Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 février, un cambriolage a eu lieu au Secours populaire français, dans ses locaux à Antibes (Alpes-Maritimes). Une centaine d'euros ont été dérobés dans un coffre. Ce qui choque surtout les bénévoles, c'est que cet argent devait être distribué aux plus démunis.
Une vitre brisée, une armoire fracturée et un coffre dérobé. Une centaine d'euros ont été volés au sein des locaux du Secours populaire à Antibes, dans les Alpes-Maritimes :
Le jeudi 10 février, lorsque les bénévoles sont arrivés, ils ont constaté que la porte arrière était ouverte et que les bureaux avaient été mis à sac. Après la stupeur, ils ont contacté les services de police. Une plainte contre X a été déposée. "Comment imaginer que le Secours populaire pouvait être cambriolé ? Comment peut-on voler de l’argent pour les plus pauvres ?", déplore Jean Stellitano, le secrétaire général de l'association dans le département.
Même si les sommes dérobées n'étaient pas astronomiques, c'est surtout le geste qui suscite l'indignation. D'autant plus que cet argent avait été récolté après une distribution alimentaire auprès des SDF : "On leur demande, si ils le peuvent évidemment, une participation financière, ça permet à la personne de contribuer à la solidarité et de gagner en dignité."
L'argent est ensuite réutilisé pour acheter de la nourriture ou des vêtements, c'est "un cercle vertueux", selon les mots du secrétaire général de l'antenne des Alpes-Maritimes :
Chaque mois, nous devons dépenser 25 000 euros pour la nourriture.
Jean Stellitano, secrétaire général du Secours populaire 06
Ce sont des pièces d'un ou deux euros, ou encore des billets de cinq, qui ont été volés dans ce coffre. "C'est moche... c'est un peu le reflet de notre société", soupire, amer, Jean Stellitano.
Aucune caméra n'a pu filmer la scène, car le site n'en dispose pas, un choix pour le Secours populaire qui souhaite que les bénéficiaires se sentent à l'aise lorsqu'ils viennent demander de l'aide.
Des centaines de bénéficiaires
2 700 bénévoles au total dont 300 actifs chaque semaine, se relaient sur l'ensemble du département pour aider des centaines de personnes dans le besoin.
Selon l'association, ce sont majoritairement des familles monoparentales, des femmes et leurs enfants, qui demandent de l'aide. "Souvent les ex ne payent plus les pensions", souffle Jean Stellitano. Il y a aussi de plus en plus de seniors qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts avec l'inflation.
Le Secours populaire avait aussi beaucoup oeuvré pour les sinistrés suite à la tempête Alex, le chanteur Julien Doré s'était joint au mouvement :
Une situation difficile avec la crise sanitaire
Depuis deux ans, avec la crise sanitaire, les demandes d'aides se sont accentuées. Le Secours populaire fait face à un afflux de personnes en extrême pauvreté. Avec le Covid et l'arrêt du tourisme, toute une économie a été mise à terre dans la région PACA. Beaucoup de saisonniers et de vacataires ont commencé à venir demander de la nourriture auprès des associations.
Ce phénomène de pauvreté est particulièrement vrai dans les Alpes-Maritimes. Des personnes dorment dans leur voiture ou dans des caravanes.
Jean Stellitano
Le Secours populaire d'Antibes est une des plus grosses structures du département, avec celle de Nice. Les associations ont également dû répondre aux besoins des étudiants. Des épiceries solidaires ont été ouvertes sur les campus. La dernière en date, celle sur le campus de Cannes en janvier.
En 2021, le Secours populaire a enregistré un déficit de plusieurs centaines de millions d’euros. En cause, de nombreuses actions pour récolter de l'argent comme des braderies ou des vide-greniers n'ont pas eu lieu avec le Covid.
Malgré le cambriolage, qui rajoute une difficulté à l'association, les bénévoles conservent leur optimisme. L'antenne a tout de suite repris du service. "Nous n'allons pas arrêter nos actions, des personnes comptent sur nous", conclue Jean Stellitano.