Cet été, une octogénaire avait été agressée devant chez elle pour lui soutirer une dizaine d'euros. Une scène filmée par une caméra de vidéosurveillance. Trois mineurs comparaissaient, à huis clos, ce mercredi devant le tribunal pour enfants de Grasse.

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"Je suis angoissée, je ne suis pas bien. Ça me tracasse." Quand elle arrive au tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes), on sent Angèle Houin fatiguée et encore choquée de l'agression qu'elle a subi cet été.

Quand je rentre chez moi, je suis obligé de faire un tour et de me faire accompagner. Ca m’empêche de dormir.

Angèle Houin

Le 29 août dernier, la caméra d’une résidence de Cannes La Bocca (Alpes-Maritimes) avait capturé une scène d'une rare violence. À l’image, on voit l'octogénaire suivie par un premier jeune qui soudain la frappe violemment à la tête. La victime perd connaissance et tombe, inanimée, au sol.

Un deuxième surgit pour venir lui dérober une dizaine d’euros dans son sac. Un troisième semble filmer l’action avec son téléphone. La vidéo avait fait le tour des réseaux sociaux.

"Je ne les ai jamais vus"

La victime, retrouvée par le gardien d’immeuble, est hospitalisée pendant une semaine pour des contusions et de multiples fractures. Les agresseurs, quant à eux, sont interpellés. Âgés de 14 ans, ils comparaissaient ce mercredi 30 novembre devant le tribunal pour enfants de Grasse pour une audience d’examen de culpabilité.

Les trois mineurs, placés en centre éducatif fermé, étaient présents au tribunal. "Je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus", dira-t-elle à son arrivée au tribunal.

Deux coupables et une relaxe

À l'issue de cette audience qui s'est déroulée à huis clos, le mineur qui l'a frappé celui qui lui a volé son sac ont été reconnus coupables et maintenus dans un centre éducatif fermé. Celui qui a filmé la scène a été relaxé. Concernant ce dernier, le parquet a interjeté appel de cette décision.

L'objectif de cette audience était de déterminer s'ils devaient rester en centre éducatif fermé ou à domicile avec surveillance électronique, ainsi que le montant financier du préjudice subi. "Quoi qu’il arrive, j’entends demander une interdiction d’entrer en contact avec ma cliente", avait affirmé avant l'audience Jawed Dani, l'avocat de l'octogénaire.

La sanction finale sera prononcée lors d'une nouvelle audience le 28 juin 2023.

Une audience à huis clos

"Si les mineurs sont déclarés coupables des faits qui leur sont reprochés, la juridiction ordonnera l’ouverture d’une période de mise à l’épreuve éducative et statuera sur les mesures auxquelles les mineurs sont soumis durant cette période", explique Anne-Laure Ragu, cheffe de cabinet du procureur de la République. Une décision qui sera prise à huis clos.

Le tribunal pour enfants renverra ensuite le prononcé de la sanction à une audience ultérieure dans un délai compris entre 6 et 9 mois après la déclaration de culpabilité.

Anne-Laure Ragu, cheffe de cabinet du procureur de la République

La classe politique en émoi

Cet été, les images de l’agression ont été partagées sur les réseaux sociaux par une centaine de personnes. L’affaire avait suscitée de vives réactions parmi la classe politique. "Si c'était ma mère...c'est peut-être moi qui serais en prison", avait déclaré David Lisnard, maire (LR) de Cannes, qui sous-entendait qu’il aurait pu faire justice lui-même.

Il avait également écrit au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en demandant notamment une interdiction de séjour des agresseurs présumés et la levée de l'excuse de minorité.

Le député (LR), Éric Ciotti, avait, quant à lui, interpellé le ministre de la Justice en demandant "l'ouverture d'un centre éducatif fermé dans les Alpes-Maritimes". Le député (RN) Bryan Masson avait également réagi : "Je crains que la justice ne soit aussi lâche que ces trois racailles de 14 ans".

Les peines encourues par les mineurs

Les deux mineurs soupçonnés d'être les auteurs des coups et du vol sont poursuivis pour vol avec la circonstance aggravante des violences. Ils encourent cinq ans d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.

Quant au troisième qui filmait les faits, la complicité de violences a été retenue contre lui. Lui encourt 2,5 ans d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.

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