Il y a 20 ans, 173 passagers otages du GIA sauvés

Il y a 20 ans, le GIGN sauvait les 173 otages d'un vol Air France détourné par des terroristes algériens, une opération inédite qui préfigurait la volonté jusqu'au-boutiste de l'islamisme radical, aujourd'hui prôné par l'organisation Etat Islamique (EI).

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La libération des passagers du vol AF8969 de Marignane "marque une rupture dans la menace, avec l'émergence d'un terrorisme nouveau que le monde découvrira avec les attentats du 11-septembre", estime le directeur général de la gendarmerie nationale, Denis Favier, qui avait mené l'assaut.

Le 24 décembre 1994, un commando du Groupe islamique armé (GIA) détourne un Airbus d'Air France à Alger. Otages exécutés, tensions entre gouvernements, déplacement
du drame ensuite à Marseille, assaut des gendarmes d'élite du GIGN en direct, rien n'a manqué pendant 54 heures pour donner à cette action un retentissement considérable.

"Nous sommes alors confrontés aux prémices d'un terrorisme structuré pour lequel la notion de reddition est impossible. Les terroristes ne sont plus dans une logique de négociation mais dans une logique de mort", ajoute le général d'armée Favier.


Le 26 décembre, peu avant l'expiration de l'ultimatum arrêté à 17H00, les pirates stationnent l'Airbus au pied de la tour de contrôle de l'aéroport de Marignane, où il a fait escale pour faire le plein de carburant. Deux coups de feu sont tirés. "Tu vas payer. Encore trois minutes et Inch Allah", crie le chef du commando au préfet chargé de négocier.

A 17H12, l'assaut est donné. Trois groupes du GIGN foncent vers l'avion, juchés sur des passerelles mobiles. L'un d'eux ouvre la porte avant de l'appareil à quelques mètres du cockpit où sont regroupés les terroristes. Jets de grenade, échanges de tirs nourris pendant 20 minutes. Les quatre pirates de l'air sont tués, tous les passagers sont sains et saufs, neuf gendarmes et trois des 12 membres d'équipage sont blessés.

Retour sur expérience

Si cette opération, inédite, "a été une réussite très forte, qui fait encore référence", "elle nous incite à l'humilité", estime Denis Favier. "On l'a analysée parce qu'elle était à la limite de ce que nous pouvions faire techniquement".
Un retour sur expérience va amener à une restructuration en profondeur du GIGN, en 2007, et à "durcir les capacités d'intervention": adaption des volumes de l'unité, formation plus pointue des gendarmes à la négociation et aux techniques d'assaut, développement des différents capteurs sonores et vidéos permettant l'acquisition du renseignement en opération...
Face aujourd'hui à une menace protéiforme, le GIGN, en sa qualité d'unité de référence
en contre-terrorisme, se prépare à tous les scenari, des tueries de masse de Bombay
en 2008 ou des tueries planifiées du centre commercial de Nairobi en 2013 aux assassinats
de Mohamed Merah ou de Medhi Nemmouche au nom du jihad.

"L'évolution permanente des modes opératoires de nos adversaires nous impose de réagir et de nous adapter aussi bien au plan tactique qu'au niveau des équipements. Il nous faut trouver les moyens d'être toujours plus réactifs car, au final, notre principal ennemi, c'est le temps", estime l'actuel patron du GIGN, Hubert Bonneau.

Fort de 380 gendarmes triés sur le volet, le GIGN est capable d'en déployer en
cas de crise 180 en moins de quatre heures et dispose sous un même toit de toutes
les capacités techniques et compétences permettant de faire face à une crise majeure.
Néanmoins, l'organisation de l'Etat Islamique, qui représente aujourd'hui la plus
grande menace terroriste en France, a adapté elle aussi sa riposte. Elle encourage
les candidats au jihad à lancer des attaques contre les "infidèles", militaires,
policiers ou même civils.
Des actions simples à mettre en oeuvre, avec peu de matériel et jouant sur l'effet
de surprise, à l'instar de celle commise samedi dans un commissariat à Joué-les-Tours
(Indre-et Loire), au cours de laquelle un homme a été abattu après avoir agressé
à l'arme blanche des policiers.
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