Le SIC.Lab Méditerranée, laboratoire de recherche en sciences de l'information de l'Université Côte d'Azur, a organisé ce 16 novembre à Cannes une journée de conférences sur le traitement médiatique de la guerre en Ukraine.
Sur les pupitres de l'amphithéâtre du campus George Méliès de l'Université Côte d'Azur, les professeurs et leurs étudiants étaient assis côte à côte, ce jeudi 16 novembre.
Le SIC.Lab Méditerranée, laboratoire de recherche en sciences de l'information de l'université, organisait à Cannes une journée de conférences sur le traitement médiatique de la guerre en Ukraine.
Une vingtaine de chercheurs et journalistes étaient invités à la tribune, remettant sur le devant de la scène ce conflit, passé au second plan de l'attention médiatique depuis le regain de tension du conflit israélo-palestinien, en octobre dernier. "On pourrait penser que cette guerre est éclipsée par ce qui se passe aujourd'hui en Israël et à Gaza. Mais on se rend compte que c'est un conflit qui dure et qui mériterait qu'on s'y pense davantage", explique Nicolas Pelissier, professeur à l'Université Côte d'Azur et directeur du laboratoire organisateur.
Au menu de cette grande messe pour étudiants et chercheurs en communication, une série de discussions autour de l'importance des images dans ce conflit qui dure depuis février 2022 et l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.
"C'est un campus qui est dédié aux métiers de l'image, et on sait que, de plus en plus, les images de la guerre jouent un rôle très important."
Nicolas Pelissier, président du SIC.Lab Méditerranéeà France 3 Provence-Alpes-Côte-d'Azur
"Il y a une démultiplication des images. Et alors comment s'y retrouver, quand on est citoyen, dans ce brouillard des images ? Je crois que c'est le rôle de ce genre de manifestation de nous aider à nous repérer dans cette guerre et ce brouillard des images", avance Nicolas Pelissier.
"Mèmes" et guerre
La sociologue ukrainienne Oksana Nebot-Lychkovska, notamment, a profité de cette journée d'études pour présenter son étude de l'utilisation par les Ukrainiens des "mèmes", ces images parodiques massivement partagées et régulièrement détournées en ligne.
"Un humour vif et pétillant rempli les réseaux sociaux dans les périodes difficiles, par exemple dans les débuts de guerre", explique-t-elle. Ainsi, la rumeur d'une femme aillant abattu un drone russe en lui lançant un bocal de cornichons a donné lieu au partage massif d'un dessin parodique, un "mème" qui ironise sur la situation, parce que "l'humour est une arme de résistance", comme l'a explicité un autre intervenant, le chercheur en sciences de l'information Vitaly Buduchev.
"Dans la communication d'entreprise, l'utilisation d'un mème peut être très décrédibilisante" juge Inès, étudiante en dernière année de Master en information et communication.
Et c'est là tout son intérêt en situation de guerre : en Ukraine, les mèmes anti-Russie rejoignent la propagande de guerre. "Toutes les techniques sont utilisées pour avilir, décrédibiliser", explique Arnaud Mercier, professeur en sciences de l'information.
Son collègue Nicolas Pelissier renchérit : "la guerre, c'est pas simplement des armes en jeu, c'est aussi des récits : la télévision tue plus vite que les balles."