 10 Sport", lancé fin 2008 pour concurrencer L'Equipe.
Face à cet épisode qui fait ressurgir le souvenir du match truqué Marseille-Valenciennes en 1993, les plus hautes instances du foot français, la Ligue de football professionnel (LFP) et la Fédération française de football (FFF), se sont constituées parties civiles.
C'est à la faveur d'une toute autre enquête - celle sur le cercle de jeux Cadet pour laquelle Serge Kasparian qui le dirigeait a été placé en détention provisoire en octobre - que ces soupçons de trucage sont apparus.
Les écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre de cette enquête, confirmées à l'AFP de source policière et dont le Canard Enchaîné publie des retranscriptions, nourrissent les soupçons des enquêteurs.
Le jour du fameux match entre Caen et Nîmes, les deux présidents se sont téléphoné, selon le Canard enchaîné :
Question de Fortin : "Toi c'est un point aussi (qu'il te faut ?)."
Réponse de Conrad : "Ouais, il nous faut un point, voilà."
Et Fortin de poursuivre:
"Ben, si on n'est pas trop cons, hein?"