Le site internet a été lancé en juillet dernier à Allos, dans les Alpes de Haute-Provence, il permet aux randonneurs de géolocaliser les troupeaux et les chiens de protection pour éviter tout accident.
"Ils sont impressionnants, c'est vrai" reconnait bien volontiers Bertrand Selosse, médiateur pastoral à Allos, commune des Alpes-de-Haute-Provence. Hauts sur pattes, le poil souvent blanc, les patous et autres chiens de protection sont devenus la hantise des randonneurs.
" J'avais énormément d'appels de gens qui voulaient savoir où se trouvaient les troupeaux pour les éviter. Il y avait une psychose autour des chiens de protection" atteste celui qui fait de la médiation pastorale depuis plus de cinq ans.
La mission des patous est de protéger le troupeau des prédateurs et plus particulièrement du loup. Chaque année les rencontres entre ces derniers et les randonneurs ou d'autres chiens ne se passent pas toujours bien.
En 2021, le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam) recensait dans huit département dont les Alpes-de-Haute-Provence, 70 incidents. Soit une trentaine de morsures sur personnes et 15 sur des chiens de promeneurs. 24 pincements ont également été comptabilisés.
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Géolocaliser et contourner
Face à ce constat, Bertrand Selosse réfléchit et travaille à développer un site pour que les randonneurs évitent les chiens de protection. Accessible depuis le 12 juillet dernier sur les smartphones, " Pastorando" géolocalise les troupeaux et donc les chiens de protection. Le dispositif est en phase d'expérimentation jusqu'à la fin de l'été et financé par l'Etat.
"La carte est actualisée régulièrement, on voit la position des brebis représentée par de grands cercles bleus, les randonneurs peuvent décider de contourner et de prendre une autre route pour éviter les chiens de protection" explique Bertrand Selosse.
Pour se faire, des colliers de localisation ont été mis au cou de deux brebis meneuses, de chacun des 13 troupeaux qui paissent dans la commune d'Allos. Le site donne aussi des conseils à appliquer en cas de rencontre avec les chiens de protection.
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Rétablir la cohabitation entre promeneurs et bergers
"Cette application elle est vraiment importante pour nous. La particularité de la commune d'Allos c'est qu'on a la fois du pastoralisme et des touristes dans la montagne et qu'il faut faire de la cohabitation" raconte Maurice Laugier, président de la communauté de commune Alpes-Provence -Verdon (CCAPV), qui a soutenu le projet.
Pour les éleveurs de la commune d'Allos, le recours aux chiens de protection est quasiment obligatoire pour protéger les troupeaux des loups. Cet été il y a eu 8 attaques de loups dans la commune, majoritairement ces dernières semaines. Ces chiens sont aussi essentiels aux éleveurs s'ils veulent pouvoir être indemnisés après une attaque.
Pour Lauriane Allègre, qui a ses moutons à Allos, cette application est aussi un soulagement : "Honnêtement, entre notre travail qui est déjà très stressant et la prédation, c'était du stress en plus les incidents entre nos chiens et les promeneurs".
Elle se rappelle il y a quelques années avoir été convoquée chez les gendarmes suite à la plainte d'un randonneur qui s'est fait pincer. " Il n'était pas prouvé que c'était mon chien, complète t-elle. Mais à chaque fois ce sont de nombreuses démarches pour nous: des déclarations à la gendarmerie, des tests de comportement à faire..." Elle pointe aussi la possibilité pour les éleveurs de localiser leurs propres bêtes pour qu'elles évitent de se mélanger avec d'autres troupeaux grâce au site internet.
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Une application prometteuse
A l'office de tourisme d'Allos aussi les retours sont positifs : " Les relations avec les promeneurs sont beaucoup moins tendues et beaucoup plus dans le partage. Ils choisissent maintenant vraiment leur trajet en fonction de l'application et se sentent plus en sécurité " confirme Elisabeth Berruer, directrice de l'office de tourisme d'Allos. Et seulement un incident est à déplorer avec les chiens de protection, contre cinq l'année dernière
3600 utilisateurs se sont déjà servis du site internet. " Nous devons faire un bilan à la fin de l'été sur l'expérimentation pour améliorer le service. Mais nous avons déjà eu beaucoup de demandes de la part des autres communes et du département qui sont intéressés" se félicite le président du CCAPV.
