Saint-Paul-de-Vence est l'un des hauts lieux de la pétanque sur la Côte d'Azur. Des cours y sont dispensés chaque semaine, notamment pour faire profiter les touristes étrangers de cette partie de l'art de vivre français et convoqué le passé de village perché sur les hauteurs.
Un soleil sans nuages, un terrain de pétanque au pied des remparts et un marché artisanal... C'est le décor façon carte postal que Saint-Paul-de-Vence offre ce mercredi 26 avril à ses visiteurs. Une ambiance typiquement provençale à laquelle bien des touristes viennent goûter, grâce à la pétanque, sur la place du jeu de boules.
"Pétanque is a feeling"
Quatre touristes allemands sont au rendez-vous ce matin-là pour découvrir ce jeu, à 11 heures, devant "Le Cercle". C'est le repère des adeptes de la boule en métal qui garde en ses murs, à l'intérieur, les vestiges d'un passé glorieux qui a été pendant plusieurs décennies marqué par ces parties de pétanque.
Olivier est leur formateur le temps d'un cours. Passionné par ce jeu, et habitant de la commune, il distille ses premiers conseils à ces deux couples venus en vacances. Cette initiation payante proposée par l'Office du tourisme est le cadeau fait à Reinhardt pour son anniversaire, par ses amis. Il faut compter 8,5 euros pour chaque participant, et la location des boules le temps d'y jouer.
Avant de commencer, on tire à pile ou face pour décider de qui va jeter le cochonnet et ainsi entamer la partie. Distance règlementaire et règles du jeu sont expliquées à ces nouveaux pratiquants. On passe ensuite aux mouvements. Le tout est expliqué en anglais.
Olivier leur explique qu'il faut éviter les gestes trop amples et de lancer avec trop de forces ces boules de métal. Le poignet est un peu raide, mais les premiers points sont rapidement disputés.
Ce loisir est aussi un art de vivre, une respiration, un moment proche du farniente. "Tranquille" répète le formateur français quand il sent que trop de force est donné lors des lancers.
"Pétanque is a feeling [...]. Just feel, and then go".
Olivier, passionné de pétanque
Ces conseils prodigués portent vite leurs fruits. Une boule colle rapidement au cochonnet, la partie devient rapidement disputée. Éclats de rires entre ces amis venus de l'autre côté du Rhin, qui n'hésitent pas à se chambrer quand un point est mal joué. Pas de doute, l'esprit de la pétanque est bien assimilée.
Un terrain propice, mais difficile
Certains des boulistes rencontrés à l'ombre des platanes ce mercredi n'hésitent pas à qualifier ce terrain comme étant "le plus difficile de la région". Et de commenter la partie des néophytes allemands, attablés au "Cercle". Giovanni, blouson et lunettes d'aviateur, est un joueur émérite, tous ses amis le disent. Il se rappelle des parties coriaces disputées contre Roland Magadane, l'humoriste habitué des lieux, qui "a autant d'humour sur un terrain de pétanque que sur scène".
Giovanni a vécu de longues années à Saint-Paul-de-Vence avant de déménager, mais ce retraité fringant continue d'y passer le plus clair de son temps.
J'ai joué toutes les après-midi ici pendant des années.
Giovanni, retraité et ancien habitant de Saint-Paul-de-Vence
Son ami qui garde un œil toujours sur la partie en cours, aimerait bien également conseiller les joueurs allemands : "Ils ne se mettent pas assez accroupi". Pas de doute, ce sont bien deux experts de ce jeu dont la création contemporaine remonte à 1907, à La Ciotat.
Le "pied-tanqué" deviendra, à l'usage, le mot pétanque. Une discipline désormais pratiquée dans le monde entier et qui réunit environ 300 000 licenciés.
Un passé rempli d'étoiles
Quand le passé du village de Saint-Paul-de-Vence avec ses habitantes et habitants, on pense à Prévert et surtout à la pétanque et à Yves Montand et à sa femme Simone Signoret. Ces deux superstars du cinéma français qui ont fait de cette localité azuréenne, l'une des destinations les plus prisées de l'après-guerre.
Montand était un passionné de la pétanque et du village azuréen. Il l'a même chanté. Il faut dire qu'il y rencontre Simone Signoret, qui deviendra sa femme, il s'y marie et multiplie les parties.
À l'intérieur du "Cercle", des photos le montrent en compagnie de Bertrand Blier, le sculpteur César - qui créera un derrière rebondi installé sur un mur du café de la place, entouré de rideau rouge. Un incontournable pour les perdants d'une partie qui échoue à marquer un seul point.
Sur ce mur plein d'étoiles du cinéma, on retrouve aussi Lino Ventura, une ribambelle de champions de France de la discipline, Marcello Mastroianni ou Jacques Audiard.
Des photos en noir et blanc qui montrent que les grandes heures de ce loisir sont peut-être passées, mais l'attrait pour la pétanque est loin de l'être. En tout cas, ce mercredi d'avril printanier, ce jeu aura marqué encore des points auprès de joueurs qui ont assuré qu'ils continueraient à y jouer. Jusque de l'autre côté du Rhin.