Disparition du petit Emile au Vernet : le phénomène du "tourisme malveillant" inquiète le maire

Après la disparition du petit garçon de deux ans et demi dans le hameau du Haut-Vernet le 8 juillet, le maire de la commune craint l'arrivée de touristes sur le lieu du drame. Des excursions qui ont déjà eu lieu lors d'affaire précédentes.

Interdit de passer. De nouvelles recherches ont été lancées pour retrouver Emile, l'enfant de deux ans et demi disparu au Vernet, dans les Alpes de Hautes-Provence, samedi 8 juillet. François Balique, le maire de la petite commune de 125 âmes, a renouvelé l'interdiction d'accès au hameau pour 15 jours, pour préserver la tranquillité des habitants et empêcher un "tourisme malveillant". France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur vous explique ce phénomène.

C'est quoi le tourisme malvaillant ?

Certains lieux attirent des touristes à cause d'évènements dramatiques qui s'y sont déroulés, notamment des faits divers ou des drames historiques.

C'est notamment ce qui se produit après l'affaire Grégory, des curieux viennent visiter le village de Lépanges-sur-Vologne, où l'enfant a disparu.

Autre exemple, le drame de Vaison-la -Romaine, dans le nord Vaucluse le 22 septembre 1992. 42 morts et disparus. Dès le lendemain, le village endeuillé attire de nombreux photographes amateurs désireux d'immortaliser le tristement célèbre pont romain sur lequel une caravane s'est encastrée. 

Selon Saskia Cousin, anthropologue spécialiste du tourisme, l'attirance pour ce type de lieux naît souvent à cause de la couverture médiatique. "En relayant ad nauseaum les faits divers, les médias ont une grande responsabilité puisqu’ils produisent des "lieux de notoriété" que certains fréquenteront pour dire qu'ils y étaient", explique-t-elle à France 3 Provence-Alpes. 

Est-ce que c'est de la curiosité morbide ?

Il n'y a pas que l'attrait morbide qui motive les visiteurs de ces lieux. Dans le cas du Haut Vernet où a disparu Emile, certains peuvent ainsi se rendre sur place en espérant "aider", explique Fabrice Folio, maître de conférence à l'université de la Réunion. 

Derrière ce type de visite, il peut aussi y avoir une volonté de recueillement, surtout dans le cas des drames historiques. "On peut rapprocher cette démarche de celle d’un pèlerinage", précise Saskia Cousin. C'est par exemple le cas des visites à Auschwitz en Pologne, en mémoire du génocide juif pendant la Seconde Guerre Mondiale, ou à Gorée, au Sénégal, un des plus gros centres de commerce d'esclaves entre le XVe et le XIXe siècle. 

Est-ce que c'est un phénomène récent ?

"Les lieux de pèlerinages, le recueillement sur les lieux de drames préexistent au tourisme", explique Saskia Cousin. Mais le tourisme les favorise et les rend plus visible.

"C'est pour le meilleur et pour le pire. Pour le pire, il faut se souvenir que la première croisière, organisée en France, fût pour aller assister depuis le large au bombardement d’Alger", rajoute l'experte. 

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