L'auteur de Nice, Didier van Cauwelaert a annoncé vouloir payer l’amende d'une librairie à Cannes dans les Alpes-Maritimes. La gérante de celle-ci a décidé de rester ouverte malgré l’interdiction. D'autres écrivains suivent le "mouvement" pour défendre l'accès à la culture.
L’écrivain niçois a décidé de mettre sa notoriété au service des petits libraires.
A Cannes, la librairie « Autour du livre » a fait parler d’elle avec sa décision d’ouvrir malgré l’interdiction.
Didier van Cauwelaert encourage cette initiative et propose de payer l'amende. "Je la connais depuis quinze ans", explique-t-il, "alors quand elle m'a expliqué que si elle n'ouvrait pas, elle mettait la clef sous la porte, je me suis mobilisé."
L'auteur demande (comme de nombreux acteurs du monde culturel et le Syndicat de la librairie française) l'ouverture des bibliothèques et des librairies.La BBC a appelé la libraire, rendez-vous compte.. C’est «Ici Londres » qui recommence !
Pour lui, le cas de cette libraire cannoise est symbolique : "c'est un scandale, on ne peut pas se concentrer uniquement sur les chiffres des contaminations, il faut prendre en compte l'état moral et économique des Français. Empêcher l'accès à la culture nous fait penser à de la censure et pour le pays des Lumières c'est inconcevable. A l'étranger cette mesure fait réagir les média. Rendez-vous compte, même la BBC a appelé Florence (la libraire cannoise)."
Une librairie, un auteur
Sa prise de position a été remarquée par d'autres auteurs qui rejoignent le "mouvement".Ainsi Alexandre Jardin (l'auteur du livre Le Zèbre) annonce qu'il paiera, lui aussi, une amende si un libraire vient à se faire verbaliser. Il a salué sur son compte Twitter l'action de son ami niçois :
Merveilleux élan de mon ami Didier qui me parlait de la joie de dire non à la connerie ! Joie pure ! Joie partagée !
Faire vivre les auteurs
Didier van Cauwelaert explique : "les librairies indépendantes font vivre les auteurs. C'est grâce à eux que beaucoup se font connaitre, à nous de les défendre aujourd'hui. Nous allons donc nous mobiliser et ce sera une librairie pour un auteur. J'ai commencé mais d'autres suivent comme Alexandre Jardin ou Franz-Olivier Giesbert."En faisant mes courses... À quel moment sort-on de la folie ? Comment a-t-on pu laisser des bureaucrates décider de ce qui est de première nécessité ? pic.twitter.com/uVw3mBJCyT
— Alexandre Jardin (@AlexandreJardin) November 14, 2020
L’écrivain s’est engagé pour défendre la culture qui est, selon lui, mal menée, avec ce nouveau confinement. Il est notamment l’auteur d’une lettre ouverte au Président de la République. Il détaillait alors ses arguments en faveur de l’ouverture des lieux culturels tels que les librairies : « Les étagères de livres sont-elles vraiment plus dangereuses pour le consommateur que les rayons fromage et cosmétique ? N'est-il pas « essentiel » de sauver notre culture, sa diversité, le lien social qu'elle assure, le rempart qu'elle constitue contre l'illettrisme et la pensée unique qui font le lit des fanatismes assassins ? »
N'attendez pas qu'il soit trop tard, sinon la « troisième vague » sera un tsunami populaire qui vous emportera.
Le Goncourt 1994, enjoint le Président a changer sa politique en matière de gestion de la crise sanitaire.
"Si nous fermons, nous liquidons en fin d'année"
Loin d'être un coup de "buzz", c'est un coup de sang justifié pour la libraire résistante. Nous avions rencontré, Florence Kammermann, la gérante de la librairie « Autour du livre » au début du nouveau confinement.Elle avait pris la décision de rester ouverte lorsqu'elle a appris que les rayons livres de la FNAC, étaient toujours accessibles.
Depuis, le gouvernement a aussi fermé les rayons livres des grandes surfaces.
Cette décision "d'équité" n'est pas du goût des libraires qui auraient préféré ouvrir avec un protocole strict.
A quelques semaines de Noël et des achats de cadeaux, le "click & collect" n'est pas suffisant pour réaliser le chiffre d'affaires espéré.
Une situation jugée "situation ubuesque et injuste" par le maire Les Républicains de Cannes, David Lisnard :
La police nationale contre une librairie, ce n’est pas possible. Par évidence culturelle, par évidence tout court, aussi parce que la police a mieux à faire et que nous réclamons son intervention ailleurs. Chère @R_Bachelot il faut sortir de cette situation ubuesque et injuste.
— David Lisnard (@davidlisnard) November 13, 2020
Elle doit bientôt recevoir l'amende. La gérante a saisi la justice par le biais de son avocate. Elle souhaite déposer un référé liberté pour tenter d'obtenir l'ouverture des librairies.
Soutien du public
Les auteurs se mobilisent, mais les lecteurs aussi, ainsi le "click & collect", bien qu'insuffisant, est utilisé par de nombreux clients. Une plateforme a aussi été mise en place pour regrouper les librairies en fonction des secteurs géographiques. Ils y sont déjà plus de 800 référencés.Le Syndicat de la Librairie Française (SLF) a expliqué a ses adhérents que le chiffre d'affaires généré pendant cette période au moyen du "click & collect" ne serait pas comptabilisé pour le calcul du seuil donnant droit aux aides.