Difficile de marcher dans la rue, sans croiser de mégots. Une pollution plutôt discrète par sa taille, mais lourde par ses conséquences : un mégot pollue 500 litres d'eau.
À Vence dans les Alpes-Maritimes, croiser le Mégotator est devenu une habitude. Dominique Bouchard, retraité vençois, s'est donné pour mission de ramasser les mégots de cigarette dans les rues de sa ville. C'est armé d'une pince et de beaucoup de détermination qu'il officie.
"En un an, j'ai collecté 40 000 mégots, ça représente 20 millions de litres d'eau épargnés."
Dominique Bouchard, "Mégotator"
Chasseur de mégots
Lunettes jaunes sur le nez, casquette sur la tête, c'est d'un bon pas que Dominique assure sa mission. "Vous n'imaginez pas le plaisir que c'est et j'en profite pour faire mes courses en même temps."
Sur le trottoir, au pied des arbres, entre les planches d'une terrasse de restaurant, Dominique a les yeux partout pour traquer la moindre cigarette. L'homme s'arrête même pour expliquer ce qu'il fait, avec toujours un argument simple "Un mégot de cigarette, c'est 500 litres d'eau polluée. " Une dame attablée l'interpelle, "Merci pour ce que vous faites".
Sisyphe
À force, Dominique est bien connu des habitants. "Certains font davantage attention, sachant que Dominique ramasse les mégots, constate Stéphane, commerçants vençois. Mais il y a toujours des gens qui jettent par terre, il n'y a pas assez de cendrier dans la ville."
A chaque fois que le retraité sort, il trouve toujours autant de mégots à ramasser, tel un Sisyphe des temps modernes.
"Des Dominique, il en faudrait 10 à Vence et 10 dans chaque ville."
Stéphane, commerçant
"Pourtant, les gens sont informés maintenant, abonde Sophie. Dans ses manuels scolaires, ma fille voit les conséquences sur les poissons de la pollution." Pour Dominique, une seule solution : le cendrier de poche.
"C'est gagnant, gagnant"
Pour ramasser les mégots, l'équipement est simple, une pince, des bouteilles vides et un cabas. "Une fois la bouteille refermée, il n'y a plus d'odeur.", assure le retraité.
"On peut se passer de pétrole, on peut se passer de tout, mais pas d'eau : il faut la préserver à tout prix pour nos enfants."
Le "Mégotator"
"Je ne suis pas prêt de m'arrêter, prévient le retraité. Je n'ai jamais rien fait d'aussi efficace : vous prenez votre pince, vous ramassez un mégot, 500 litres d'eau sauvés." En plus, il l'assure, ça lui permet de garder la santé. "C'est bon pour la souplesse, faire des bonnes choses, c'est toujours gagnant, gagnant."
Pour la suite, Dominique aimerait que des contenants soient mis en place dans les mairies, pour que les cigarettes collectées par les volontaires soient déposées. Il rêve aussi de pouvoir aller dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes.