Confinement à l'hippodrome de Cagnes-sur-Mer : "on entraîne les chevaux pour le jour où ça va redémarrer"

Le confinement a rattrapé l'hippodrome de la Côte d'Azur à la sortie de son meeting d'hiver. Aujourd'hui le site fonctionne au ralenti, et le brouillard empêche toujours de voir clairement la reprise d'activité. Cette période ne sera pas sans conséquence pour la filière hippique. 

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C'était le 13 mars dernier. Après deux mois et demi de courses non-stop, l'Hippodrome de la Côte d'Azur concluait son meeting d'hiver en beauté, avec le Grand Prix de Vincennes. En beauté, mais à huis clos. L'épidémie de coronavirus arrivant, la direction avait pris la décision de tenir portes closes au public pour les dernières journées.

"C'était une bonne chose. Ces journées attirent habituellement beaucoup de monde" pense, avec le recul, Alain Le Tutour, le directeur de la Société des courses de la Côte d'Azur.

Quatre jours plus tard, le confinement était en place. Et l'hippodrome de Cagnes-sur-Mer s'est vidé, encore plus brusquement et radicalement que d'habitude.

120 chevaux présents à l'année, dont il faut s'occuper

Vide ? Non. Car si tous les galopeurs venus pour le meeting sont repartis dans leurs écuries aux quatre coins de France, une partie des trotteurs vivent à l'année dans l'enceinte de l'hippodrome. Une dizaine d'entraîneurs y sont sédentaires, et avec eux, entre 120 et 150 chevaux. 

Et les animaux se retrouvent eux-aussi confinés, en quelque sorte. Car depuis le 17 mars, toutes les courses sont suspendues dans l'Hexagone.

D'habitude, à cette saison, on se déplace de course en course, dans toute la France. Là, on est cloués sur place. On entraîne les chevaux, comme des cyclistes, pour le jour où ça va redémarrer.

explique Jean-Charles Ferron. Le représentant des entraîneurs de Cagnes-sur-Mer est lui-même à la tête d'une écurie de 12 trotteurs. "Au début du confinement, c'est vrai qu'on a un peu levé le pied sur les entraînements. Mais le temps passant, c'est reparti..."

Pour eux, les pistes de l'hippodrome sont entretenues, comme en temps normal. Et pourtant, l'entreprise tourne, comme beaucoup d'autres, au ralenti. 25 salariés ont été placés en chômage partiel, il en reste 6, ceux qui habitent sur place, pour maintenir sable et gazon en état.

Pas de courses, ça signifie pas de revenus pour la filière hippique

Si le confinement ne change pas grand chose dans l'organisation quotidienne des écuries de trotteurs, il pèse en revanche très lourd sur leurs finances.

Mis à part les éventuelles pensions versées par des propriétaires qui leur auraient confié des animaux, ces écuries vivent avant tout des revenus des courses : les paris hippiques. Depuis le 17 mars, cela signifie aucune rentrée d'argent de ce côté-là. 

"Les charges sont pourtant les mêmes !" remarque Jean-Charles Ferron. Pour lui, un mois de courses moyen représente environ 30 000 euros de chiffre d'affaires... Autant dire qu'il guette anxieusement la levée du confinement.

Pour l'hippodrome aussi, ce confinement est synonyme de pertes de recettes. La période des courses était de toute façon terminée, mais au printemps le site accueille habituellement toute une série d'autres manifestations : salon des vignerons, des camping-car, des animaux... certains ont été annulés, d'autres reportés à l'automne, ce qui devrait permettre de limiter la casse financière.

Une reprise des courses prévue en France le 11 mai... à huis clos

Le 11 mai, jour théorique du début du déconfinement, les courses devraient elles-aussi reprendre en France. C'est en tout cas la demande faite par les deux sociétés chargées de l'organisation des courses de chevaux en France, LeTROT et France Galop, auprès du Ministère de l'Agriculture.
Ce dernier s'est engagé à appuyer en ce sens, et a présenté des mesures de soutien financier pour aider la filière à passer cette période difficile :
Pour autant, tout ne sera pas réglé au 11 mars. "L'activité des hippodromes ne pourra pas redémarrer en un clin d'oeil", analyse Jean-Charles Ferron. Pour ses chevaux, le premier rendez-vous de courses serait le 13 mai à Marseille. "Mais pourrons-nous nous déplacer ? Serons-nous en zône verte ? Rouge ? Il y a encore beaucoup d'incertitudes. D'habitude, en mai, mes chevaux courrent 3 ou 4 jours par semaine. Là, je m'attends à un jour de course par semaine, au mieux".

Alain Le Tutour, le directeur de l'hippodrome, partage ces incertitudes quant à la reprise de l'activité : "devra-t-on courir par région ? On vit, en tout cas, dans l'espoir qu'il n'y aura pas de deuxième vague épidémique..."

Des craintes pour l'avenir des chevaux

A l'autre extrémité des 60 hectares de l'hippodrome, Ludyvine Crepeau s'occupe, elle-aussi, de ses chevaux. D'anciens champions. Ou des animaux qui n'en seront jamais. Elle est à la tête de l'association Coeur de Course. Elle offre une reconversion à des galopeurs qui ont quitté le champ de course.

Elle aussi a dû restreindre son personnel pour cause de confinement. "J'ai heureusement réussi à vendre 4 chevaux sur photo ou vidéo, à des clients qui m'ont fait confiance. Car l'accès à l'hippodrome leur est interdit, comme à toute personne extérieure." Elle en a également placé quelques-uns "à la campagne", dans le Var :A l'hippodrome, elle s'occupe quasiment seule des 5 autres chevaux restés sur place. "Mon mari s'est remis à monter pour m'aider, pour qu'ils ne restent pas enfermés dans leur box".

Ludyvine s'inquiète des effets insidieux de ces deux mois sans course pour les chevaux. "Certains entraîneurs vont vouloir remettre des chevaux sur la ligne de départ coûte que coûte, même s'ils sont moins entraînés."

Elle s'attend à une importante vague de réforme : "Ceux qui n'arriveront plus à assumer financièrement vont vouloir se débarrasser de leurs chevaux."

On voit déjà sur les réseaux sociaux des personnes qui cherchent des pur-sang à très bas prix... Le confinement va favoriser le marché parallèle.

A Cagnes-sur-Mer, un meeting d'été dès le 11 juillet ?

Pour tous, une reprise rapide des courses est donc vitale pour la filière. Pour l'heure, le directeur Alain Le Tutour le confirme, le meeting d'été devrait débuter autour du 11 juillet sur l'Hippodrome de la Côte d'Azur. "Pour l'instant !" précise-t-il.
erait-ce à huis-clos ? Réservé aux écuries de la région ? Trop d'incertitudes planent encore pour savoir quand précisemment le speclacle des courses sera à nouveau assuré face à la mer.

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