Menés par David Lisnard, 5 000 maires ont amputé leur écharpe tricolore avec un tissu noir le temps d'une photo commune, au Congrès qui les réunit à Paris, ce mardi. Un signe de contestation face aux restrictions budgétaires qui les frappent.
Le ton est donné au 106ᵉ Congrès des maires, à Paris.
Le maire de Cannes, mais aussi président de l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard avait prévenu, il risquait d'être celui de la colère. Cela n'a pas manqué.
Peu après midi, ce mardi 19 novembre, au moins 5 000 élus, de plus ou moins grandes villes et communes, se sont rassemblés au pavillon cinq du parc des expositions de la Porte de Versailles pour prendre une photo tous ensemble.
Rien de plus banal, si ce n'est que tous ont troqué leur traditionnelle écharpe tricolore pour un bandeau noir.
"J'avais annoncé que si on continuait année après année à être méprisés, les prochains Gilets jaunes seraient en écharpe tricolore. Aujourd'hui, nos écharpes tricolores sont recouvertes de noir pour montrer que la mort des communes serait également la fin de l'État et la fin de la nation", a ainsi indiqué le maire de Cannes, président de l'AMF, entouré d'édiles venant de différentes familles politiques.
Pour un retrait des coupes budgétaires
En effet, le congrès s'est ouvert ce mardi matin alors même que les élus ne décolèrent pas face à l'ampleur des coupes budgétaires demandées par le gouvernement aux collectivités. Concrètement, le budget 2025 de l'État exige cinq milliards d’euros d’économies de la part des collectivités locales.
Les maires de France endossent l'écharpe noire #lesMairesHeureusement ©ArnaudFévrierpourl’AMF pic.twitter.com/u9rbEzTQPu
— AMF | Association des maires de France (@l_amf) November 19, 2024
Cela représente 12,5 % de l'effort global d'économies de dépenses, tandis que les collectivités représentent 20 % de la dépense publique, a indiqué une source gouvernementale à FranceInfo.
"Ce qu'on espère, c'est que ces mesures soient retirées, parce que non seulement elles sont injustes, mais elles contribueraient à la chute de l'investissement public local", a déclaré Antoine Homé, co-président de la commission finances de l'AMF, à l'AFP.
L'annonce de Monsieur Barnier a été très brutale !
Daniel Alberti, maire de La Brigue dans les Alpes-Maritimes.à France 3 Côte d'Azur.
Daniel Alberti, maire de la petite commune de La Brigue dans les Alpes-Maritimes, ne s'est pas rendu à ce congrès parisien, mais assure comprendre le mécontentement de ses homologues : "L'annonce de Monsieur Barnier a été très brutale. En tant que maire d'un petit village de 700 habitants, je me sens moins touché parce que je ne fais pas de gros investissements. Toutefois, je comprends que ça puisse faire mal à d'autres".
L'édile se montre tout de même inquiet quant aux répercussions concrètes de cette coupe sur son budget de fonctionnement. "Il est de l'ordre d'environ 1,2 million par an. Et, je pense que ces restrictions vont me retirer près de 50 000 euros… C'est beaucoup", calcule-t-il.
Daniel Alberti ne se dit pas contre l'idée de faire un effort budgétaire, mais il demande un "petit geste" de la part de l'État. "On aimerait être entendu. S'ils pouvaient au moins diviser cette réduction par deux, ce serait bien et ça montrerait qu'ils nous écoutent", estime-t-il.
Michel Barnier attendu jeudi
Puis, la colère des élus est également animée par un ras-le-bol "bureaucratique" et par un désaccord sur les questions de sécurité. Une animosité à laquelle devrait faire face le premier ministre ce jeudi 21 novembre, en clôture du Congrès.
En entrant dans le chaudron, Michel Barnier devra donc répondre à la frustration et aux inquiétudes de ces maires de France. D’ici là, le locataire de Matignon multiplie les échanges avec les présidents d’associations d’élus.
(Avec AFP)