Tous les ans, les salariés employés par l'organisation du Festival de Cannes sont reçus autour d'un pot d'accueil. Cette année, en accord avec la direction, le collectif "Sous les écrans la dèche" en a profité pour exposer ses revendications. Ses membres prévoient de perturber le déroulement du festival s'il n'est pas entendu par les pouvoirs publics.
La vidéo dure quelques secondes, on y devine l'intérieur du Palais des Festivals, où sont réunis tous les salariés employés par l'organisation, pour le festival et le marché du film. Hôtesses d'accueil, projectionnistes, graphistes, attaché(e)s de presse, chargé(e)s de communication, régisseurs : tous étaient conviés au traditionnel pot d'accueil organisé avant le lancement du festival. D'après Jean-Charles Canu, attaché de presse pour la Quinzaine des cinéastes et membre de "Sous les écrans la dèche", la direction a autorisé le collectif à prendre la parole.
Quelqu'un a demandé à la direction s'il était possible d'installer une petite table pour distribuer des badges et des autocollants. Ca a été accepté. On a aussi demandé à prendre la parole, et nous avons pu le faire (...) Ca n'est pas un mouvement contre le Festival de Cannes.
Jean-Charles Canu, membre du collectif "Sous les écrans la dèche"
L'un des membres du collectif a alors rappelé les raisons du combat mené par ces employés qui travaillent spécifiquement dans les festivals de cinéma. Depuis 2003, ils ont perdu le statut d'intermittents du spectacle pour passer au régime général des salariés. Après une première réforme de l'assurance-chomage en 2021, leurs indemnités ont été sensiblement diminuées. Ils craignent d'être encore plus précarisés par la nouvelle réforme qui doit être appliquée par décret en juillet prochain.
De festival en festival, nous avons pris la parole pour alerter. Pour rien (...).Puisque nous ne sommes pas entendus, nous faisons cet appel à la grève pendant le Festival de Cannes parce qu'il y a urgence.
Jean-Charles Canu, membre du collectif "Sous les écrans la dèche"
L'an passé, la réalisatrice Justine Triet, qui avait obtenu la palme d'or, arborait déjà le fameux badge du collectif :
Dans un communiqué commun publié en début de semaine, les organisateurs se sont dit "prêts à mettre en place des conditions de dialogue pérennes pour accompagner [ces travailleurs]".
Le Festival de Cannes, la Quinzaine des Cinéastes, la Semaine de la Critique et l'ACID tiennent à souligner qu'ils sont conscients des difficultés que rencontrent certains de leurs personnels.
Communiqué commun
Les organisateurs cannois préconisent "de rassembler autour de la table l'ensemble des festivals concernés, les institutions et les partenaires sociaux".
Cet appel à la grève, rarissime, ne remet pas en cause l'ouverture ou la tenue du festival lui-même, a précisé le collectif. Mais cette grève pourrait "perturber l'événement". Jusqu'à maintenant, une seule édition a été compromise par un mouvement social : le 21ᵉ Festival de Cannes, écourté par les événements de mai 1968.