Cinq binômes vont s'affronter au premier tour des élections départementales le 20 juin prochain dans le canton de Manosque 2, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Roland Aubert et Emmanuelle Fontaine-Domeizel (PS) avaient remporté ce canton avec 64,65% des suffrages face au RN en 2015.
Le département des Alpes-de-Haute-Provence, en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, est composé de 15 cantons et de 30 conseillers départementaux. Le président actuel, René Massette (PS), est candidat à sa propre succession lors des 20 et 27 juin prochains dans le canton de Digne 1.
Les forces en présence du département
Les candidats du canton de Manosque 2
Particularité de ce canton, l'union de la gauche et les socialistes ne partent pas ensemble. C'est donc une gauche un peu dispersée qui se présente .
"On doit se réunir pour des convictions et des idées, cela doit primer sur tout", annonce d'emblée Laurent Guidon, chef de file de l'union de la gauche assis juste à côté d'Emmanuelle Fontaine-Domeizel, conseillère départementale PS sortante.
"Deux listes de gauche sur ce canton, on y est habitués, et on se retrouve très souvent au deuxième tour", indique l'élue.
Autre particularité de ce département, il a fallu cohabiter en gouvernance partagée à la suite du décès du président Gilbert Sauvan, à l'âge de 61 ans, le 16 septembre 2017, des suites d'une longue maladie.
De nouvelles élections départementales ont été organisées à Digne-les-Bains en septembre 2017. C'est le socialiste René Massette qui a été élu, avec le soutien des voix de droite et du centre droit.
Selon Camille Galtier, "Avenir 04", réunion de la droite, du centre et de la société civile, seule sa liste ou celle de Laurent Guidon sont en capacité de diriger le département.
Pour re-situer qui est qui, avant de représenter "Debout la France", dans ce département, Laurent Raymondo était encarté à l'UMP. En face de lui, Emmanuelle Fontaine-Domeizel, conseillère départementale PS sortante, avait suivi Christophe Castaner, un temps à la République en Marche avant de revenir à son parti originel.
Les collèges du département
24 collèges sont installés sur le département, 19 publics et cinq privés.
Si les habitants semblent contents des installations, le candidat de l'union de la gauche semble lui être attaché "à la continuité du plan de rénovation des établissements, déjà entamé". Il insiste sur le fait de "prendre en compte la transition énergétique dans le cadre de ce plan de rénovation", et aussi de garder à l'esprit le besoin "d'espace et la circulation dans l'établissement", suite à la crise sanitaire. Il a terminé en apportant une attention particulière sur "l'alimentation dans les cantines avec un accent mis sur le local et le bio, sur les menus végétariens".
La construction d'un établissement coûte au département entre 30 à 40 millions d'euros, juste pour la construction, sans compter le budget d'entretien et de fonctionnement.
Camille Galtier, maire de Manosque et candidat (LR), regrette que "la construction de nouveaux collèges à Volx et Sainte-Tulle par exemple soit fait au détriment de la rénovation et de l'entretien de ceux déjà existants comme Jean Giono ou Mont d'or à Manosque".
"René Massette avait annoncé 15 millions d'euros investis dans la rénovation à venir en décembre dernier, plus que 12 millions en février, et maintenant c'est 10 millions. Si Monsieur Massette est reconduit dans ses fonctions, dans six mois il réduit à 5 millions?", s'interroge l'édile, un peu remonté contre ce qu'il considère des effets d'annonce.
"12 millions , c'est ce qui a été acté", corrige Emmanuelle Fontaine-Domeizel.
Elle revient aussi sur les menus de la cantine, sur les rénovations à venir, détaillant ce qui a déjà été fait et les prévisions à venir, précisant que "c'est un département rural avec des moyens limités, on ne peut pas tout faire en même temps".
Sécurité
Pour Laurent Raymondo, c'est surtout la sécurité physique des collégiens qui doit être assurée. Il regrette que l'aménagement extérieur de certains établissements ne permettent pas à ces élèves "d'attendre le bus en étant abrité par exemple".
Il n'en fallait pas plus pour que le volet sécuritaire soit abordé.
"Ce serait bien aussi que des patrouilles puissent passer, pour se faire connaître tout simplement", indique le candidat de "Debout la France".
"Portiques de sécurité, boutons d'alerte et visiophone, caméras de surveillance ou encore mise en place de médiateurs, avec un financement partagé entre les communes et le département ", propose le maire de Manosque, Camille Galtier, comme pistes, pour limiter l'insécurité aux abords des établissements.
"Le tout caméra", qui fait réagir le candidat de la Gauche Unie.
"Cela ne rime à rien, il faut être au plus près des jeunes. Mais c'est au département de jouer son rôle avec l'Education nationale", insiste-t-il.
Grands travaux
"Il faut avoir une vision globale du département", précise Emmanuelle Fontaine-Domeizel, élue départementale, estimant que les investissements avaient été bien répartis sur l'ensemble du département.
Camille Galtier (LR), regrette qu'en terme de voirie, "une loi ait été votée stipulant que l'entretien d'une départementale qui traverse une commune incombe à la commune plutôt qu'au département".
Il cite en exemple le décès d'une personne intervenu en novembre dernier, suite à des travaux qui traînent et que la commune a dû prendre en charge.
Un avis partagé par son opposant de la Gauche Unie, Laurent Guidon.
"Au niveau de la voirie, il faut sécuriser les voies pour les voitures, les piétons et les vélos, et mettre en place des pistes cyclables".
Une passe d'armes a lieu entre Emmanuelle Fontaine-Domeizel et Camille Galtier à propos des initiatives notamment du maire de Manosque de se tourner vers des villes expérimentées comme Aix, ou encore la métropole pour des méthodes de gouvernance.
"Quand on en a besoin, il faut savoir se tourner vers les autres et ne pas se regarder le nombril uniquement", répond l'édile à la conseillère départementale qui lui reproche peut-être d'avoir des envies d'ailleurs.
+7% d'aides sociales
La crise sanitaire a plongé de nombreuses personnes dans la précarité avec la perte d'activité forcée.
"Le département se doit de ne laisser personne sur le carreau, au contraire, il faut renforcer avec un RSA jeune, par exemple, avec l'accompagnement des personnes", explique Laurent Guidon, pour la Gauche Unie.
"Une dépense obligatoire pour accompagner les gens en situation de précarité, un accompagnement global", pour Emmanuelle Fontaine-Domeizel.
Un avis partagé aussi par le maire de Manosque Camille Galtier : "Il y a 4.500 bénéficiaires du RSA dans le département, il faut faire baisser ce chiffre à 3.000 à la fin de cette année". Avec la proposition de faire faire du bénévolat à des bénéficiaires du RSA, "entre 5 à 10h de leur temps pour remettre un pied à l'étrier".
"L'humain avant tout, avec les aînés par exemple, récompenser les collégiens qui travaillent bien", propose Laurent Raymondo chef de file de "Debout la France".
L'emploi reste la préoccupation majeure des citoyens dans ce territoire.
Ce département montagnard offre peu d'emplois dans le secteur industriel. Il y a, en revanche, une évolution progressive de la création d'emplois dans le commerce et les services. L'essentiel des offres d'emploi concerne l'animation socioculturelle et sportive, de l'hôtellerie, du nettoyage et de la restauration, avec des travailleurs saisonniers en majorité.