Une baignoire mobile pour les brebis, le concept peut paraître surprenant, c'est la solution trouvée par une association d'éleveurs alpins pour traiter les parasites des troupeaux sans injection et de manière plus efficace. À Gréoux-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un éleveur a testé ce dispositif.
Ce vendredi 7 juin, les brebis de Mathieu Solda, éleveur à Gréoux-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont testé une nouvelle activité, le bain. Une toilette médicale, puisqu'elles ont été plongées dans une eau avec du produit traitant les acariens porteurs de la gale.
Une baignoire mobile
Pour pouvoir faire trempette, les brebis ont dû au préalable monter une rampe avant d'être immergées.
La montée était plutôt timide. Pour être efficace, l'immersion doit durer au moins 30 secondes. Les éleveurs à l'origine du concept venus faire la démonstration ont été obligés de les pousser un peu pour les faire avancer. Elles entrent ensuite dans une sorte de corridor rempli d'eau, à la file indienne.
"Elles sont bien canalisées, la seule chose à régler, c'est le pont, elles doivent passer la tête dessous, la première a réussi d'elle-même à faire l'apnée, les autres se sont mises un peu en travers, c'est pour cela qu'on est intervenus ", détaille Sylvain Béhéty Concepteur de la baignoire.
"Il faut être attentif, car on préserve leur santé, quand même", ajoute le concepteur du projet.
"La brebis, elle flotte"
Premier passage réussi. La cuve fait un mètre 60. Les bêtes n'ont pas pied, mais pas de problème parce qu'une brebis, ça flotte.
"On se dit qu'avec la laine, tout imbibée, elles devraient couler, mais la brebis, c'est un ruminant, et un ruminant, ça a une panse, et la panse, c'est une cuve de fermentation, où il y a du gaz, du méthane et ce méthane, fait que la brebis, elle flotte. Les brebis, les vaches, ça flotte. Donc ce n'est pas un problème pour elles".
Dans l'eau, un produit permet d'éradiquer les acariens porteurs de la gale, un fléau pour les troupeaux.
"Chez les ovins, c'est aussi très contagieux, et après les animaux se grattent donc, c'est très désagréable pour le bien-être animal. Ils passent leur temps à se gratter, donc ils ne s'engraissent pas, et puis c'est contagieux d'un troupeau à l'autre. C'est vraiment un problème pour nous dans notre système de transhumance, puisque lorsqu'un troupeau est atteint, les voisins aussi.", précise Eric Belleau, vétérinaire du Groupement de défense sanitaire 04-05.
Gain de temps et risque de propagation limité
Après l'égouttoir, descente en toboggan. Mais l'éleveur juge la pente trop raide. Le concept de baignoire mobile lui est validé.
"Bien souvent, c'est compliqué de déplacer tout le troupeau pour le traiter, là, c'est plus simple avec la remorque qui transporte cette baignoire, et de traiter le troupeau sur place, et aussi pour éviter de déplacer la maladie", constate Mathieu Solda, éleveur.
Le Groupement de défense sanitaire des éleveurs, le "GDS", a investi 55 000 euros dans ce prototype. Il se déplacera sur les exploitations des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence à la demande. Chaque année dans notre région, 630.000 brebis se déplacent.