Contraint de présenter un budget amputé de 302 000 euros, le Festival d'Avignon pourrait ne pas ouvrir un de ses lieux emblématiques, la Carrière Boulbon. Une situation qui est loin d'être unique en France. De nombreux artistes dénoncent "l'effritement du réseau culturel"
Plusieurs dizaines d'artistes français doivent lancer ce mercredi 10 décembre au Théâtre de la Colline à Paris un "appel collectif et solennel" à tous les élus et au gouvernement
pour le maintien du réseau culturel en France dont ils constatent "l'effritement déjà visible".
Des grands noms du théâtre et du cinéma
Parmi les signataires de cet appel lancé par le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), figurent de grands noms du théâtre et du cinéma comme Mathieu Amalric, Emmanuelle Béart, Denis Podalydès, de nombreux acteurs de la Comédie-Française dont son administrateur Eric Ruf, des metteurs en scène de premier plan (Jean-Pierre Vincent, Ariane Mnouchkine, Stéphane Braunschweig) et des directeurs de théâtres comme Jean-Michel Ribes (Rond-Point).Une conjonction d'éléments peut nous faire disparaître à grande vitesse s'il n'y a pas un sursaut . C'est tout le réseau issu de la décentralisation qui est menacé d'effondrement .Un peu partout, les budgets de la culture sont la première victime des restrictions budgétaires . On voit de plus en plus d'élus qui interviennent à la fois sur les budgets et sur les contenus mêmes. De nouveaux maires veulent choisir eux-mêmes la programmation des théâtres, c'est un peu comme si le maire intervenait sur les contenus de l'éducation nationale
A expliqué Madeleine Louarn, présidente du Syndeac.
L'Etat s'est engagé à stabiliser le budget de la culture sur trois ans, mais il vient d'imposer un gel de 8% aux crédits d'intervention du ministère de la Culture, comme à l'ensemble des ministères. Le gouvernement a aussi baissé ses dotations aux collectivités, ce qui les conduit à couper dans leurs dépenses culturelles. Deux orchestres d'envergure internationale,
Les Musiciens du Louvre à Grenoble et Les Arts Florissants à Caen, ont vu remise en cause la convention les liant à la ville. La réforme territoriale, qui va chambouler l'équilibre des financements croisés Etat-Villes-Régions-Départements, inquiète également le monde de la culture. "Il faut que le spectacle vivant ait une place particulière dans la loi de réforme territoriale, que l'Etat garantisse la création partout sur le territoire", juge Madeleine Louarn.
Outre l'appel lancé solennellement mercredi au Théâtre de la Colline, une lettre ouverte à la ministre de la Culture Fleur Pellerin doit être rendue publique. "Nous demandons à la ministre de prendre la parole sur le spectacle vivant. On l'a beaucoup entendu sur le numérique et un peu sur la création, mais cela ne suffit pas face aux menaces qui pèsent sur le secteur", a souligné Madeleine Louarn.
Avec AFP