Lilian Thuram invité du Festival du livre de Mouans-Sartoux : "L’égalité ne se donne pas, elle se gagne"

Footballeur bien sûr, écrivain aussi et surtout chantre depuis quelques années de la lutte contre le racisme. Lilian Thuram est l'invité du 31e Festival du livre de Mouans-Sartoux ce week-end. Nous l'avions rencontré lors d'une précédente édition, retour sur cette interview.

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Têtes blondes et blanches, public nombreux, varié, bigarré. Mais ne parlez pas de couleurs à Lilian Thuram. Pour lui, les races n’existent pas. Il aime à rappeler qu’il est devenu noir à l’âge de 9 ans, quand ses camarades d’école le comparaient à la Noireaude, cette vache un peu idiote qui amusait les enfants à la télévision dans les années 80.

« On devient noir dans le regard des autres ». Des phrases chocs, des idées tranchées pour le créateur de la Fondation Education contre le racisme en 2008 et auteur de « Mes étoiles noires » en 2010. L’ancien sportif publiait alors son « Manifeste pour l’égalité »
 

Ce « Manifeste pour l’égalité », c’est une forme d’autobiographie pour vous ?

En fait, c’est la maison d'édition « Autrement » qui propose le projet à une personnalité. Celle-ci peut ensuite inviter des auteurs* autour d’un thème et là, c’était l'égalité. L’idée était de montrer que toutes les inégalités sont des constructions politiques. Elles ont une histoire qu’il faut prendre le temps de connaître pour justement essayer de voir comment on peut construire une société qui serait le plus juste possible.

On parle de changement, c’est le moment selon vous, de faire bouger sur ce sujet ?

C’est malheureusement toujours le cas. Il faudra dans les siècles à venir, réfléchir à la notion d’égalité car encore une fois il y a des courants inégalitaires. Donc, il faut lutter pour rendre la société plus juste...
Par exemple, si aujourd’hui vous êtes là en train de m’interviewer c’est parce qu’il y a des personnes il n’y a pas si longtemps qui ont lutté pour mettre sur le même pied d’égalité les hommes et les femmes. Il faut se rappeler que les femmes ont eut le droit de vote simplement en 1944 en France. C’est important que les jeunes générations le savent. L’égalité ne donne pas, elle se gagne.
Dans mon histoire personnelle, c’est exactement la même chose. Je me rappelle que mon grand-père est né en 1908, c'est-à-dire 60 ans après l’abolition de l’esclavage donc, si je suis qui je suis, c’est grâce à des gens qui depuis très longtemps ont lutté.
Il faut très rapidement inculquer cette façon de penser aux jeunes enfants.

Pour parlez plus d’égalité que de racisme, c’est une évolution positive de votre discours ?

Si vous voulez, dénoncer le racisme; c’est lutter pour l’égalité. C’est la même chose ! Dénoncer le sexisme, c’est lutter pour l’égalité. Dénoncer l’homophobie, c’est réfléchir à l’égalité. Je pense que tous ces phénomènes, pour les personnes qui sont discriminées, sont un traitement inégalitaire…Dénoncer les pays défavorisées, c’est exactement la même chose.

Il ne faut pas jouer sur les mots dans ces domaines ?

Non, on a souvent tendance à séparer, à ne pas montrer le lien, mais le lien, c’est l’égalité. Le mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis, c’était pour l’égalité.

*Au fil des chapitres, Liliam Thuram donne ainsi la parole à l’avocate Caroline Mécary sur l’homophobie, au neurobiologiste Jean-Didier Vincent et à l’historien des religions Odon Vallet. Il ouvre ses feuilles à Plantu ou engage encore un dialogue avec l’anthropologue Françoise Héritier sur l’égalité des sexes...
 
Ses publications, sa fondation, ses engagements...
 

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