Ces dernières années, le nombre de nouvelles exploitations a augmenté dans les Hautes-Alpes. Les terres viennent à manquer pour les jeunes agriculteurs qui souhaitent s'installer ou se développer.
Les ovins, c'est une affaire de famille chez les Briançon. Les grands-parents de Marianna étaient bergers, son père est éleveur de brebis mérinos d'Arles depuis 30 ans. Depuis quatre ans, la jeune femme travaille avec son père. Elle ne voit pas son avenir sans ses moutons.
Mais les terres qu'ils occupent à Veynes sont en location et elles doivent être prochainement rendues à leurs propriétaires qui souhaitent y installer leurs propres enfants. Marianna Briançon ne sait pas où elle pourra installer son troupeau.
"On a quand même 200 bêtes, on va devoir augmenter le troupeau si on veut vivre à deux, 300 bêtes, on ne les met pas sur un petit terrain", explique l'agricultrice de 29 ans, à nos journalistes Jules Boudier et Fabien Madigou. Elle cherche donc une ferme assez grande, pour pouvoir "se tirer un revenu à deux" mais pas "une ferme à 500 000". "Parce que je ne les ai pas et je ne veux pas me tirer une balle dans le pied avant de commencer", ajoute l'éleveuse, élue Miss Agriculture 2022.
Depuis trois ans, elle cherche en vain. "C'est difficile parce qu'on a une date butoir. En 2025, on devra laisser ces terres-là, et je ne peux pas mettre tout ça dans un garde-meuble".
Plus de 50 installations en 2023
Le cas de Marianna Briançon n'est pas isolé. De nombreux jeunes agriculteurs renoncent à leur projet d'installation faute de terres. Les Hautes-Alpes sont victimes de leur succès.
Il y a pas mal de monde qui cherche des fermes, on m'a encore appelé la semaine dernière, des gens qui souhaitaient s'installer en élevage caprin.
Thomas Fortoul, éleveur, responsable installation du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) 05à France 3 Provence-Alpes
Une cinquantaine d'installations ont lieu en 2023. Marianna Briançon, elle, devra partir dans un département voisin pour continuer son activité.
Dans les Hautes-Alpes, l'activité agricole, aux deux tiers orientée vers l'élevage, occupe plus d'un tiers du territoire. Le département compte 1560 exploitations, soit 8% des fermes de la région. Un tiers d'entre elles sont spécialisées dans l'élevage ovins et caprins.