Par gestes ou avec chuchoteur... Comment les élèves de CP de Cannes apprennent à lire et à écrire à l'époque du Covid

Ils étaient en grande section de maternelle au confinement de mars 2020 ou en milieu de CP. Toute une génération d'élèves doit s'adapter au défi sanitaire, apprendre à lire, écrire et compter avec le masque sur le nez. Pour éviter de décrocher. Exemple à l'école Maurice Alice de Cannes.

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A 6 ans, ils connaissent tous les mots : confinement, virus et Covid. Mais sauront-ils les épeler ou les écrire correctement ? C’était l’angoisse des parents à la rentrée de septembre. Après 2 à 4 mois sans école, sans apprentissage quotidien, comment les enfants allaient-ils pouvoir renouer avec l’école ? Avaient-ils décroché ?

Dans un premier temps, oui. Les enseignants s’y attendaient et ils ont fait le même constat, validé par les évaluations de l’Education Nationale en CP et en CE1 : les élèves avaient un retard dans les connaissances normalement acquises à ce niveau-là. Les enfants ont été évalués en mathématiques et en français, à des jours différents pour ne pas enchaîner les exercices.

Les résultats ont été communiqués aux familles. Généralement, les parents ont été reçus par les instituteurs. Un retard qui est encore plus criant pour les élèves déjà en difficulté ou issus de milieu défavorisé.

Retards dans les apprentissages

D’après Gwladys Chalmé, institutrice de CP à Cannes dans  l'école Maurice Alice en REP (Réseau d’Education Prioritaire) : « le confinement a creusé les écarts ». Or, ces retards dans l’apprentissage des bases en français et en mathématiques, principalement en lecture et en écriture, sont particulièrement dangereux pour la suite de la scolarité.

Même si tous les élèves ne lisent pas encore aussi vite que la maîtresse, dans cette école, les élèves ont progressé. 

"Travailler les bases"

Comment faire pour rattraper ce retard ? D’abord, il a fallu remettre les enfants au travail, les habituer à nouveau à se comporter comme des élèves. Ensuite, il n’y a pas de secret : il a fallu travailler. Et surtout : « travailler les bases, les fondamentaux, lecture, écriture, compréhension orale, calcul, problème », ajoute l'institutrice.

Bref, là où les retards étaient les plus importants et les plus graves. Les savoirs intermédiaires, considérés comme secondaires, ont été délaissés au profit des mathématiques et du français.

Pas plus de 15 élèves 

Les effectifs dédoublés, pas plus de 15 élèves par classe en CP et en CE1, ont aussi permis de faire du cas par cas, de laisser les enfants aller à leur rythme sans les perdre en cours de route. Par exemple, pour ceux qui ne lisent encore que des syllabes en milieu de CP, Gwladys Chalmé donne un autre travail lorsqu’il faut lire un texte en classe. Des jeux de rôle sont aussi organisés dans la classe pour rendre l’apprentissage du français plus ludique.

Chaque élève est aussi équipé d’un ‘chuchoteur’, un petit tube en plastique gris, qui ressemble aux anciens combinés téléphoniques. Cet outil permet de s’entendre lire un texte, reconnaître sa voix et parfois ses fautes.

Mais le principal écueil dans les apprentissages, c’est le masque.

Peu d’enseignants bénéficient de ces masques qui permettent de voir la prononciation de la maîtresse. Ils devaient arriver dans les classes… A Cannes, on ne les a jamais reçus.

Masques transparents plus coûteux

Pourtant, début septembre, l'Éducation nationale avait commandé plusieurs centaines de milliers de masques transparents pour les professeurs des écoles maternelles. Des masques destinés en priorité aux professeurs qui ont des élèves sourds dans leurs classes ou autistes. Leur usage devait se généraliser. Mais dans les faits, les enseignants attendent toujours ces masques transparents plus coûteux que les masques en tissu, 10 euros en moyenne.

A travers le masque 

Résultat : les élèves, tous masqués, doivent apprendre les diphtongues, les sons des consonnes et des voyelles en passant par des gestes. C’est la méthode ‘Pilotis’. A chaque lettre, chaque phonème, correspond un geste. Pour cela, il faut regarder les gestes de la maîtresse. Et surtout, il faut que règne le silence pour que chaque mot, qu’il soit articulé par l’institutrice ou par un élève, passe à travers le masque.

Récréations séparées

Cette ‘génération d’élèves Covid’ doit donc apprendre de manière différente. Porter le masque, avoir des récréations séparées des autres niveaux, mettre du gel avant et après la sortie de la classe.

En janvier, les mêmes élèves ont été à nouveau évalués du 18 au 29 janvier pour 691 écoles et 24.000 élèves de l’Académie de Nice. Il s’agissait de faire un point d’étape en milieu d’année scolaire pour mesurer l’évolution des acquis des élèves dans certains domaines de la lecture, de l’écriture et de la numération.

Mots inconnus

Des séquences d'exercices courts, pas plus de 10 minutes. Les élèves devaient par exemple décoder des mots inconnus, reconnaitre des mots fréquents, lire à voix haute avec fluidité.

En mathématiques, ils devaient  utiliser des nombres entiers pour dénombrer, ordonner, comparer, résoudre des problèmes en utilisant des nombres entiers et le calcul.

La résolution de problèmes

D’après leurs résultats, les élèves auraient rattrapé leur retard. Même si il reste des progrès à faire. D'après les données de l'Education nationale, en français, en lecture à voix haute, à mi-CP un peu moins de 6% des élèves ne sont pas entrés dans la lecture. En mathématiques, la résolution de problèmes reste difficile : 40 % des élèves n’en ont pas encore une maîtrise satisfaisante. 

L'ambiance des cours n'est (plus) à la compétition. A chaque réponse, le professeur félicite l'élève ou encourage celui qui s'est trompé. Le but n'est pas d'arriver premier mais d'y arriver tous ensemble. Même si les sourires sont dissimulés sous les masques. 

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