Contesté par de nombreux élus locaux, le projet d'installation d'une "île flottante" dans la baie de la Napoule, à Mandelieu, préoccupe jusqu'au gouvernement. Christophe Béchu a écrit à Renaud Muselier pour l'assurer de la vigilance des services de l'État.
Le projet présenté comme un conte de fées - "Imaginez un îlot insaisissable, qui n’existe sur aucune carte et se déplace au gré des désirs de ses occupants" écrivent ses promoteurs - est-il en train de virer au naufrage ?
Ce vendredi, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a répondu au président du conseil régional Paca Renaud Muselier pour lui assurer qu'il partageait son inquiétude concernant ce projet événementiel, un trimaran géant devant s'ancrer en baie de la Napoule, face à Mandelieu (Alpes-Maritimes) durant toute la saison d'été.
Mes services, pleinement mobilisés pour la protection de l'environnement marin, sont très attentifs à ce dossier. Ce projet suscite une circonspection à laquelle je souscris. Le gouvernement s'est clairement positionné défavorablement au développement dans la mer territoriale d'activités commerciales privées.
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique
Le projet est largement contesté localement. Le 13 mars, Renaud Muselier estimait que "dans la plus belle région du monde, où le critère climat-biodiversité est une règle d’or, on doit refuser cette aberration écologique au plus vite !"
Le 21 mars, "le dossier de la plateforme flottante « Canua Island » a été présenté en conseil d’adjoints de la municipalité de Cannes qui, à l’unanimité de ses membres, a émis un avis défavorable, envoyé à l’État (décisionnaire), à l’implantation de ce type d’installation au large du littoral de Cannes".
Pour le maire de Théoule-sur-Mer, Georges Bottella, "pour tous les amoureux de notre baie, ce positionnement du Gouvernement est important et constitue une avancée très positive" écrit-il ce vendredi.
Canua Island pourrait accueillir 400 personnes sur "une plage" de 500 m², un restaurant, un bar, une piscine, une suite VIP. Un petit paradis flottant pour ses promoteurs, qui visent une clientèle aisée.
"On estime que 50 % de nos clients viendront avec leur propre bateau. Les autres, on ira les chercher à terre", exposait le 27 février dernier Marc Audineau à France 3 Côte d'Azur.
Pour cet ancien skipper, "le lieu est magnifique et les fonds sont sableux, donc quand on jette l'ancre, on n'abîme pas la flore." Le navire devrait être amarré à un "coffre" qui doit être installé spécialement.
Le ministre assure "l'ensemble des acteurs locaux seront appelés à s'exprimer et à faire leurs observations" à l'occasion de l'instruction du dossier d'installation de ce coffre d'amarrage.