À Breil-sur-Roya, une centrale à béton proche des habitations crée des tensions avec les riverains

Pour faire face au chantier colossal de la reconstruction de la vallée, une centrale à béton a été installée sur la commune de Breil-sur-Roya. Certains riverains se plaignent d'une installation "illégale", de poussières et de nuisances sonores et environnementales. Une plainte a été déposée.

MAJ 08/10/2021 :
Le 2 septembre dernier, la DREAL a mené une inspection au sein de l'usine à béton de Breil-sur-Roya. Les services de l'Etat ont relevé une absence de mesures sonores que l'entreprise doit réaliser au sein des habitations voisines. Ils ont "donc mis en demeure par arrêté préfectoral, et dans un délai de 3 mois à compter de la notification de l'arrêté à la société VICAT, d'effectuer [c]es mesures". En dehors de ce point, la DREAL n'a rien trouvé à redire concernant "les caractéristiques de l'installation", les "mesure[s] de retombées de poussières" et le "niveau de bruit en limite de propriété".
Contactée, la société VICAT nous a répondu ceci par mail : "Nous n'avons pour l'instant pas reçu de mise en demeure de la préfecture. Pour autant, des travaux ont été réalisés depuis fin juillet et se poursuivent sur ce mois d'octobre pour diminuer le niveau de bruit : finalisation des travaux de bardage et remplacement de l'avertisseur de recul du chargeur par un modèle qui s'adapte au bruit environnant. Une nouvelle mesure de bruit sera bientôt réalisée et transmise à la DREAL pour vérification."

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Le long de l'avenue de l'Authion, elle se fait plutôt discrète visuellement, cachée par la végétation. Mais les habitants de cette rue de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) n'entendent qu'elle : une centrale à béton, installée derrière la gare pour approvisionner les travaux de reconstruction des routes.

Cette centrale occasionne des nuisances sonores -parfois très tôt le matin-, de la poussière et de la pollution, selon plusieurs riverains. Une vingtaine de familles serait concernée. Un groupe Facebook a été créé, rassemblant une centaine d'internautes, de même qu'une pétition. Sur les vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on entend une fois une sirène continue, une autre fois un bruit de machine...

"C'est infernal !", s'exclame cette riveraine, qui préfère garder l'anonymat. "Ce matin à 7h, en face de chez moi, c'était tout blanc de poussière ! Et l'après-midi, quand je veux un peu me reposer, c'est l'enfer !" Une autre personne poursuit : "le problème c'est le bruit. Je suis obligé de rester chez moi, fenêtres et volets fermés, jusque 19h".

Une construction légale ?

Cette centrale à béton, exploitée par l'entreprise iséroire Béton Vicat, les riverains ne l'ont pas vue venir. Pas de consultation, ni d'enquête publique. Dans un post sur les réseaux sociaux, le maire lui-même, Sébastien Olharan, assure que "la Mairie n'a reçu aucune demande, et par conséquent n'a de son côté accordé à ce jour aucune autorisation ni aucun permis de construire".

Rien d'anormal dans cette situation, répond la préfecture à France 3 Côte d'Azur.

Cette entreprise est une installation classée pour la protection de l’environnement. Elle est uniquement soumise à un dossier de déclaration (qui ne nécessite pas d'enquête publique). [...] La société Béton Vicat a déposé un dossier de déclaration aux services de l'Etat (preuve de dépôt délivrée le 01/07/2021).

Préfecture des Alpes-Maritimes

"L'exploitant conçoit et exploite son installation sous sa responsabilité dans le cadre des prescriptions générales applicables définies par arrêté ministériel", précise la Préfecture.

Problème : selon les riverains, cette centrale a commencé à fonctionner avant le 1er juillet. "C'est le premier souci : elle a été construite illégalement, on a les preuves", assure Olivier Seidlitz, un des riverains.

La centrale date de mars et fonctionne depuis juin. L'absence de règles, ça a choqué tout le monde dans le quartier !

Olivier Seidlitz, riverain

La préfecture indique qu'"une plainte a été reçue en Préfecture le 8 juillet et va faire l'objet d'un contrôle auprès de l'exploitant". Le site gouvernemental GéoRisques détaille : "l'exploitation d'une installation, sans avoir effectué de déclaration ou d'enregistrement préalable, ou obtenu l'autorisation obligatoire, rend l'exploitant passible d'amendes administratives et/ou pénales".

Contactée, la société Béton Vicat assure que "la centrale a été montée entre mai et juin 2021. Elle opère normalement depuis début juillet. [Nous avons été sollicités] par les entreprises de travaux publics pour installer une centrale à béton au plus près du chantier afin de pouvoir subvenir aux importants besoins en matériaux (le béton frais ne se stockant pas, il doit être produit en proximité)".

Réduire les nuisances

Quant à la question des nuisances, Béton Vicat reconnaît une situation d'urgence et promet de les réduire au maximum.

L'installation, mise en place rapidement compte tenu de l'urgence des travaux de reconstruction, sera finalisée dans les prochaines semaines, limitant ainsi considérablement les nuisances actuelles pour les riverains. Tout est mis en place pour que cette installation atteigne le niveau d'excellence des autres sites du groupe Vicat, qui s'attache depuis plus de 200 ans à s'intégrer de façon responsable dans son environnement.

Société Béton Vicat

Les ouvriers sont d'ailleurs en train de réaliser ces aménagements :

  • pose d'un bardage double peau acoustique et thermique sur l'installation et renforcement de celui sur la zone de chargement pour limiter le bruit pendant le chargement du béton dans les camions ;
  • modification et changement de plusieurs outils pour limiter le bruit ;
  • remplacement du klaxon de fin de chargement des camions par un avertisseur lumineux ;
  • l'ensemble des voies d'accès et de circulation va être ballasté pour limiter les poussières pendant le passage des camions sur notre site ;
  • réalisation d'un bassin pour recycler 100% des eaux utilisées.

"Je serai extrêmement vigilant pour que tout cela soit mis en oeuvre", promet Sébastien Olharan. "Je comprends parfaitement les riverains et je les soutiens."

Ces derniers ont également pointé du doigt la pollution d'un canal à proximité. "L'entreprise reconnaît quelques rejets, mais assure avoir nettoyé tout de suite. Elle fera en sorte que ça ne se reproduise pas et fera des analyses de l'eau du canal concerné", poursuit le maire.

"J'envisage de déménager"

Selon Béton Vicat, cette centrale est implantée "pour la durée du chantier et doi[t] être démont[ée] ensuite. Si besoin de pérenniser l'installation au-delà des travaux de reconstruction liés à la tempête Alex, alors Béton Vicat déposerait un permis de construire conformément à la loi."

En attendant, certains riverains sont à bout et disent que cette centrale aurait très bien pu se monter sur un autre terrain, davantage éloigné des habitations, sur la commune voisine de Fontan.

"Pour profiter de mes jours de congés, je suis obligé de partir de chez moi, c'est infernal !", continue Olivier Seidlitz, l'un des riverains breillois. "Je ne peux même plus recevoir du monde cet été. J'envisage de déménager."

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