REPLAY. "J’ai été tellement pris par le cinéma que j’ai failli lâcher la peinture", la confidence de Fernand Léger prend forme au musée de Biot

Spectateur, décorateur, réalisateur, Fernand Léger s’est intéressé au cinéma. Au musée de Biot, une exposition explore ses liens avec le 7e art à travers des affiches, des photos, des décors et des projections de films. Une expérimentation artistique à voir dans PointCult'.

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 « J’ai été tellement pris par le cinéma que j’ai failli lâcher la peinture », confiait Fernand Léger à une amie en 1954, un an avant sa mort.

Le peintre cubiste s'est très tôt passionné pour cet art qui, à l'époque, n'en était pas encore un.

De Fernand Léger, on connaît ses aplats colorés, ses formes géométriques, ses cylindres, son trait noir épais, qui est devenu sa signature.

L'artiste s'intéressait à beaucoup de formes artistiques différentes. Il va découvrir que le cinéma permet d'animer la toile, plus vite et plus fort que tous les pinceaux. 

Effervescence artistique parisienne

Fils d’éleveurs, il naît en Normandie, à Argentan en 1881. Le jeune Fernand s'ennuie tellement à l'école, qu'il préfère caricaturer ses professeurs plutôt que d'écouter en classe.

Ses talents de dessinateur lui permettent de commencer une formation d’architecte. Mais l'attraction de la ville-lumière est plus forte !

Au début du 20ème siècle, à 19 ans, il découvre l’effervescence artistique parisienne. Il se tourne vers les arts décoratifs et prend des cours dans des académies de dessin.

A cette époque, les grands noms de la peinture vivent dans des ateliers parisiens, à Montparnasse, se fréquentent et connaissent les œuvres des uns et des autres. 

Cinéma au stade expérimental

L’exposition qui se tient du 11 juin au 19 septembre 2022 propose d’explorer les liens entre l’artiste et le cinéma.

Elle se tient à côté du mas provençal que Fernand Léger avait acheté à Biot, peu de temps avant sa mort.

Le 7e art est alors balbutiant, au stade expérimental.

Fernand Léger a découvert cet univers lors d’une permission pendant la 1ère guerre mondiale avec ses amis poètes Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars. Il pressent que ces « images en mouvement » incarnent la modernité et l’avenir.

Les décors du laboratoire d’un savant fou

Trois ans de recherche (années Covid comprises !) ont permis à Julie Guttierez, conservatrice du musée, de faire venir des objets, des affiches de film et des œuvres des musées nationaux.  

Pour bien comprendre ce cinéma expérimental, des projections ont aussi lieu dans les salles du musée.

Entre 1923 et 1925, Fernand Léger va participer à deux films : « L’Inhumaine » de Marcel Herbier et « Ballet Mécanique ».

Pour « l’Inhumaine », histoire d'une cantatrice empoisonnée, il réalise les décors futuristes du laboratoire d’un savant fou.

Dans cette installation, on reconnaît ses figures géométriques préférées

Danse hypnotique

« Ballet Mécanique » (1924), co-réalisé avec Dudley Murphy, est un film que Fernand Léger retravaillera jusqu'à la fin de sa vie.

C'est aussi une oeuvre collective. Le photographe Man Ray tient aussi la caméra, la muse des artistes Kiki de Montparnasse fait quelques apparitions. Son visage est fragmenté : ses yeux, son sourire. 

Pour la conservatrice, ce film de 16 minutes en noir et blanc, est un "ballet des objets du quotidien". Il est considéré comme un chef d’oeuvre du cinéma expérimental.

Léger s'amuse avec les formes, les objets sont déformés par la vitesse. Le manège, la balançoire, donnent une impression de danse hypnotique. 

"Robots musiciens"

La musique se devait d'être à la hauteur de ce film manifeste. Une musique mécanique ! 

Les réalisateurs passent commande auprès du compositeur américain George Antheil.

Par manque de coordination entre les différents créateurs de l'œuvre, la partition ne correspondit pas au film. Plus grave, à l’époque, le film a été projeté sans la musique. 

Mais le compositeur Georges Antheil était en retard, sa création était trop longue et aucun orchestre ne pouvait la jouer. Il avait prévu 16 pianos mécaniques, des percussions, des sonnettes électriques et des bruits d'hélices d'avion.

A l’occasion de cette exposition, Winfried Ritsch, un compositeur autrichien, s’est acharné à retrouver la version originale de Georges Antheil. Il présente son orchestre mécanique dans le musée.

Près d'un siècle plus tard, "le Ballet Mécanique" peut enfin être joué avec la partition originale.

Quand, au début, j’ai vu… la partition de 1924 à 1925 Et aussi sa partition originale, c’était évident et c’est ce qui est apparu, qu’il était impossible que ce soit joué par des êtres humains(…) Et donc je peux jouer ça, mais seulement avec mes robots musiciens que je construis tout le temps et que j’ai installés spécialement pour ce morceau.

Winfried Ritsch, compositeur autrichien, concepteur de l'orchestre mécanique

Près d'un siècle plus tard, "le Ballet Mécanique" peut enfin être joué avec la partition originale dans le musée Fernand Léger. 

Devant les mosaïques monumentales, les vitraux gigantesques et les peintures qui évoquent les machines et les usines du 20ème siècle, on comprend que Fernand Léger a toujours recherché la couleur, le mouvement.

En quête d'un art primaire, comme un instinct de vie. 

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Une émission présentée par Aline Métais à voir aussi tous les samedis à 19h15 sur France 3 Côte d'Azur.

  • Infos pratiques : 


    Musée national Fernand Léger
    255, chemin du Val de Pôme
    06410 Biot - Parking à l'extérieur du musée
    Tél : 04 93 53 87 20

    Horaires d'ouverture : 

    Tous les jours sauf les mardis, du 1er mai au 31 octobre de 10h à 18h

  • Attention : la buvette du musée est fermée.    

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