Face à l'expansion du prédateur en France, l'Etat prévoit d'augmenter le pourcentage de loups pouvant être tués et de renforcer la protection des troupeaux. Dans les Alpes-de-Haute-Provence certains éleveurs jugent ces mesures insuffisantes.
C'est le cri du coeur de Pierre Pélestor, éleveur dans les Alpes-de-Haute-Provence, une réaction qui fait suite à la nouvelle mouture du plan loup, présenté au nom de l'Etat, hier, lundi 28 mai à Lyon, par le préfet d'Auvergnes-Rhône-Alpes, en charge du dossier.J'attends des choses plus concrètes, il faut que les éleveurs et les chasseurs aient plus de droits pour tirer, il faut que le gouvernement et l'Europe nous aident en ce sens...500 loups c'est un chiffre sous évalué, il y en a beaucoup plus, on en voit partout.
Lors de cette réunion, le gouvernement a notamment annoncé qu'il avait pris la décision de relever le pourcentage de loups pouvant être tués d'une fourchette de 10-12% à 17-19%.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Pierre Pélestor élève des poulains et des moutons. Il déclare "vivre en permanence avec l'angoisse", selon lui "les meutes de loups sont partout, elles ont été comptées, surveillées mais toujours minorées".
Face à cette situation cet éleveur explique s'être "équipé"de patous, des chiens de montagne de grande taille, avoir acheté des lamas, des animaux très bruyants qui font fuir le loup, mais aussi avoir pris la décision de faire pouliner ses juments dans des boxes équipés de caméras de surveillance. Malgré cela, il estime la situation "insupportable":
On ne peut pas toujours travailler avec une arme sur nous, on sait très bien qu'une bête qui ne sera pas rentrée le soir, il n'y a aucune chance pour qu'on la retrouve le lendemain.
Un éleveur qui rajoute à propos des annonces de l'Etat : "Il faudrait une très grosse régulation du loup, il faudrait que les éleveurs soient plus aidés par des associations, il faudrait plus de brigades pour défendre les agriculteurs qui n'ont pas les moyens...il y a beaucoup trop de loups"
La nouvelle mouture du plan loup
Lors de la réunion du "Groupe national loup et activités d'élevage" mardi à Lyon, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage a confirmé que le nombre de loups en France avait dépassé le seuil des 500 adultes à la sortie de l'hiver.
En 2018, 3.674 attaques ont eu lieu contre plus de 12.500 animaux, principalement des ovins. Ces attaques se concentrent sur les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence et la Savoie.
L'Etat finance actuellement des dispositifs de protection dans les zones de prédation (parcs électrifiés, chiens, gardiennage par des bergers). Il existe deux types de zones en fonction de la fréquence des attaques.
Il est prévu d'en ajouter une troisième, un "cercle 0", avec possibilité d'un gardiennage permanent des troupeaux par des bergers, de tirs de défense par trois personnes et d'"autoriser les tirs de prélèvement (...) dès que le niveau de prédation n'est plus acceptable".
Des "tirs de défense" jugées contradictoires avec le statut d'espèce protégée au niveau français et européen du loup par Marie-Paule Thiersant, de la Ligue de protection des oiseaux, qui défend aussi l'espèce. En facilitant les tirs, "on rentre dans un processus de régulation de l'espèce".