Propriétaires de chevaux confinés, une réserve s'organise pour soulager les soigneurs dans les centres équestres fermés

Depuis la mise en place du confinement, les clubs équestres sont fermés au public. Les propriétaires de chevaux en pension ne sont plus autorisés à venir s'en occuper. Le Comité Régional d'Equitation Sud organise une réserve de soigneurs pour soulager le personnel mobilisé si la crise doit durer.

Valériane De Souza commence sa journée avec son téléphone portable à la main. Chaque matin, la directrice des Ecuries DS a rendez-vous avec ses cavalières pour une Story. Histoire de rassurer les propriétaires de chevaux séparés de leurs "loulous".

"Oyé , Oyé, il n'a pas neigé, claironne-t-elle ce jeudi matin, avec une infatigable bonne humeur malgré le froid glacial. La dirigeante fait le tour des paddocks en filmant, elle donne des nouvelles de chacun et annonce le planning du jour de ses protégés. "Amber plat, Adage maréchalerie, Utopik repos, Tahor laché carrière"...

"En fait, je reçois 25 à 30 messages par story, et je trouve ça bien de garder le contact avec les enfants et les parents. On est une communauté, c'est important qu'on continue à se "voir". J'ai aussi prévu une ou deux activités par semaine avec des challenges à filmer," annonce la monitrice.

Confinés dans leur club pour s'occuper des chevaux

La jeune femme dirige cette petite structure familiale ouverte en 2016 et orientée compétition. Depuis le passage en stade 3, le club est fermé. Valérianne a décidé de se confiner sur place avec Daniel et leur fille Louise de 2 ans, ainsi que Morgane, la monitrice du club.

A elles deux, elles montent tous les chevaux pour qu'ils ne perdent pas leur condition physique. "Au début on en montait huit, neuf par jour et puis on s'est calmées, on en monte sept et on se réserve deux demi-journées de repos le mercredi et le dimanche."

"On essaie de garder l'activité en route parce qu'on a 85 chevaux sur la structure, dont 24 en pension travail, souligne Valérianne De Souza, on les monte pour qu'ils gardent des rythmes de travail parce qu'à un moment donné, on va reprendre la compétition et l'enraînement et c'est important pour leur mental. Même si on a la chance de les avoir dehors, ils ne sont pas faits pour rester statiques aussi longtemps."  

Depuis neuf jours, plus personne n’a accès au club en dehors du personnel. Seul Loïc, le palefrenier, peut venir travailler. Le petit groupe s’organise pour assurer toutes les charges, rentrer le foin, nettoyer les parcs, nourrir et soigner les chevaux. 7 jours sur 7.

"C'était plus dur la première semaine mais on a trouvé un rythme et depuis trois jours les chevaux sont géniaux, confesse Valérianne, qui s'inquiète surtut pour le manque à gagner lié à la suppression des cours.

"On a proposé à ceux qui le peuvent qu'on encaisse le chèque d'avril et qu'ils rattrappent les cours cet été, mais on comprend que certains sont aussi dans une impasse financière..."

Une réserve de soigneurs en cas d'urgence

Face au coronavirus qui continue de se propager, l’inquiétude est que les personnels ne tiennent pas le coup. "Si le personnel des centres équestres tombe malade et ne peut plus s’occuper des chevaux, on va vers une crise dans la crise", s’inquiète Franck David président du comité régional d’Equitation Sud.

"On espère que cela n’arrivera pas , mais on préfère anticiper, exlique-t-il. On a lancé un appel aux personnes qui auraient les compétences pour s’occuper des chevaux et qui seraient prêtes à se mettre sur une liste pour dépanner les dirigeants qui ont un personnel ou seraient malades eux-mêmes".Le CRE Sud a reçu 135 réponses en 24 h.

"L’objectif est d’avoir un annuaire de soigneurs à contacter tout de suite en cas d’urgence pour nourrir, amener les chevaux du box au paddock, voire leur donner un peu d’exercice à la longe et aussi nettoyer les écuries. Palefrenier ou enseignants d’équitation. A défaut, des cavaliers de niveau galop 6 ou 7." Ce renfort sera à la charge du dirigeant de club.

Plus de rentrées d'argent et toujours des charges

Tous les centres équestres sont logés à la même enseigne, mais certains pourraient avoir du mal à se relever de cette crise.

"C’est vrai qu’on va vers un véritable problème économique pour toutes ses structures d’enseignement, clubs et poneys clubs, reconnaît Franck David, parce qu’il n’y a plus aucune rentrée d’argent, alors que les charges continuent en personnel pour soigner les chevaux et surtout l’entretien avec la nourriture, foin et granulés et paille."

Toute la filière est aujourd’hui en grave difficulté et espère que cette crise sanitaire ne va pas durer.



 
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