La défense d'Omar Raddad, jardinier marocain condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal en 1991 à Mougins dans les Alpes-Maritimes, va déposer ce jeudi 24 juin une nouvelle requête en révision de son procès sur la base de nouvelles analyses des traces d'ADN découvertes en 2015.
"Omar m'a tuer". Depuis maintenant 30 ans, ces mots sont à l'origine de multiples recherches et rebondissements. Ces mots formés en lettres de sang sont surtout ceux qui se trouvaient sur la scène d'un crime, celui de Ghislaine Marchal tuée en juin 1991 chez elle à Mougins dans les Alpes-Maritimes.
On apprend aujourd'hui qu'en novembre 2015, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène du crime.
Sur ces deux portes avait été écrit "Omar m'a tuer" (sic) et "Omar m'a t", avec le sang de la victime.
Il existe désormais quatre ADN que l'on a retrouvé avec le sang de la victime. L’un d'eux à matcher avec le ficher national des empreintes génétiques et une autre se retrouve à 35 reprises à l'endroit où sont inscrites les lettres de sang.
Gracié, mais pas blanchi
Ces analyses pourraient permettre d'inocenter Omar Raddad, gracié par Jacques Chirac, sorti de prison deux ans après sa condamnation, il n'a jamais été blanchi.
Ça fait 30 ans qu’il attend qu’on plaide son innocence. Porter cette culpabilité c’est un calvaire !
Sur quelle base ?
La demande de révision s'appuie sur les analyses ultérieures d'un expert, rendues en 2019 et dévoilées ce lundi 21 juin par le quotidien Le Monde. Ce rapport conclut à la présence d'une trentaine de traces d'un ADN complet masculin n'appartenant pas au jardinier et trouvées dans l'une des inscriptions faites avec le sang de la victime qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier.
L'expert Laurent Breniaux ayant dressé ce rapport, se prononce sur l'origine de cette trentaine de traces d'ADN et penche en faveur des "hypothèses de transfert primaire direct ou indirect au moment des faits". Autrement dit, l'ADN aurait été déposé potentiellement par l'auteur du message.
Ces nouvelles traces d'ADN avaient été comparées avec une liste de proches de Mme Marchal, comparaisons qui se sont révélées négatives. Ce rapport, dont l'existence était connue depuis 2019, mais pas son contenu, avait entraîné la poursuite des investigations au parquet de Nice, relancées en 2015, mais celles-ci n'ont pas abouti à ce jour.
L'avocate de l'ex-jardinier déposera sa requête jeudi au palais de justice de Paris en présence de l'académicien Jean Marie Rouart, auteur d'un livre sur cette affaire criminelle, l'une des plus célèbres en France, et de l'ancien député Georges Fenech, un des artisans de la réforme qui a assoupli en 2014 les conditions de révision d'une condamnation définitive, selon le communiqué.
Grâce aux éléments nouveaux découverts depuis la dernière décision de rejet de la Cour de révision" en 2002, "la vérité sur l'innocence d'Omar Raddad sera reconnue, c'est notre intime conviction
Les investigations concernant les recherches ADN dans l'affaire "Omar m'a tuer" étaient terminées selon le procureur de la République de Nice en 2018.
Ce que contestait alors sur notre antenne l'avocate du jardinier :
Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l'époque, Omar Raddad avait au total passé plus de sept ans ans en prison. Omar Raddad avait bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac et d'une libération conditionnelle en 1998 mais cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l'innocente pas.
Retour sur cette affaire en 2017 :
Ghislaine Marchal, la riche veuve d'un équipementier automobile, avait 65 ans quand elle a été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété le 23 juin 1991.
L'affaire a donné lieu à un film en 2011.
avec AFP