En première instance, la justice avait écarté tout manquement du laboratoire Merck dans le lancement de la nouvelle formule du Levothyrox, médicament por la thyroïde. La cour d'appel de Lyon a estimé qu'il y avait un déficit d'information pour les patients.
Pour la présidente azuréenne d' "Alerte thyroïde", Anne-Catherine Colin-Chauley, elle aussi patiente et contrainte de prendre du Levothyrox, la condamnation du laboratoire Merck pour défaut d'information est presque anecdotique.
Son association "Alerte Thyroïde" a été créée en 2017 après avoir constaté les effets secondaires de la nouvelle formule.
Ce jeudi 25 juin, la cour d'appel de Lyon a rendu son délibéré. Le procès avait eu lieu en janvier dernier.
Déboutés en première instance, 3 329 personnes avaient fait appel du jugement du tribunal d'instance, et ils reprochaient au laboratoire allemand Merck de ne pas avoir assez communiqué sur le changement de formule du médicament opéré en 2017.
Le Levothyrox est prescrit à près de 2,5 millions de personnes en France, pour palier les dysfonctionnement de la thyroïde.
Il y a bien eu une faute
Cette fois, les juges ont estimé qu'il y avait bien eu une faute. Le laboratoire devra verser 1000 euros à chacun des plaignants pour préjudice moral. Le laboratoire a déjà fait savoir qu'il porterait le dossier devant la Cour de Cassation.
1 000 euros, ce n'est pas ce que l'on veut, ce qui nous importe, c'est le retour de l'ancienne formule !
En France, 2.000 plaintes ont été enregistrées depuis la mise en vente de cette nouvelle formule (400 dans les Alpes-Maritimes) et Anne-Catherine Colin-Chauley est le porte-parole de ce combat.
Elle rappelle qu'en France, deux laboratoires seulement fabriquent l'ancienne formule, à Bourgoin-Jaillieu, en Isère et dans le département du Loiret, près d'Orléans. Mais elle est destinée à l'Italie et au Maroc. On trouve encore l'ancienne formule du Lévothyrox dans les pharmacies françaises, mais plus pour longtemps.
L'importation de l'ancienne formule en France s'arrête dès le 1er septembre 2020 suite à une décision de l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzin, et on veut imposer la nouvelle formule sur tout le territoire européen.
Anne-Catherine Colin-Chauley rappelle que plusieurs procédures sont en cours. L'une d'elles consiste à demander à la justice l'annulation du brevet de la nouvelle formule, et la relocalisation de la fabrication de l'ancienne formule en France pour les patients du pays. Pour l'instant, ils s'approvisonnent encore dans les pharmacies, mais plus pour longtemps, si la justice ne lui donne pas raison.
"Le Levothyrox, on est obligé d'en prendre, c'est un médicament à vie, sinon, on meurt", conclut-elle au téléphone.