Talonneur remplaçant du XV de France jusqu'à l'été dernier, Guilhem Guirado ne cesse depuis de s'affirmer comme titulaire, une mue qui a pris forme la saison dernière à Perpignan et n'a cessé de se poursuivre, en juin en Australie puis à Toulon.
Trois ans et demi qu'il attendait ça ! Entre novembre 2010 face aux Fidji (34-12) et le premier test-match de la Tournée de juin en Australie (23-50), Guirado (28 ans, 27 sél.) a dû longuement patienter pour de nouveau débuter en Bleu, successivement barré par William Servat, Dimitri Szarzewski et Benjamin Kayser.
Passé par toutes les sélections de jeunes, jusqu'à être sacré champion du monde des -21 ans en 2006, Guirado n'a depuis plus quitté son nouveau costume de N.1, sauf lors du dernier test-match de l'automne face à l'Argentine (13-18).
Samedi, il guidera de nouveau la première ligne tricolore à Dublin, après sa bonne performance contre l'Ecosse en ouverture du Tournoi (15-8) où, sûr dans ses lancers et solide en mêlée, il s'est aussi montré très actif dans le jeu, en attaque comme en défense (10 plaquages en 48 minutes).
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'Le prototype du talonneur moderne'
Son ancien entraîneur à Perpignan Bernard Goutta s'est montré pour l'AFP encore plus dithyrambique: "C'est un leader naturel mais il a d'abord des qualités physiques hors normes. C'est véritablement un +quatrième troisième ligne+, le prototype du talonneur moderne dans ce rugby de déplacement et d'explosivité: fort sur les bases, plaqueur, gratteur et avec en plus une grosse activité."De quoi provoquer les éloges ce mercredi de Philippe Saint-André: "Il est de plus en plus précis au niveau de ses lancers. Il est en train de devenir un meneur d'hommes au niveau du combat. Et il se déplace beaucoup, est fort à l'impact et conteste de plus en plus (le ballon): c'est lui qui récupère les trois premiers points (samedi, en grattant). C'est un joueur en confiance."
Cette mue a commencé la saison dernière à Perpignan, malgré un exercice traumatisant qui a vu l'Usap, son club de coeur où il a été formé, être relégué en Pro D2.
Bertrand Guiry blessé, Guirado le Catalan pur jus, né à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales), a en effet hérité du capitanat, ce qui l'a "obligé à mettre (son) naturel discret un peu derrière (lui)", comme il le soulignait en juin en Australie.
'Voir les choses différemment'
"Cela a été riche d'enseignements, il y avait une vraie fierté. Cela permet d'évoluer, de voir les choses différemment", ajoutait-il.Puis se présente cette tournée en Australie où il profite des absences sur blessure de Szarzewski et Kayser pour commencer comme titulaire, après 19 sélections comme remplaçant.
Grande satisfaction de cette tournée "Down Under" collectivement désastreuse, il sera récompensé par un essai lors du dernier test à Sydney (13-39).
"J'ai pris du plaisir. Je me suis dit: tu y es, si tu as l'occasion de jouer, sois fier et montre que tu es au niveau. Tu te dois d'être exemplaire. J'ai essayé de profiter un maximum et d'être le plus expressif possible sur terrain", s'est-il souvenu cette semaine.
Dernière étape de cette métamorphose, son départ de Perpignan pour Toulon à l'intersaison, "un choix assez difficile, vraiment dur".
Mais quitter son cocon catalan pour se mettre en danger chez le champion de France et double champion d'Europe en titre, où la concurrence est plus forte, l'a fait franchir un cap, même s'il faut un peu le pousser pour qu'il l'admette.
"Est-ce que forcément changer de club te fait mieux t'exprimer ? C'est délicat. Suis-je moins dans le confort ? Cela voudrait dire que je me laissais aller à Perpignan, ce n'est pas ça. Mais il y a plus de concurrence, c'est sûr. J'ai aussi eu la chance de jouer la Coupe d'Europe. Travailler avec le Rugby club toulonnais m'a permis d'évoluer." Et c'est tout le XV de France qui en profite. (Avec AFP)