Ce que l'on sait sur le refus d'obtempérer qui a coûté la vie à un gendarme à Mougins

Éric Comyn, adjudant de gendarmerie, est mort dans la nuit de lundi à mardi pendant un contrôle routier à proximité de l'autoroute A8, sur la commune de Mougins. L'homme suspecté de l'avoir fauché après un refus d'obtempérer a été arrêté au petit matin à Cannes. Le point sur les dernières informations.

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L'homme suspecté d'avoir mortellement fauché un gendarme a été interpellé aux abords du commissariat de police de Cannes (Alpes-Maritimes) tôt ce mardi 27 août et placé en garde à vue. Il avait percuté un gendarme lors d'un contrôle routier à Mougins, à proximité de l'autoroute A8 dans la soirée.

Un adjudant mortellement percuté

Vers 20h35 ce lundi 26 août, Éric Comyn est violemment percuté par une voiture dont le conducteur refuse de s'arrêter à un contrôle de gendarmerie près de l'autoroute A8, sur l'avenue du Campon, entre Mougins et Cannes.

L'opération avait lieu sur une zone commerciale, "un lieu sécurisé", insiste Laurent Martin de Frémont, secrétaire départemental du syndicat Unité-SGP FO police 06. "Ce qu'il s'est passé est épouvantable. Très clairement il n'a pas répondu aux injonctions des agents. Et puis, dans un second temps, il accélère." Le délégué syndical s'appuie sur une vidéo de la collision.

L'adjudant est décédé sur le coup, malgré les tentatives de réanimation des secours, pendant plus d'une demi-heure. S'ensuivent plusieurs heures de traque, pendant lesquelles les forces de l'ordre ont déployé des moyens pour localiser le suspect en fuite.

Traque nocturne

Gérald Darmanin indique chez nos confrères de BFMTV qu'il avait été géolocalisé : "depuis trois heures du matin, il y avait un encerclement du site, puisqu'il avait été géolocalisé grâce à la téléphonie, notamment. Il y avait des hélicoptères qui quadrillaient avec une centaine de gendarmes le terrain, les communes aux alentours. De ce que je comprends, il allait se rendre à la brigade de gendarmerie", conclut-il.

Laurent Martin de Fremont précise "une pression importante a été mise sur cet homme par le dispositif suffisant et maîtrisé mis en place, mais aussi par sa famille". C'est accompagné de celle-ci qu'il s'est présenté aux abords du commissariat avant d'être arrêté, indique une autre source policière.

Le suspect connu pour des délits routiers

L'homme de 39 ans est désormais entendu sur les faits pour lesquels il est mis en cause. Il a commis par le passé "de nombreux délits routiers, dont des refus d'obtempérer", selon le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, toujours sur BFMTV.

"Son casier judiciaire fait mention de 10 condamnations, principalement pour des atteintes aux personnes et des infractions à la circulation routière" souligne le ministère public. 

Son permis valide, l'homme n'avait pas de problématique d'autorisation de séjour sur le territoire français. "Il s’avérait positif au dépistage d’alcoolémie" affirme le parquet de Grasse, sans préciser à quel taux le trentenaire a été contrôlé lors de son arrestation. Le délégué syndical affirme que le suspect était déjà connu pour des conduites sous l'emprise d'alcool. Aucune consommation de stupéfiant n'est connue pour l'instant.

Une minute de silence et une autopsie

Âgé de 54 ans, Éric Comyn était père de deux enfants, de 12 et 16 ans. Il était engagé dans les forces de l'ordre depuis plus de 30 ans.

Un hommage à l'homme décédé aura lieu dans "tous les commissariats et gendarmeries", détaille Laurent Alcaraz, délégué du syndicat de police Alliance, à travers une minute de silence. Comme c'est le cas lorsqu'un membre des forces de l'ordre décède dans le cadre de sa mission.

L'autopsie de son corps devrait être réalisée rapidement, ce qui donnera notamment des informations sur la vitesse potentielle à laquelle roulait le conducteur au moment où il a percuté de quinquagénaire. 

Enquête confiée à la gendarmerie nationale

L'enquête s'enclenche donc pour comprendre tous les paramètres de cet homicide. Elle est confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie nationale.

"Les suites des investigations détermineront cela avec exactitude mais, pour l'instant, il semble qu'il n'y ait pas de traces de freinage au sol, le conducteur n'a visiblement pas cherché à éviter le gendarme", affirme Laurent Alcaraz.

Ce n'est plus un chauffard ni un délinquant, mais un criminel !

Laurent Alcaraz, syndicat de police Alliance

à France 3 Côte d'Azur

"Il n'y a pas eu de volonté de s'arrêter de l'individu puisqu'il a pris la fuite par la suite", expliquait ce lundi soir le Lieutenant-colonel Guillaume Plaidy, commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Cannes. Sur place, quatre gendarmes étaient mobilisés pour ce contrôle routier.

La voiture que conduisait l'homme placé en garde à vue a été, quant à elle, récupérée. Il a été "retrouvé dans un box situé sur la commune de Vallauris" indique le parquet de Grasse dans un communiqué. "Ce dernier présentait des traces de ripage sur le capot" poursuit le ministère public. "Elle aussi va faire l'objet d'une fouille minutieuse, les traces et indices vont être examinés, la voiture pourra peut-être elle aussi parler" estime Laurent Martin de Frémont.

Réactions politiques et drapeaux en berne

"On a le sentiment, nous, policiers, que c'est nous qui aurions pu être ce gendarme. Parce que des contrôles routiers, on en mène très régulièrement", poursuit-il. Après le décès d'Éric Comyn, de nombreuses réactions et hommages ont été publiés sur les réseaux sociaux.

"Notre ville a perdu l'un des siens", affirme Sebastien Leroy, le maire de Mandelieu-la-Napoule. Les drapeaux sont en berne dans la commune.

Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, a lui aussi réagi : "nous pleurons, une fois de plus, un de nos camarades qui a payé de sa vie son engagement pour la sécurité de tous".

Risques judiciaires pour un délit de fuite

"En France, il y a un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes" affirme Laurent Alcaraz. Ce délit est puni de deux ans d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende”.

Les peines sont plus lourdes lorsque ce délit est commis dans des circonstances qui exposent directement les forces de l’ordre à “un risque de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente”, précise le site internet de LégiFrance. Les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 100.000 euros d'amende.

Le syndicat de police Alliance appelle à un durcissement des condamnations pour ce genre de faits. Laurent Alcaraz souhaite des peines plancher et la "fin des classements sans suite”.

Les premiers éléments diffusés par le parquet de Grasse indiquent que le trentenaire est mis en cause pour "meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique". Les faits revêtent, dans ce cas, un caractère criminel.

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