Depuis quelques jours, les "Sabots de Vénus" sont de retour sur les plages des Alpes-Maritimes. Une arrivée précoce et en nombre. Cet étrange mollusque transparent intrigue les internautes sur les réseaux sociaux. Explications.
Comme de la dentelle de cristal posée sur des rochers du Cap d'Antibes ou les galets de Villeneuve-Loubet.
Un vestige de corps céleste ? Ou un objet magique ? Il s'agit en fait des "Sabots de Vénus" qui laissent autant leurs empreintes sur les plages que sur les réseaux sociaux.
Sur Facebook, le 31 janvier, Marie-Christine s'étonne : "aujourd’hui, c’est le premier matin que je vois les Sabots de Vénus (...) ils disparaissent au bout de quelques heures si on les enlève de la plage. Je trouve cela très joli et marrant."
Autre publication, dès le 27 janvier sur le Cap d'Antibes, Yacine s'interroge : "Je suis dans le Cap d'Antibes et nous avons vu cette chose magnifique, savez-vous ce que c’est ?"
Mais s'agit-il d'une arrivée précoce, liée au réchauffement de la Méditerranée ?
Dans la laisse de mer
L'année dernière, les "Sabots de Vénus" étaient arrivés en nombre au mois de mai. Normalement, on rencontre ce gastéropode (même famille que les escargots) près des côtes de l'océan Atlantique ou de la Méditerranée au printemps. Il est transporté par les courants et supporte des températures variant de 13 à 27 °C. Ce qui pourrait expliquer son arrivée dans une eau actuellement à 15 degrés maximum en Méditerranée.
Son échouage intervient souvent après de fortes rafales en mer. Ces glaçons sculptés dans des formes étranges se retrouvent alors dans la laisse de mer.
Du macroplancton gélatineux en forme de "papillon de mer"
La description scientifique se trouve sur le site Doris (Données d'Observations pour la Reconnaissance et l'Identification de la faune et la flore Subaquatique.)
Son petit nom latin est "Cymbulia peronii", il fait partie du macroplancton gélatineux. À l'âge adulte, il peut atteindre 6 cm de longueur. Son pied est surmonté de deux extensions en forme d'ailes, qui lui permettent de se déplacer, sans pour autant pouvoir lutter contre les courants marins. D'où son surnom de "papillon de mer."
À l'avant, la bouche est munie de deux tentacules ciliés à rôle sensoriel. L'animal renferme une petite masse viscérale de couleur orangée. Comme de nombreux organismes planctoniques, il est translucide et possède une teinte plus ou moins bleutée. Sa transparence constitue une forme de camouflage en milieu marin.
Et sur les réseaux sociaux, chaque année, la question se pose : de quoi s'agit-il ?
Une coquille transparente avec 5 crêtes dentelées
Au stade larvaire, on note la présence d'une coquille. Au cours du développement, elle laisse place à une structure cartilagineuse transparente. Celle-ci présente cinq crêtes dentelées qui lui donnent l'allure d'un sabot. C'est cette partie de l'animal, cette coquille perdue, que l'on appelle "Sabot de Vénus".
Une coquille, qui contrairement à sa cousine, la méduse, n'est pas urticante !
Il faut un peu de chance pour croiser les restes fragiles et cristallins de ce petit mollusque marin, échoué sur les rivages... Habituellement à une période plus chaude de l'année.