L’invité de Dimanche en Politique cette semaine en Côte d’Azur est Jean Leonetti, maire d’Antibes Juan-les-Pins (LR). L'élu, qui a porté les deux dernières lois sur la fin de vie, sera notamment interviewé sur ce thème. Il réagira au témoignage d'un homme dont la femme a eu recours au suicide assisté en Suisse. Nous l'avons rencontré.
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Jean Leonetti, est l'invité cette semaine de Dimanche en Politique présenté par Henri Migout. Le maire d'Antibes Juan-les-Pins (LR) et Président de la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis (CASA) a présidé la mission parlementaire sur l’accompagnement de la fin de vie en 2004. Il est aussi l'auteur d'une première loi sur la fin de vie datant de 2005.
En France, aujourd'hui, la législation relative à la fin de vie est inscrite dans la loi Claeys-Leonetti. Ce texte, adopté en 2016, réaffirme l’accès aux soins palliatifs, interdit l’acharnement thérapeutique et permet aux mourants dont les douleurs seraient trop fortes de recevoir une « sédation profonde et continue (…) maintenue jusqu’au décès ».
Durant cette émission, nous diffuserons le témoignage de Bernard Terradura qui a accompagné son épouse Marie-Josée en Suisse pour un suicide assisté. Notre équipe Henri Migout et Séverine Neuquelman a pu le rencontrer chez lui avec Nicole Labbé, une amie de Marie-Josée. Ils nous parlent du choix libérateur de cette dernière, atteinte du maladie dégénérative incurable.
Un referendum sur la fin de vie
Cette semaine, Emmanuel Macron a annoncé lancer une convention citoyenne fin octobre, avec pour objectif un changement de la loi sur la fin de vie avant fin 2023, en passant par un référendum.
En Europe, plusieurs pays ont déjà légiféré sur la fin de vie. La Belgique autorise l'euthanasie. La Suisse, le suicide assisté. L'Espagne et le Portugal ont récemment dépénalisé l'euthanasie en cas de maladie incurable, et la Suède tolère l'euthanasie passive. Enfin, l'Italie et l'Allemagne sont en cours de réflexion sur le sujet.
Invité dans Dimanche en Politique ce 25 septembre, Jean Leonetti lui se dit contre.
"Nous, on a fait des lois pour des gens qui vont mourir, on n’a pas fait des lois pour des gens qui veulent mourir. Accompagner quelqu’un dans sa fin de vie, c’est ne pas l’abandonner. C’est empêcher qu’il ne souffre et ne pas s’acharner de façon thérapeutique. C’est lui permettre de faire des directives anticipées, de designer une personne de confiance s’il n’est pas en état de répondre. Et d’avoir en fait un volet dans lequel je ne t’abandonnerai pas, je ne te laisserai pas souffrir et je ne te prolongerai pas de manière anormale. Voilà les engagements de la loi. Après, si on fait une loi qui dit : je demande la mort et on me la donne, vous voyez bien qu’on est dans un autre registre. On sort du code civil et on a le code pénal. Parce que donner la mort, c’est évidemment un homicide" explique le maire d'Antibes.
Un débat avant le débat
Depuis des années les associations s'affrontent sur le sujet. Selon un sondage Ifop datant de juillet 2021, 82% des français seraient favorables à l'organisation d'un référendum sur la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie.
Longtemps opposé à la modification de la loi, le CCNE (Comité Consultatif National d'Ethique) sous la présidence de Jean-François Delfraissy se déclare désormais favorable à une reforme. "Est ce que notre mort nous appartient et est ce qu’on peut décider des conditions dans lesquelles éventuellement on souhaite avoir une aide à mourir? C’est le rôle du CCNE d’être une boussole pour à la fois nos citoyens et aussi les politiques pour essayer d’avancer sur un sujet aussi complexe".
Des propos qui ont rapidement fait réagir Jean Leonetti .
"Le CCNE, le comité d’éthique, a changé d’avis car on a changé les membres. Il n’y a pas une philosophie différente, il y a un simplement un nouveau président et de nouveaux membres qui sont favorables à la mort volontaire assumée par la collectivité.
Jean Leonetti.
"Il y a, selon lui, un problème de méthode. Il y aura une loi, qui changera la loi. On nous fait un débat, le président de la république, à deux reprises a dit qu’il était favorable à la loi belge et on nous dit : on va faire un débat pour changer la loi. Quand on fait un débat, on ne sait pas le résultat, et on fait confiance au peuple français. Je suis pour un débat sur la fin de vie."
L'ancien ministre précise que le président a l'air de considérer que le résultat est déjà acquis. "Si le débat ne vaut rien, je n'y participerai pas".
Améliorer les soins palliatifs
Comme Valérie Pillon, déléguée départementale de l'alliance VITA Alpes-Maritimes, Jean Leonetti ne voudrait pas que la mise en place du suicide assisté ou de l'euthanasie repousse une amélioration des soins palliatifs en France.
"En suisse en Belgique, dans les pays qui ont autorisé l’aide à la mort active, il y a 1 à 2% des personnes qui y ont recours. 98% des gens qui vont mourir d’une autre façon c’est-à-dire, sans qu’on leur donne la mort. Ces gens-là ils ont le droit à des soins palliatifs vous ne croyez pas ? Il y a un tiers des départements français dans lequel il n’y a même pas une structure de soin palliatif.
On continue à mal mourir en France parce qu’on est incapable d’accompagner les gens dans une démarche médicale assez consensuelle. Et au fond le débat sur l’euthanasie, c’est l’arbre qui cache la forêt du mal mourir en France. On doit dans ce pays mourir sans souffrance de manière apaisée, sereine, non abandonné et sans acharnement thérapeutique. Déjà cet objectif là si on arrivait à l’atteindre, on aurait réglé le problème de 98% des français."
Dimanche en Politique : le maire d'Antibes en face à face
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L’avenir de la CASA : une grande consultation est lancée à l’horizon 2040.
Emission enregistrée vendredi 23 septembre dans les conditions du direct.